Gouvernance au Bénin :« La rigueur est de retour », Wilfried Léandre Houngbédji, Porte-parole du gouvernement

Le Secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement du Bénin, Wilfried Léandre Houngbédji, a accordé un entretien de plus de deux heures à Sidwaya, le samedi 31 juillet 2021 à Cotonou. Le journaliste-écrivain revient sur les réformes menées dans tous les domaines par le président, Patrice Talon, pour développer le pays.

Le Bénin est un pays qui avance, sous le leadership du président, Patrice Talon, contrairement aux informations « pas toujours vérifiées » véhiculées par certains médias dans la sous-région. C’est en substance, le message que le Secrétaire général adjoint (SGA) et porte-parole du gouvernement du Bénin, Wilfried Léandre Houngbédji, en poste depuis mai dernier, a voulu faire passer, au cours de l’entretien accordé à Sidwaya, le samedi 31 juillet, à Cotonou, la capitale économique. Pour étayer ses propos, celui qui assure parallèlement les fonctions du directeur de la communication présidentielle a égrené les réformes engagées par le chef de l’Etat, Patrice Talon, depuis son arrivée au pouvoir en 2016, en vue de rendre « plus résiliente » la démocratie béninoise et améliorer la gouvernance. Ces réformes devraient se poursuivre d’ailleurs, jusqu’en 2026, date à laquelle, le locataire du Palais de la Marina, réélu en avril dernier avec 86% des voix, achèvera son second mandat.  Sur la question des réformes politiques, vivement critiquées par l’opposition, M. Houngbédji a indiqué qu’elles sont consignées dans la Constitution, révisée en novembre 2019 à l’Assemblée nationale, suite au dialogue politique, tenu un mois plutôt. La loi fondamentale« quasi intouchable » dans ce pays attaché aux principes démocratiques, n’avait pas été modifiée depuis 1990.  Entre  autres innovations, le Porte-Parole du gouvernement a évoqué la limitation des mandats présidentiels à deux, une meilleure représentativité des femmes dans les sphères de décision, l’abolition de la peine de mort et les nouvelles dispositions dans la création de partis politiques ( passage du nombre de membres fondateurs de 120 à 1 555) et l’obligation désormais faite aux candidats à la magistrature suprême de justifier de 16 parrainages de députés ou de maires.

 Des réformes pour renforcer la démocratie

Pour le SGA du gouvernement, ces innovations ne visent pas à « tuer » la démocratie, comme le prétendent certains opposants qui voient en Talon un « dictateur », mais à la « tonifier ».  « Avant le dialogue politique de 2019, il y avait 278 partis politiques.  C’est trop !  Aucun parti n’a réussi dans l’histoire du Bénin à conquérir le pouvoir d’Etat tout seul, à part les sièges de députés et de maires obtenus.  Il fallait revoir la loi dans la perspective d’avoir désormais des partis forts (…)», a soutenu M. Houngbédji. Selon lui, ceux, qui prêtent une « dérive autoritaire » au président Talon, n’ont pas compris sa vision pour le pays.  « Ce n’est pas de la dictature. Le président Talon a entrepris des réformes audacieuses pour le bien du pays.  La rigueur est de retour dans la gouvernance au Bénin, ce qu’on n’avait pas pu observer sous le régime de Yayi Boni», a affirmé le porte-parole du gouvernement. Il a également répondu à ceux qui accusent le Bénin de disposer d’un Parlement « monocolore », en indiquant que c’est le résultat du « boycott » des législatives de 2019 par l’opposition.  Pour M. Houngbédji, la rigueur appliquée par le chef de l’Etat dans la gestion des affaires publiques passe aussi par un assainissement des finances publiques, la lutte contre le népotisme et la corruption, une plus grande indépendance de la justice…. Pour illustrer les efforts consentis pour la bonne gestion des deniers publics, le porte-parole du gouvernement a cité, parmi tant d’autres, la réduction du coût des voyages officiels  qui est passé de  15 milliards F CFA en 2015 à 3 milliards F CFA en 2021  et des missions diplomatiques au fonctionnement « trop couteux » d’une trentaine à 13.   Il a également rapporté, que ces dernières années, des fonctionnaires et plus de 2000 étudiants boursiers fictifs ont été démasqués, ce qui a permis de faire des économies pour le budget de l’Etat.

« L’histoire rendra témoignage… »

La modernisation des services de douanes a permis de rehausser le niveau des recettes fiscales, avec 1142 milliards F CFA mobilisés en 2020, contre 600 à 700 milliards F CFA, les années antérieures. « Beaucoup d’argent partait dans les poches de certains individus. Nous avons fait des choix pour préserver les ressources publiques et les réutiliser dans d’autres investissements. Ceux qui profitaient des deniers publics ne peuvent pas apprécier cela », a lâché le journaliste-écrivain. Sur la question du combat contre la corruption, M. Houngbédji se veut on ne peut plus clair : « Quand un fait est dénoncé sur la base d’un rapport, la justice est saisie pour situer les responsabilités.  Tout le monde peut aller en prison.  Il y a des proches du chef de l’Etat qui sont derrière les barreaux pour répondre de faits les concernant ». Qu’en est-il des opposants incarcérés, telle Reckya Madougou, ancienne ministre de la Justice, qui a vu sa candidature à la dernière présidentielle pour le compte du parti « Les démocrates » rejetée. Elle a été arrêtée, le 3 mars dernier, pour association de malfaiteurs et terrorisme. « L’affaire Madougou est en justice. Les juges font leur travail. Je ne saurais en dire plus », a régi M. Houngbédji.  Il a également abordé la réforme du droit de grève, qui a permis de non seulement de « diminuer » les grèves à répétition qui avaient cours dans presque tous les secteurs mais aussi favoriser l’exercice de la liberté de la presse dans le pays.  Une loi votée en septembre 2018 plafonne le droit de grève à dix jours au maximum par an, ce qui avait suscité des manifestations. Le porte-parole du gouvernement a par ailleurs mis en exergue les sacrifices consentis par le régime Talon pour changer les conditions de vie des populations. Il a pris pour exemple l’amélioration de l’accès à l’eau potable avec un taux de 70% en 2020 contre 45% en 2016 et de la production de l’énergie.  « Nous sommes passés de 0% de taux de production de l’énergie en 2016 à 60% en 2020, en misant sur la construction de centrales. En 2023, nos besoins seront entièrement couverts avec cette politique », a expliqué le SGA du gouvernement.  Aussi a-t-il rappelé la dématérialisation des services grâce aux technologies de l’information et de la communication. Toutes les actions entreprises, à l’entendre, ont permis de changer le visage de son pays, ces six dernières années.  Il s’est réjoui de ce que le Bénin ait quitté la catégorie des pays pauvres pour celle de pays à revenu intermédiaire, selon un rapport de la Banque mondiale, daté de juillet 2020. « Patrice Talon est un homme d’Etat.  Il veut faire avancer son pays, même si ce n’est pas une tâche facile.  Au début, il était impopulaire, mais les citoyens commencent à comprendre son action. L’histoire rendra témoignage (…) », a relevé le porte-parole du gouvernement béninois.

 

Entretien réalisé par Kader Patrick KARANTAO


Un président casanier ?

 

Pour certains observateurs de la scène politique béninoise, le président, Patrice Talon, ne va pas beaucoup à la rencontre de ses pairs de la sous-région. Ce n’est pas ce que pense le porte-parole du gouvernement. « Il parle à tout le monde et se déplace quand c’est nécessaire. Il n’est pas dans l’exhibitionnisme. Il préfère s’occuper des affaires du pays », a-t-il répliqué.

 

K.P.K


 De la lutte contre le terrorisme

Au-delà des Etats sahéliens, comme le Burkina, le Mali ou le Niger, le phénomène du terrorisme commence à affecter les pays côtiers.  On a encore en souvenir les attaques terroristes en Côte d’Ivoire et l’enlèvement de deux Français dans le parc de la Pendjari au Nord du Bénin, en mai 2019.  Le porte-parole du gouvernement béninois n’a pas passé sous silence ce sujet d’actualité. « Nous devons nous même Africains faire des efforts au lieu de tout attendre des autres.  Nous travaillons avec les pays touchés pour trouver des solutions au niveau communautaire », a dit M. Houngbédji.  Par ailleurs, il n’a pas confirmé la vente en territoire béninois de bétail volé par des groupes terroristes au Mali ou au Burkina, comme l’indique une étude réalisée en 2020 par l’Institut d’études de sécurité basée en Ethiopie.  « Nous connaissons la transhumance transfrontalière des animaux. A aucun moment, nous n’avons reçu des informations sur la vente de bétail volé sur notre territoire.  Notre objectif, les années venir, est de promouvoir l’élevage sédentaire. Un Haut-commissaire pour la sédentarisation des éleveurs a été nommé à cet effet », a rapporté M. Houngbédji.

 

K.P.K

 

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