Guinée : l’incertitude !

Au fil et à mesure que les jours passent, depuis le début de cette année 2025, un flou règne toujours en Guinée au sujet de la tenue probable ou non de l’élection présidentielle dans le pays. Celle-ci devrait relancer le pays de Sékou Touré dans un régime constitutionnel normal, conformément aux engagements du chef de l’Etat, le général Mamady Doumbouya et aux desiderata de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

En effet, en accord avec l’institution sous régionale, des élections devraient se tenir dans une période de trois ans, à la suite du coup d’Etat de 2021 et permettre le retour à un pouvoir civil. Toutefois, en suivant l’évolution de l’actualité politique, l’on a l’impression que cette Transition, initialement porteuse d’espoir, suscite aujourd’hui frustration et désillusion aux yeux de nombreux acteurs politiques et de la société civile qui sont soucieux de voir leur pays renouer avec l’ordre démocratique d’antan.

En effet, alors que ceux-ci attendaient d’être situés, clairement, sur une date précise de ces échéances électorales, le Porte-parole du gouvernement, devant un parterre des journalistes lors d’un déjeuner de presse, a ravivé les doutes et les incertitudes sur la possibilité d’organiser une élection présidentielle cette année 2025. Or, le général Mamady Doumbouya avait déclaré, urbi orbi, dans son discours du nouvel an que 2025 serait une année électorale cruciale pour achever le retour à l’ordre constitutionnel. C’était d’ailleurs un de ses engagements à sa prise du pouvoir lors du coup d’Etat en 2021.

A ce jour, aucune de ces promesses n’a encore été tenue laissant de nombreux guinéens dans l’expectative. Des agissements difficiles à comprendre pour de nombreux guinéens qui se posent toujours des questions sur la fin de la Transition. Pour certains, cela n’est rien d’autre qu’un manque de volonté manifeste à aller à des élections inclusives. A la vérité, en analysant froidement ce qui se trame, l’on peut aisément donner raisons à ceux qui estiment que ce comportement, au plus haut sommet de l’Etat, passent pour des manèges visant à s’éterniser au pouvoir.

Et, cela, avec la complicité d’une frange de la population. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la très forte mobilisation du 26 janvier 2025, les rues de Kaloum, à Conakry où plus de 8 000 personnes, issues notamment de l’Association des mareyeuses de Guinée, les pêcheurs artisanaux, les femmes fumeuses de poisson, les syndicats de moto-taxis, et de nombreuses associations de jeunesse, qui ont exprimé une demande claire et unanime au général Mamadi Doumbouya afin qu’il se présente à la prochaine élection présidentielle.

Au-delà, ce rassemblement se voulait également une véritable démonstration de soutien populaire au président de la Transition et montre à souhait aux yeux de tous l’intention du chef de l’Etat, à toujours « garder sa chose ». Celui-ci, on peut le dire, semble en effet, avoir gagné le cœur de beaucoup de Guinéens dont les réformes structurelles et les décisions audacieuses commencent à marquer les esprits.

Mais à moins de modifier la charte de la Transition, car, ni son président, ni les membres de son gouvernement ne peuvent se présenter aux élections à venir. Qu’à cela ne tienne, le vœu le plus cher du peuple guinéen est que cette Transition qui était porteur d’espoir connaisse un aboutissement paisible. Et, il revient à l’ensemble de la classe politique et aux autorités de la Transition de travailler à cela pour maintenir la Guinée dans la place qui est la sienne dans le concert des nations.

Soumaïla BONKOUNGOU

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