Le printemps du made in Burkina

Depuis l’augmentation récente du prix du carburant, une partie de l’opinion publique ne cesse de relever les prétendues « incohérences » d’un pouvoir qui aurait promis des solutions aux Burkinabé et qui se trouve aujourd’hui être le « bourreau » des  populations.
Si ces récriminations peuvent être humainement et socialement, individuellement et collectivement compréhensibles, il y a fort à parier que le gouvernement, dans ce cas d’espèce, a été contraint d’agir, sous la « férule » du marché capitalistique et monopoliste international qui n’a que faire des états d’âme et des sentiments et autres émotions, au demeurant subjectifs, le profit étant sa seule boussole. Il est clair que cette augmentation n’est pas la meilleure nouvelle de cette fin d’année. Elle ne plaît d’ailleurs à personne, rien que pour les conséquences prévisibles ou non qu’elle peut avoir sur le pouvoir d’achat et le panier de la ménagère. Mais le gouvernement semble avoir anticipé, en engageant des concertations tout azimut avec les acteurs économiques, en vue de prévenir une valse déraisonnable des étiquettes. Faut-il le rappeler, la diminution du prix des hydrocarbures au Burkina en 2015, par exemple, est intervenue au moment où le cours du pétrole était au plus bas. En effet, les cours avaient connu une baisse rarement égalée entre 2015 et 2016, provoquant de l’urticaire aux pays producteurs dont certains avaient du mal à équilibrer leurs comptes.
Cela aura néanmoins permis aux Burkinabè de bénéficier d’une succession de baisse des prix à la pompe dont le cumul est de 130 CFA par rapport au niveau des prix en fin 2014, selon les données fournies par le Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures (CIDPH). Seulement, voilà que depuis novembre 2016, les prix des produits pétroliers ont amorcé une hausse tendancielle, deux années durant, sans qu’il n’y ait eu d’ajustement à la hausse des prix à la pompe au Burkina Faso. Ce qui a amené le gouvernement à consentir d’énormes sacrifices (14 milliards de subventions par mois) pour supporter la différence entre les prix réels du marché et les prix fixés à la pompe. La plus belle femme du monde ne pouvant offrir que ce qu’elle a, l’équipe gouvernementale ne pouvait que revoir sa copie pour assurer la continuité du ravitaillement régulier du pays en « jus ». Par ailleurs, et c’est ce qui nous semble le plus important, cette décision se justifie par la nécessité de ne pas hypothéquer les efforts de développement consentis dans d’autres domaines, notamment les secteurs sociaux et de soutien à l’économie nationale. Il s’agit donc d’une mesure économiquement juste et justifiée, même si elle peut être socialement porteuse de germes « crisogènes » et d’incompréhensions. En tout état de cause, ces réajustements visent l’intérêt général. Et cette seule raison suffirait à mettre les différents acteurs d’accord autour d’une même démarche : le dialogue social car, le pays ne peut pas se payer le luxe d’une autre crise du pouvoir d’achat.
Le plus fondamental dans cette « affaire » reste, pour le gouvernement et pas seulement, de donner des gages de bonne gouvernance aux populations. En poursuivant notamment les efforts de réduction du train de vie de l’État et en intensifiant la lutte contre l’insécurité, la corruption et d’autres mesures d’accompagnement. Les efforts en cours en matière d’implémentation des énergies renouvelables doivent aussi se poursuivre car, tant que le pétrole restera notre principale source d’énergie, nous sommes presque condamnés à subir de plein fouet, les fluctuations des cours mondiaux et la loi du marché pétrolier.
C’est dire que la gouvernance vertueuse doit être plus que jamais de mise pour ne pas ouvrir la porte aux prophètes de malheur qui ne cessent de jurer la perte d’un régime dont les faits d’armes dans divers domaines sont pourtant très palpables.
C’est à ce prix que l’équilibre social sera maintenu et que nous gagnerons le combat contre le sous-développement.

Par Mahamadi TIEGNA

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