La plateforme des Organisations de la société civile (OSC) sur le budget a présenté une analyse citoyenne du budget 2021 de l’Etat burkinabè, le vendredi 18 décembre 2020, à Ouagadougou.
La plateforme des Organisations de la société civile (OSC) sur le budget veut s’assurer de la pertinence des allocations budgétaires. A cet effet, elle a effectué, sous la houlette du Centre d’Etude et de recherche sur les finances publiques (CERA-FP), une analyse citoyenne du budget 2021 de l’Etat burkinabè, du 16 au 18 décembre 2020, à Ouagadougou.
Le budget de l’Etat, gestion 2021, se chiffre en recettes à 2 110, 974 milliards FCFA et en dépenses à 2 651,774 milliards FCFA, avec un déficit budgétaire de 540,8 milliards FCFA. La plateforme des OSC trouve ce déficit élevé et déplore que son financement n’ait pas été précisé dans la loi de finances. «Nous proposons au gouvernement de contracter, dans la mesure du possible, dans le cadre de la loi de finances rectificative, certaines dépenses non prioritaires, ou au demeurant, préciser davantage les sources de financements de ce déficit qui n’apparaissent pas dans le texte de loi de finances. Alors que la loi organique relative aux lois de finances au Burkina Faso indique clairement qu’il faut décrire avec précision les modalités et les mécanismes de financement du déficit budgétaire », a souligné le secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Douanio.
La part des recettes propres en hausse
L’analyse note avec satisfaction la prédominance dans le budget 2021 de la part des recettes propres qui est de 85,25%, contre 14,75% de recettes extraordinaires, constituées de dons projets et de dons programmes. Il ressort également que les recettes fiscales représentent 88% des recettes propres et sont constituées principalement d’impôts sur les sociétés et de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
« La TVA qui a un taux unique représente plus de 50% des recettes propres. Nous préconisons que dans le cadre d’une justice fiscale, que l’on définisse des taux progressifs en distinguant les biens de luxe et les produits de première nécessité, afin de permettre une accessibilité plus aisée des populations à ces biens de première nécessité », a suggéré M. Douanio.
Sur les 2 651 milliards FCFA de dépenses budgétaires, 66% sont consacrées aux dépenses courantes contre
« seulement » 33% pour les dépenses d’investissement. «Les recettes propres allouées aux investissement s’élèvent à 24 milliards F CFA, soit un taux de couverture des dépenses d’investissement par les ressources propres de 2%. Cela veut dire que le reste des investissements sera couvert par des ressources extérieures, soit des subventions ou des prêts », a fait savoir le secrétaire exécutif de CERA-FP.
Les OSC invitent le gouvernement, non seulement, à travailler à augmenter la part des recettes propres consacrées aux investissements, mais aussi, à rehausser le taux d’investissement afin de créer un environnement économique favorable aux activités des populations.
Faible couverture des investissements sociaux
Au niveau des secteurs sociaux, le budget 2021 y consacre 42% des ressources. Seulement, déplore la plateforme des OSC, les investissements concernant ces secteurs ne représentent que 23% des dépenses totales de ces secteurs. Au niveau de l’éducation et de la santé, les investissements représentent respectivement 5% et 15% des dépenses desdits secteurs. « Ce sont des taux relativement faibles qui ne permettront pas d’assurer l’offre éducative et de santé nécessaire pour répondre aux besoins des populations. Nous recommandons que l’on inverse la tendance, en priorisant les dépenses d’investissement par rapport aux dépenses courantes», a indiqué Hermann Douanio.
Les OSC ne sont également pas satisfaites de la part du budget allouée à la protection sociale, dans un contexte d’insécurité, avec son lot de déplacés internes. Selon elles, les 41 milliards F CFA réservés à la protection sociale, soit 1,6% des dépenses totales, sont insuffisants pour prendre en charge les besoins spécifiques des déplacés internes en termes de santé, d’éducation et d’alimentation. Par contre, la plateforme s’est dit satisfaite des 16,71% des prévisions du budget 2021 affectées à la sécurité et à la défense.
« Nous demandons au gouvernement d’avoir un regard sur la gestion de ces ressources afin de réaliser des résultats tangibles et permettre au pays de retrouver sa quiétude, sa stabilité et la paix nécessaires à tout développement économique et social », a conclu M. Douanio.
Mahamadi SEBOGO
Windmad76@gmail.com