Hausse du prix du pain: le gouvernement brandit des sanctions

Le ministre en charge du commerce, Abdoulaye Tall : « lorsqu’il y a un problème, il faut qu’il soit résolu collégialement ».

Le conseil des ministres s’est tenu, le mercredi 25 mai 2022, à Kosyam sous la direction du président du Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba. Plusieurs dossiers étaient sur la table du gouvernement, notamment la question de la hausse du prix du pain et les incidents survenus à Houndé à la suite d’une manifestation d’orpailleurs.

Les boulangeries qui ont augmenté le prix de la baguette de 200 g de pain passant de 150 à 200 F au mépris des règles en vigueur seront sanctionnées conformément à la loi. C’est ce qu’a indiqué le ministre du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et moyennes entreprises, Abdoulaye Tall, à l’issue du conseil des ministres tenu, le mercredi 25 mai 2022, à Ouagadougou. M. Tall a déploré que pendant que des efforts sont consentis pour trouver une solution à la requête des acteurs de boulangeries, certains aient décidé d’opérer un passage en force. « Lorsqu’il y a un problème, il faut qu’il soit résolu collégialement.

Ce qui n’a pas été le cas. Dans cette situation, nous ne pouvons qu’être frustrés », a-t-il soutenu tout en précisant que leurs réactions manquent de fair-play. Le ministre en charge du commerce a reconnu que le problème posé par les boulangers est réel, car le prix de leur matière de base, la farine de blé, a augmenté à cause des facteurs exogènes au niveau mondial. Cependant, il a rejeté l’idée d’une augmentation non conforme aux dispositions en vigueur. M. Tall a indiqué que le pain fait partie des produits dont les prix sont fixés de commun accord entre le gouvernement, les acteurs du secteur privé, les structures des consommateurs et les syndicats.

Nous avons tenu, a-t-il poursuivi, plusieurs réunions et nous avons discuté de diverses questions. « Nous avons eu des compromis sur les prix de l’huile, du savon, du sucre et du transport des ports vers nos villes. Mais sur le prix du pain, nous n’avons pas eu de compromis », a confié le ministre. Par conséquent, il a confié leur avoir promis de faire une correspondance au Premier ministre en vue de trouver un compromis.

A l’écouter, cette correspondance a été déjà faite au chef de gouvernement et le dossier devait passer en conseil des ministres du 25 mai pour être discuté. « C’est à l’issue de cette rencontre que le comité interministériel mis en place devait voir avec les acteurs des boulangeries comment trouver une solution sans pénaliser le consommateur », a-t-il signifié.

Un appel au calme à Houndé

Pour lui, pendant que les acteurs se battent pour trouver des solutions, des boulangeries ont décidé autrement. Face à une telle situation, le ministre a relevé que les contrôleurs sont sur le terrain et la loi sera appliquée. « Conformément à la loi, toute augmentation unilatérale est une pratique de prix illégal et cela est sanctionné », a-t-il martelé. Outre la question du pain, d’autres dossiers ont retenu l’attention de l’exécutif au cours de la rencontre gouvernementale.

Une communication orale a été faite sur l’incident survenu à Houndé, le mardi dernier à la suite d’un mouvement d’orpailleur pour exiger la libération de 12 de leurs camarades arrêtés. Le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales, porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, a indiqué que deux personnes sont décédées, à la suite des bousculades et autre, de tirs par balles. Il a aussi précisé qu’une autre personne a été blessée par balles.

Tout en regrattant ces événements, le ministre a confié qu’une enquête est en cours pour déterminer l’origine de ces balles afin de situer les responsabilités. Il a aussi fait savoir qu’un comité de gestion de crise piloté par le gouverneur a été mis en place. « Le gouvernement suit avec attention ces évènements et appelle au calme et interpelle l’ensemble des acteurs au dialogue pour trouver une solution durable », a-t-il confié. La situation des 8 mineurs bloqués dans la mine souterraine de Perkoa a été au cœur de la préoccupation de l’exécutif.

Selon le porte-voix du gouvernement, le mardi 24 mai dernier, aux alentours de 23 h 45mn, une équipe conduite par les acteurs locaux et le ministre de la Fonction publique est descendue dans la mine pour constater les corps aperçus par les techniciens. « Elle a pu identifier 4 corps. Le constat a été fait en présence de deux substituts du procureur et une équipe », a-t-il soutenu tout en relevant que les recherches se poursuivent à l’effet de retrouver les quatre autres corps.

Deux DG révoqués

Le conseil des ministres a, par ailleurs, au titre du ministère de la Défense et des Anciens combattants, adopté un décret portant approbation des statuts de l’Institut supérieur de logistique de Ouagadougou. Ce décret vise la relecture du décret du 4 décembre 2017 portant approbation des statuts de l’institution en vue de corriger les insuffisances du texte de loi. Ce décret permettra à l’institut d’accomplir efficacement sa mission, a expliqué M. Bilgo. Au titre du ministère en charge de l’économie, un rapport relatif au document de programmation budgétaire économique et pluri-annuel a été fait.

A en croire le porte-parole du gouvernement, il s’agit d’un outil de cadrage macro-économique budgétaire et financier sur une période de 3 ans. « Il vise à contribuer à une meilleure allocation des ressources mobilisables en cohérence avec les orientations stratégiques des politiques publiques et les priorités du gouvernement », a-t-il ajouté. Pour le compte du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, l’exécutif a adopté deux rapports. Selon le ministre Bilgo, le premier est relatif à deux décrets portant respectivement création de 11 emplois de maitre de conférences et 9 emplois de maitres assistants et de nomination de 11 enseignants-chercheurs dans l’emploi de maitres de conférences à l’Ecole normale supérieure.

Le second rapport porte sur deux décrets concernant respectivement création de 8 emplois de professeurs titulaires et de professeurs titulaires hospitalo-universitaires, de 10 emplois de maitres de conférences et de 31 emplois de maitres assistants et maitres hospitalo-universitaires ainsi que la nomination de 18 enseignants dans les emplois de professeurs titulaires, de professeurs titulaires hospitalo-universitaires et de maitres de conférences à l’université Nazi- Boni. Le porte-voix du gouvernement a, par ailleurs, indiqué que le conseil a relevé de leurs fonctions avec effet immédiat les directeurs généraux de la CNSS, Lassané Sawadogo et de la Banque agricole du Faso (BADF), Daouda Simboré.

Abdoulaye BALBONE

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