Présent à la 27e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, le journal de tous les Burkinabè, Sidwaya, s’est entretenu avec le Coordonnateur général de l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA) sur le message que la société africaine porte à la COP27 à propos de la place et du rôle de l’agroécologie comme solution africaine à l’adaptation au changement climatique.
Sidwaya (S) : En tant qu’organisation de la société civile panafricaine, quel est le message que vous portez à cette COP27 ?
Dr Million Belay (M. B.) : L’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA) est l’une des plus grandes organisations de la société civile panafricaine sur la souveraineté alimentaire sur notre continent. Nous regroupons des organisations de 50 pays africains représentant plus de 200 millions d’agriculteurs, d’éleveurs, de pécheurs, de peuples autochtones africains.
L’agroécologie constitue notre champ de bataille. Nous menons des recherches et des plaidoyers, mobilisons des communautés de base au tour de cette question agroécologique et des systèmes alimentaires. Nous travaillons aussi sur la sensibilisation des politiques, des États africains sur l’importance sur l’agroécologie pour notre continent.
Notre message à cette COP27 est de rappeler au monde que pour l’Afrique, l’agroécologie est la meilleure réponse pour l’adaptation au changement climatique. Nous sommes là également pour rappeler et insister sur les dommages que les pays développés doivent payer à l’Afrique, sur la nécessité d’allouer des financements conséquents à l’agroécologie. Notre dernier message que nous véhiculons est que la COP doit mettre les agriculteurs au centre des débats sur les solutions d’adaptation au changement climatique.
S : Pourquoi selon vous, l’agroécologie est la solution face à l’urgence climatique ?
M. B. : L’agroécologie est la solution à la crise climatique car elle renforce la résilience des populations ; elle est basée sur une diversité de cultures, de pratiques agricoles et s’adapte aux différents écosystèmes. Elle accroit les productions agricoles, et partant, renforce la souveraineté alimentaire. L’agroécologie valorise les paysans, augmente leurs revenus.
En Afrique, face aux problèmes, nos grands parents avaient développé des pratiques ancestrales agroécologiques qui faisant recettes qu’il convient aujourd’hui de valoriser.
S : Que répondez-vous à ceux qui disent que l’agroécologie ne peut nourrir l’Afrique ?
M. B. : Ces critiques ne sont pas fondées car l’agroécologie peut bien nourrir l’Afrique. Dans des pays comme le Sénégal, l’Éthiopie et bien d’autres pays, des expériences ont prouvé que l’agroécologie augmente les productions agricoles d’au moins 17%. Sans oublier que l’agroécologie permet des économies de revenus pour les producteurs du fait qu’ils n’achètent plus des engrais chimiques mais utilisent plutôt des engrais organiques. Il y a des évidences scientifiques, des recherches universitaires qui prouvent le bien fondé des approches agroécologiques. Les États africains doivent intégrer l’agroécologie dans leurs politiques d’adaptation au changement climatique. Pour les COP à venir, les discussions sur l’importance de l’agroécologie vont se poursuivre et je pense que la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique va intégrer l’agroécologie dans les négociations, et l’agenda de l’action climat.
Interview réalisée par
Mahamadi SEBOGO
Depuis Sharm el-Cheikh
(Égypte)