Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a organisé une marche de protestation contre le drame de Yirgou-Foulbè, le samedi 12 janvier 2019 à Ouagadougou. Elle a rallié plusieurs organisations de la société civile et communautés, des associations de non-violence et la paix pour réclamer justice.
La marche organisée par le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), le samedi 12 janvier 2019, s’est effectuée sur un circuit fermé : place de la Nation-Cathédrale-avenue Kwamé-N’krumah-Rond-point des Nations-unies-place de la Nation. Les marcheurs reprenaient, régulièrement, en chœur, les slogans « Non à la stigmatisation » et « Plus jamais ça ». Ils sont membres de plusieurs associations et Organisations de la société civile (OSC) à soutenir le CISC, initiateur de la marche, à la suite des évènements de Yirgou qui ont visé la communauté peulhe. Pour les marcheurs, il ne s’agit pas de défendre leurs parents, mais tout simplement, de dénoncer une pratique et interpeller l’autorité pour que cela ne se reproduise plus.
Les pancartes et T-shirts portaient des messages de dénonciation. Sur ceux de l’Organisation des peuples africains (OPA), il y est écrit : « Je suis Peulh, Mossi, Lobi, … Je suis simplement Burkinabè et j’ai droit à la vie ». Karim Diallo tenait, dans la foule, un flyer estampillé « Communauté bobo ». Bien qu’étant peulh, il précise : « Je suis à cette marche, pas pour les Peulhs, ni contre les Mossi ». Il est sorti, avoue-t-il, pour participer à une marche citoyenne et dire aux uns et aux autres qu’il faut se tolérer. « Aujourd’hui, le Burkina a 100 ans. Les efforts que nos devanciers ont fourni pour rétablir la Haute Volta d’alors doivent nous amener à nous surpasser », a-t-il précisé. Au retour des manifestants, c’est l’hymne national qui a ouvert une suite d’allocutions pour interpeller, condamner et appeler à l’union.
« Anéantir les Koglwéogo »
Issouf Sawadogo dit Oskimo attire l’attention des Burkinabè qui, selon lui, veulent tomber dans le piège des terroristes. Malgré la soixantaine d’ethnies que compte le pays, il croit que les Burkinabè ont simplement un même père et une même mère. « Ce qui est arrivé à nos parents, c’est tous les Burkinabè qui sont touchés.
Nous dénonçons cela et nous disons plus jamais ça », ajoute Yacouba Sanou qui se présente comme le chef des Peulhs au Burkina Faso. Le porte-parole du CISC, Dr Daouda Diallo, est revenu sur les évènements, rappelant au passage qu’il y a eu 70 morts et plus de 6 000 déplacés. Il a parlé de plusieurs biens détruits ou emportés et la détention d’animaux. Toutefois, Dr Diallo a salué la démarche fraternelle d’une vieille femme de l’ethnie moaga. Cette dernière, selon lui, aurait sauvé la vie d’un Peulh assoiffé qui cherchait de l’eau et que des jeunes voulaient lyncher. Quant à l’avocat des victimes, Me Ambroise Farama, il estime que Yirgou a tout simplement été une horreur. Il a également mentionné l’œuvre charitable de familles mossi qui ont accueilli plus de 230 Peulhs en danger au temps fort de la crise.
Il invite les autorités à donner les moyens au Tribunal de grande instance (TGI) de Kaya pour mener les enquêtes et arrêter les auteurs et commanditaires. « Il faut aussi accompagner, dit-il, les témoins et les victimes parce que nous avons des craintes que des témoins disparaissent au fur et à mesure ». Me Farama demande la sécurisation de tous les moyens qui peuvent participer à la manifestation de la vérité. A propos des Koglwéogo, il est formel : « C’est un groupe d’autodéfense hors-la-loi qu’il faut anéantir ». Ce fut le même réquisitoire du député Aziz Diallo, le vendredi 11 janvier 2019. Une autre marche de protestation est prévue le 19 janvier prochain à Bobo-Dioulasso.
Tielmè Innocent
KAMBIRE