Lavage autos-motos à Bobo-Dioulasso: un métier du secteur informel en pleine croissance

Avec ce métier de lavage auto-moto, Daouda Koné fait savoir qu’il parvient à subvenir aux besoins de sa famille.

Autrefois peu vulgarisé, le lavage auto et moto est devenu aujourd’hui un véritable gagne-pain pour de nombreux jeunes. Nous nous sommes plongés dans l’univers de ce métier du secteur informel à Bobo-Dioulasso où nous avons pu rencontrer clients et promoteurs de points de lavage.

Il est 14 heures 30 minutes à Belleville, secteur 29 de Bobo-Dioulasso ce 27 janvier 2025. Non loin du mur de l’aéroport, un point de lavage dénommé « Prestige lavage ». L’on aperçoit une voiture garée et un tapis au sol. Nous sommes accueillis par le vrombissement d’un groupe électrogène qui alimente la machine à laver en énergie. Trois jeunes sont à la tâche, deux lavent la voiture et le troisième en train de rendre propre un tapis de maison. A l’absence du maître des lieux c’est son frère cadet, Abdoul Womtannan qui nous détaille les activités de « Prestige lavage ».

« Au-delà des motos et voitures, nous lavons les tapis et aussi les maisons nouvellement construites », explique-t-il. Pour M. Womtannan, vu qu’il est difficile d’intégrer la fonction publique au Burkina Faso de nos jours, en tant que jeunes ils ont décidé de ne pas rester les bras croisés. Il y a de cela trois ans qu’il a rejoint son frère dans son atelier. Depuis lors il dit se prendre en charge grâce à cette activité. « C’est un métier qui me permet de me prendre en charge », rassure-t-il. Dans ses confidences, il nous souffle à l’oreille qu’ils peuvent gagner 20 000 à 30 000 F CFA par jour lorsque la moisson est bonne.

Ce qui permet à son grand frère, dit- t-il, de pouvoir payer les employés. A 150 mètres environ de « Prestige lavage » nous sommes chez Daouda Konaté, un père de famille de trois enfants. C’est un expérimenté dans le lavage auto-moto qui en a fait son gagne-pain il y a de cela six ans selon ses déclarations. A l’écouter, il n’a pas de regret d’avoir choisi le métier. C’est une activité qu’il exerce à temps plein et il peut se faire un business d’environ
10 000 F CFA par jour si toutefois il y a de la clientèle.

Grâce à ces revenus, M. Konaté scolarise ses enfants et arrive à faire face aux coûts de la vie. « Grâce à ce boulot, je scolarise mes enfants et je prends en charge les autres dépenses de la famille », déclare-t-il. Profitant de l’occasion, Daouda Konaté demande à la jeunesse qui croupit dans le chômage à s’intéresser à ce secteur informel souvent négligé. Selon lui, il ne faut pas sous-estimer les métiers mais plutôt se concentrer et travailler sérieusement quel que soit le domaine choisi.

De Belleville, nous nous sommes rendus au centre-ville près de la chambre du commerce et de l’industrie. Là, nous rencontrons Ardjouma Karama en pleine séance de lavage d’une voiture. A côté, sont garées des motos déjà lavées ou d’autres en attentes pour être dépoussiérées. Comme Abdoul Womtannan et Daouda Konaté, Ardjouma Karama est dans l’activité de lavage il y a longtemps. De Banfora au secteur 21 de Bobo-Dioulasso, il est maintenant installé au centre-ville.

« Je suis dans le domaine il y a longtemps. J’étais à Banfora et après je suis venu à Bobo-Dioulasso. J’ai ouvert le premier coin là-bas avant de venir m’installer ici au centre-ville », retrace monsieur Karama. Pour lui, le secret pour réussir dans cette activité c’est le « courage » et un bon « emplacement » où les gens sont nombreux. « Aujourd’hui je suis en manque de personnel. Il y a des moments où d’autres viennent et je n’arrive pas à laver leur moto », ajoute-t-il. Son souhait est de constituer un groupe dynamique afin de moderniser son activité.

Un courage salué par les clients

Plusieurs motos lavées par Ardjouma Karama en attente de leurs propriétaires.

Pendant nos passages dans les différents ateliers que nous avons visités, les clients n’ont pas manqué de mots à l’endroit de tous ceux qui travaillent dans les points de lavage. Pour certains, ce métier est aussi une activité comme tout autre travail qu’il il faut exercer avec plus de sérénité. C’est ce qui justifie d’ailleurs l’attachement de Arnaud Kambou, un client fidèle à « Prestige lavage ». Selon ses dires, « Prestige lavage » est une entreprise sérieuse. « C’est ici que je donne ma moto à laver.

Cela fait plus d’un an maintenant. Ils sont vraiment motivés et ils font un bon boulot. Aussi ils lavent la moto à 3 00 F CFA. En tout cas je les encourage à continuer dans ce sens car c’est au bout de l’effort qu’il y a une récompense », a- t-il déclaré. Embouchant la même trompette, Polycarpe Nebié, un autre client des points de lavage auto-moto, n’a pas manqué de doux mots à l’égard de sieur Konaté. Pour lui, rendre son véhicule propre c’est aussi l’entretenir et une manière de pousser toutes ces personnes qui sont dans le domaine de lavage à persévérer car la vie est un combat.

Enseignant de profession, monsieur Nebié avoue que même à l’école il ne cesse d’encourager les élèves à toujours essayer d’autres métiers en plus de leurs études. « Quand je suis en classe je prodigue les mêmes conseils aux élèves. Les inviter à prendre des initiatives à faire quelque chose en plus des études. Nous sommes dans un monde où il ne faut jamais croiser les bras et s’asseoir.

C’est pour cela d’ailleurs j’admire énormément tous ces bosseurs qui sont à la tâche à tout moment que ce soit sous la pluie ou sous le soleil afin de rendre propre nos motos, voitures et bien d’autres choses », laisse-t-il entendre. Tous ces entrepreneurs sont unanimes sur un fait :
« le lavage est un métier qui nourrit son homme lorsqu’on est patient et engagé ». Tous ont souhaité voir la jeunesse s’intéresser davantage à ces types de métiers car pour eux cela peut être une « alternative pour réduire le chômage » au Burkina Faso. Cependant, dans ce métier tout n’est pas rose.

Il y a des risques nous fait savoir Abdoul Womtannan. « C’est un travail avec des risques, parfois nous lavons des engins qui refusent de démarrer après. Et c’est au patron de trouver une solution », déclare-t-il. Quant à monsieur Karama, la difficulté majeure est liée au manque d’eau. « Souvent nous avons des engins à laver et il n’y a pas l’eau à cause de l’assèchement des robinets. Dans ces conditions, on est obligé de suspendre le travail », regrette-t-il.

Elcana KAMBOU
(Stagiaire)

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