L’énigme Martinez Zogo

Les Camerounais suivent avec attention, le procès sur l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, qui a débuté, le lundi 25 mars dernier, devant le tribunal militaire de Yaoundé. A la première audience, les avocats de la défense ont posé quelques doléances relatives à la retransmission en direct et à l’accès aux pièces du dossier. La seconde audience a eu lieu au début de cette semaine, le lundi 15 avril 2024. S’il a indiqué à l’occasion que le dossier sera mis à la disposition des différentes parties pour consultation, le commissaire du gouvernement, le lieutenant-colonel, Cerlin Belinga, a précisé que la loi camerounaise n’autorise pas la retransmission des audiences.

Aussi le tribunal militaire de Yaoundé a-t-il procédé, entre autres, à la vérification de la présence des 17 accusés, avant de renvoyer le procès au 6 mai prochain. De toute évidence, la tenue du procès Zogo, contrairement aux incertitudes qui planaient, a de quoi réjouir tous ceux qui réclament justice pour lui dans un pays où, pour l’opposition et les défenseurs de la bonne gouvernance, la culture de l’impunité n’est pas une vue de l’esprit. Personne n’avait pourtant cru que ce jugement aura lieu, mais le Président Paul Biya, himself, a pesé de tout son poids pour que l’affaire ne soit pas enterrée. Au banc des accusés se trouvent entre autres, l’homme d’affaires controversé, Jean-Pierre Amougou Belinga, des cadres et des éléments du service de contre-espionnage, dont l’ex-patron, Léopold Maxime Eko Eko et l’ancien directeur des opérations, le lieutenant-colonel Justin Danwe.

Trois chefs d’accusation pèsent principalement sur ces accusés, notamment assassinat, complicité d’assassinat et complicité de torture. Quand les débats vont s’ouvrir, le souhait le plus ardent est que les langues se délient pour que les Camerounais épris de justice comprennent ce qui est arrivé à Martinez Zogo. En janvier 2023, ce cinquantenaire a été enlevé et assassiné, à la grande stupéfaction des nombreux auditeurs de son émission à succès « Embouteillage ». La mort du patron d’Amplitude FM a d’autant plus choqué, que son corps avait été retrouvé mutilé. Comment un être humain, fut-il détesté, peut-il être traité de la sorte ? Ce crime odieux doit être coûte que coûte élucidé. On le sait, l’illustre défunt dénonçait « les pratiques mafieuses et le détournement de deniers publics au sommet de l’Etat qui impliquaient des pontes du système Biya ». Les gourous visés ont-ils comploté pour ôter la vie à Martinez Zogo qui, selon eux, en savaient trop ? Qui avait intérêt à ce que le journaliste disparaisse dans des conditions aussi affreuses ? Le déroulement du procès, on l’espère, permettra de lever les nombreuses zones d’ombre qui entourent cette ténébreuse affaire. Même s’il ne plaisait pas à ses ennemis tapis dans l’ombre, Martinez Zogo faisait œuvre utile dans la société camerounaise en dénonçant la mal gouvernance. Pour ce faire, son assassinat ne doit pas rester impuni. Il mérite justice. Qu’il en soit ainsi…

Kader Patrick KARANTAO

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