Le rêve du capitaine Ibrahim Traoré

La Russie de Vladimir Poutine a reçu le continent africain, dans le cadre du 2e sommet Russie-Afrique. Une rencontre à laquelle a pris part le Président de la Transition, Ibrahim Traoré, aux côtés de nombreux de ses pairs. C’est bien la première fois, depuis qu’il est arrivé au pouvoir de sortir du continent et de rencontrer ses pairs. La question n’était pas de savoir si le Président Traoré allait réussir sa sortie, mais comment les autres allaient le percevoir. Celui que la presse internationale dit cultiver un mystère, sait mettre le doigt sur les maux qui assaillent son pays, dans cette iniquité des relations inter-Etats. Son discours d’environ six minutes, qui exprime la profondeur de sa pensée, de toute évidence ne requiert pas l’assentiment des palais présidentiels, en Afrique et hors du continent. Discours révolutionnaire selon certains, osé ou audacieux selon d’autres. IB, comme l’appellent ses nombreux soutiens, n’est rien de plus qu’un fils du pays.

Il s’est fait le porte-parole de la jeunesse de son temps. Témoin de l’injustice de ce monde aux forts relents géopolitiques et qui a vu ses frères tomber à cause de la cupidité de certaines personnes. Sous des manteaux de rédempteurs venus en aide aux pays des Hommes intègres, ceux-ci exploitaient plus la résilience et la sincérité du peuple courageux et travailleur. Le Président Traoré a parlé, au nom des peuples opprimés, au nom de ces pays du Sahel, qui peuvent plier cette sale guerre à eux imposée, si les soutiens sincères s’étaient manifestés, et si les mains souterraines avaient le courage de quitter nos sols et nous laisser combattre ces hordes de terroristes. Le Président Traoré s’est présenté à ce sommet en tenue «Terre du Burkina».

Le treillis que portent les vaillantes forces combattantes du Burkina, engagées, déterminées à défendre le pays de leurs ancêtres pour les générations à venir. Des propos du chef de l’Etat burkinabè, il y a bien ce rêve de voir qu’à l’avenir, l’Afrique n’aille plus toquer à des portes avec des «boites vides» quémandant la nourriture quotidienne. Ceux qui se sont offusqués pour bien le camper, devront réveiller ces projets qui ont fait florès. Il y a peu, des pays s’étaient vraiment engagés dans la voie de l’autosuffisance alimentaire. Ils avaient réussi leur pari. A Saint Petersburg, ceux qui auront décrypté le discours du Président de la Transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, au premier niveau n’auront pas compris que de tout temps, la cuisine devance les lieux de culte. C’est dire que, quel que soit le forum, le sommet en Afrique, ou ailleurs hors d’Afrique, le continent doit s’organiser pour gagner une bataille à portée de main, celle de l’autosuffisance alimentaire. Celle-ci demeure la première bataille à gagner afin de pouvoir entreprendre sereinement et réussir les autres chantiers du progrès. Étant donné que ventre affamé n’a point d’oreilles. Ibrahim Traoré se demande, à juste titre, comment son continent, malgré toute la richesse dont il regorge, peine à nourrir ses populations ? C’est de cela qu’il s’agit. Et sur ce plan, tout dirigeant conscient a des reproches à se faire. Des pays à forte pluviométrie, avec des millions d’hectares de terres arables, doivent pouvoir cultiver en quantité et en qualité pour faciliter des échanges agricoles qui ne seront en rien perturbés par une quelconque guerre. Cette volonté est bien possible. C’est juste une question de vision, de choix stratégique et surtout de solidarité mutuelle qui tarde à prendre forme sur un continent où certains regardent et rient des autres dans une situation mouvante. Au-delà du discours, qui selon certains analystes entre dans l’histoire, le sommet a permis à la délégation burkinabè de présenter sa vision d’une nouvelle ère de coopération, celle orientée vers un partenariat gagnant-gagnant dans le respect mutuel.

Des secteurs stratégiques comme le commerce, l’industrie, l’énergie ; l’agriculture constituent les points d’orgue de cette nouvelle dynamique qui souhaite le renforcement de la diplomatie et la lutte contre l’insécurité au Sahel. Reste au pays des Hommes intègres de savoir tirer profit de ce partenariat. Et la présence d’opérateurs économiques burkinabè à Saint Petersbourg qui disent avoir eu de bons et nombreux contacts dans de domaines majeurs, et qui sollicitent du Président Ibrahim Traoré, la facilitation du déplacement vers la Russie, augure des perspectives prometteuses. De Vittel en 1983 à Saint Petersbourg en 2023, l’histoire se répète-t-elle ? En tous les cas, à cette jeunesse africaine qui se reconnait dans ce discours qui traduit le rêve d’un président de recevoir désormais la logistique, la technologie, la compétence, plutôt que le trop-plein des greniers de plus nantis, de s’engager dans cette dynamique. Le défi est lancé : il appartient à chacun de saisir maintenant la parabole. La jeunesse d’aujourd’hui, qui pose des questions aux ainés, devra répondre à ces cadets demain si jamais elle venait à faillir. Le Président Traoré a d’ailleurs achevé son propos par un appel à un engagement total de tous les dignes fils du continent.

Assetou BADOH badohassetou@yahoo.fr

Laisser un commentaire