Les listes des candidats des partis politiques pour les législatives de 2020 sont connues les unes après les autres, la semaine dernière. En attendant la tenue du scrutin et le verdict des urnes, la configuration des listes des candidats à la députation révèle des surprises dans l’ensemble. Des citoyens, qui espéraient ne plus voir certains visages, ont vite déchanté. Car, il y a des candidatures d’hommes et de femmes en première ligne de la chose politique depuis 1980. Ceux-ci ont vu la mort de la IIIe République, qu’ils ont contribué à bâtir.
Ils ont été des acteurs majeurs de la Révolution démocratique et populaire (RDP) et des témoins privilégiés de la IVe République ou ont occupé des postes « prestigieux ». Qu’est-ce qui peut expliquer le retour en grâce de cette insubmersible génération de politiques à l’âme de compétiteurs ? Modestie politique, problème de transmission générationnelle ou dernier baroud d’honneur pour des hommes présents depuis quarante ans sur la scène, qui auront à « croiser le fer » avec des «enfants » d’à peine quarante ans d’âge ?
L’autre remarque est la position de certains candidats à la présidentielle, qui veulent aussi briguer un siège de député. Les « baobabs » de la politique se sont tous inscrits en bonne place, pour les législatives 2020. Zéphirin Diabré (UPC), Gilbert Noël Ouédraogo (ADF/RDA), Eddie Komboïgo (CDP), sont tous tête de listes nationales pour le compte de leurs partis respectifs. Sauf le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), candidat à sa propre succession, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Etre à la fois candidat à la présidence du Faso et à la députation relève-t-il d’une stratégie électorale ?
Dans l’hypothèse d’une popularité avérée, cette posture pourrait bien relever d’un pur réalisme politique face au bilan du candidat sortant. Une sorte de « viser la lune, pour atteindre à défaut, les étoiles » et qui se traduirait par une équation pragmatique : « Si je ne suis pas président du Faso, je pourrais être président de l’Assemblée nationale » ou » si j’accède au Parlement et il se dégage une majorité en faveur de l’opposition, en vertu de l’accord politique, je pourrais alors m’imposer comme Premier ministre ». Trêve de conjectures.
D’un côté, on a des choix démocratiques à la base respectés par le sommet et de l’autre, le fait du prince, « entériné » par la base.
A coup sûr, la VIIIe législature sera bien un dosage de jeunes, de moins jeunes, de « papys », et de moins de 30 % de femmes. Pourtant, chaque parti a fait le pari de briser une fois pour toute, ce blocage sociologique encore prégnant sous nos cieux qui tend à réduire nos mères et nos sœurs aux tâches domestiques, nonobstant un discours politique soutenant le contraire. Sur la question du quota genre, la classe politique continue de ramer
à contre-courant d’un environnement mondial, où la femme a parfois fait la preuve de sa capacité à dépasser l’homme même dans les domaines généralement « masculins ». Cette donne doit changer ! Il faut réussir la mutation qui donnera cette égalité de chance à l’autre moitié du ciel.
La VIIIe législature n’augure pas une forte présence de femmes dans le temple de la démocratie moderne. En attendant l’après 22 novembre pour une appréciation globale de la situation, il y a lieu de reconnaître que les préparatifs révèlent une bonne tenue des acteurs au premier plan du processus électoral, aussi bien à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), au Conseil supérieur de la Communication (CSC), qu’à l’Office national d’identification (ONI). Tout semble indiquer que le double scrutin du 22 novembre prochain devrait se passer dans de bonnes conditions…
Par Mahamadi TIEGNA