Le coup d’Etat du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a été salué par des Burkinabè, de l’intérieur comme de l’extérieur, dans un contexte sécuritaire très préoccupant. Même s’il faut déplorer la prise du pouvoir par les armes en démocratie, force est de constater que le putsch du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba n’a pas rencontré trop de ressentiments dans les rues de Ouagadougou ou à l’intérieur du pays. Bien au contraire, des scènes de liesse populaire ont accompagné l’action du MPSR. Exaspérés par les attaques terroristes, qui ont fait 2500 morts, civils comme militaires, depuis six ans, selon certaines sources, les citoyens ont plutôt vu en ce coup d’Etat, un « soulagement » pour le Burkina Faso. Même si les réalités sociopolitiques ne sont pas pareilles, c’est à croire que nous sommes en Guinée ou au Mali, ou un scénario similaire a été observé. Le coup d’Etat du 24 janvier 2022 ayant eu l’onction populaire, le plus dur commence pour le lieutenant-colonel Damiba et ses hommes, à savoir la restauration de l’intégrité territoriale du pays.
Ils en ont fait un serment. Le Burkina d’avant insurrection n’est plus le même que celui d’aujourd’hui : tout va mal ou presque. Le tableau est sombre et il n’y a qu’à regarder les dégâts causés par les attaques terroristes quasi quotidiennes pour s’en convaincre. Les chiffres officiels, ventilés çà et là, en donnent une parfaite illustration. Hormis les nombreux morts et blessés, le Burkina Faso compte 1 501 775 déplacés internes, répartis dans plusieurs régions (Centre-Nord, Nord, Est..). On dénombre également, plus de 3 000 écoles fermées, au moins 511 000 élèves et 14 000 enseignants touchés. L’heure est donc grave pour le pays des Hommes intègres, occupé à certains endroits par des groupes armés. Plusieurs localités sont à la merci des djihadistes, qui non contents d’y parader à souhait, y ont fixé leur drapeau noir. L’administration publique n’existe pratiquement plus dans les localités occupées, les commis de l’Etat ayant préféré se mettre à l’abri de représailles des terroristes. On assiste à une véritable défiance vis-à-vis de la nation, qui à tout point de vue fait preuve de résilience, malgré cette guerre imposée par des sans foi, ni loi. L’avènement du MPSR, constitué de toutes les Forces de défense et de sécurité (FDS), sonne comme une lueur d’espoir, puisque le régime de Roch Marc Christian Kaboré a manifestement essayé toutes les recettes possibles, sans parvenir à vaincre l’hydre terroriste. Dans ce contexte, la priorité des priorités du lieutenant-colonel Damiba et de ses hommes sera de mettre une nouvelle stratégie en place pour réduire au néant, ceux qui attaquent sans répit le Burkina et l’endeuille régulièrement. Au moment même où le MPSR est en train d’asseoir son autorité, les exactions des terroristes se poursuivent dans les quatre coins du pays. Des populations sont la cible d’attaques et leurs biens sont emportés.
Des édifices publics sont aussi pris d’assaut par les terroristes, décidés à faire du Burkina leur terrain de jeu. Ces jours-ci, et pour ne citer que cet exemple, des informations relayées par les médias font état de ce que la mairie de Logobou dans la région de l’Est, à peine rénovée, a été incendiée à nouveau par des hommes armés. L’heure est grave et le MPSR, à qui le peuple fait confiance, devra s’investir sans délai pour ramener la quiétude dans le pays. Il ne devrait pas trop s’attarder sur des questions politiques non pressantes. Loin de nous, l’idée de renier l’importance de ces questions, mais le MPSR gagnerait à faire du front, son champ d’action, pour ‘’casser’’ du terroriste. Tout ce qui concourt à cela devra être mis en priorité, sans état d’âme. Il urge de libérer les localités sous occupation, pour rassurer les populations et amorcer un retour à la paix au pays. Le Burkina a connu tant de peines, qu’il faille maintenant travailler à ramener les sourires sur les visages.
Kader Patrick KARANTAO