La ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Marie Laurence Ilboudo, a animé une conférence de presse, le lundi 19 août 2019 à Ouagadougou, pour faire le bilan de l’assistance aux personnes déplacées internes et lancer officiellement le plan d’urgence révisé.
A l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire célébrée chaque 19 août, la ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Marie Laurence IlBoudo, a fait le point des déplacés internes et du plan d’urgence 2019 du Burkina Faso. C’était au cours d’une conférence de presse animée, le lundi 19 août 2019, à Ouagadougou. A ses dires, en fin décembre 2018, l’on dénombrait 41 326 personnes déplacées internes reparties principalement dans les régions du Sahel, du Nord et du Centre-Nord. Ce nombre, a-t-elle indiqué, a pratiquement doublé en début d’année 2019 (87 000 déplacés). « La multiplicité et la récurrence des attaques terroristes à partir de janvier 2019 ont entraîné une crise sécuritaire sans précédent et des affrontements intercommunautaires », a expliqué la ministre. D’où le lancement du plan d’urgence du Burkina Faso en février passé pour faire face à la situation. En termes de bilan des interventions du gouvernement et de ses partenaires humanitaires, Mme Ilboudo a fait savoir que 225 882 personnes déplacées ont reçu une assistance alimentaire, 35 000 personnes ont bénéficié de tentes familiales, de cash transfert pour les abris… A cela s’ajoutent, entre autres, la prise en charge de 37 699 enfants âgés de 6 à 59 mois souffrant de malnutrition aiguë sévère, l’offre d’une éducation formelle et informelle à 12 372 enfants, la délivrance de 2 000 extraits d’acte de naissance et 5000 cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB).
« Nonobstant ces actions, nous faisons face à une crise humanitaire qui peine à se résorber pour plusieurs raisons », a fait savoir la ministre. Elle a cité notamment le nombre accru de personnes déplacées internes qui est passé de 87 000 en janvier à 270 776 à la date du 16 août 2019. « Toutes les treize régions accueillent désormais des déplacés internes, et celles du Sahel et du Centre-Nord cumulent, à elles seules, 88,21% des déplacés ». En plus, elle a fait cas des réfugiés maliens estimés à 25 000 personnes sur le territoire, dont 93% dépendent entièrement de l’aide humanitaire. « Il y a aussi le fait que de nombreux paysans ne pourront pas accéder à leur champ ni produire en cette saison agricole à cause de l’insécurité. En plus, 17 715 retournés et demandeurs d’asile ont été également enregistrés dont plus de 5 mille expulsés de la forêt classée de la Léraba en République de Côte d’Ivoire et 120 000 venus du Mali à la suite du conflit entre Dogons et Peulhs », a-t-elle souligné. A l’entendre, dans l’optique de rectifier le tir en prenant en compte l’accroissement des besoins et la durée de la résolution de la crise en cours, le plan d’urgence a été révisé sur la base de l’approche « humanitaire-développement-paix ». Et les objectifs stratégiques dudit plan sont d’assurer une réponse humanitaire adéquate aux personnes en situation de déplacement liées aux incidents sécuritaires et aux personnes affectées par la situation sécuritaire. Ce plan permettra, en outre, d’assurer la protection internationale et la recherche de solutions durables aux réfugiés, de renforcer l’assistance alimentaire, agro-sylvo-pastorale et de protéger les moyens d’existence des populations affectées par les crises alimentaires ; etc. Selon la ministre, le budget du plan révisé est estimé à 187 millions de dollars et prévoit prendre en charge environ 1 million 200 personnes. Elle a informé que l’Etat et ses partenaires n’ont pu mobiliser que 55,1 millions de dollars sur les 187. « Au regard de l’intérêt que revêt ce plan d’urgence pour le Burkina Faso en ces moments », la ministre a lancé un appel pressant à la solidarité nationale et internationale pour sa mise en œuvre. Combien de sites conventionnés abritent ces déplacés internes ? Est-ce que le ministère prend en compte les sites dits « non conventionnés » ? « Nous avons deux sites au Sahel (à Kelbo et Djibo) et deux autres au Centre-Nord. En plus de cela, deux sites sont en construction pour désengorger les écoles afin de libérer les salles de classe pour la rentrée scolaire prochaine », a-t-elle répondu. Pour ce qui concerne les sites dits non conventionnés, la ministre a indiqué que le plan d’urgence prend en compte aussi bien des déplacés que les personnes vulnérables et les familles d’accueil de ces déplacés. A l’en croire, le gouvernement priorise d’ailleurs ces types d’actions car cela permet aux déplacés de rester en famille, ce qui est même meilleur pour la psychologie des déplacés. « Que ceux qui arriveront à détecter ces genres de sites nous fassent signe pour qu’on puisse prendre ces personnes en charge car il peut arriver que nous ne soyons pas au courant de l’existence d’un site non conventionné ou famille d’accueil », a interpellé la ministre.
Kadi RABO