Le Président de Transition, Paul-Henri Damiba, a nommé, le jeudi 3 mars 2022, Albert Ouédraogo, un technocrate expérimenté peu connu du grand public, Premier ministre de Transition. A presque 53 ans, le nouveau Premier ministre est un vétéran du développement, du conseil en finance et management au profit de l’administration publique de son pays et des entreprises du secteur privé. Dans la foulée, un gouvernement de Transition de 25 membres, dont 6 femmes, a été dévoilé, le samedi 5 mars 2022.
En attendant de voir les « 25 fantassins » de la refondation promise par le Président Damiba au pied du mur et au-delà de grosses surprises (l’ex-secrétaire général de la plus puissante organisation syndicale du pays, Bassolma Bazié, qui fait son entrée dans le gouvernement) dont certaines ne manqueront pas d’alimenter la chronique ouagalaise, l’ossature du gouvernement de Transition est un symbole fort de la vision présidentielle de « débarrasser » le Burkina Faso nouveau des « oripeaux d’une gestion politique aux antipodes des nouvelles aspirations de notre peuple».
Quitte à choisir des personnalités sans expérience gouvernementale pour certains mais toujours à bonne distance des chapelles politiques et des immanquables mélis-mélos partisans. A priori, ce gouvernement de Transition regorge de valeurs individuelles certaines et dignes de confiance, pourvu que les fruits respectent les promesses des fleurs.
Certains n’hésiteraient d’ailleurs pas à donner le bon Dieu sans confession au nouveau Garde des Sceaux, Me Barthelemy Kéré, à ses homologues en charge de l’Economie, Abel Seglaro Somé, de l’Enseignement supérieur, Frédéric Ouattara, des Affaires religieuses, Issaka Sourwema et de l’Action humanitaire, Lazare Zoungrana, entre autres.
Au vu de sa composition, on peut dire que le Premier ministre a ratissé large pour une transition inclusive. Celle-ci devrait ouvrir la voie à la réconciliation nationale « qui déclenchera la marche triomphale vers l’horizon du bonheur », foi du président Damiba.
Celui-ci veut notamment aller très vite et au rythme des fortes attentes des populations relatives au rétablissement progressif de la sécurité, dans les limites des frontières du pays. C’est assurément une équipe gouvernementale inclusive au regard à la présence de toutes les tendances politiques et mieux, de certains ténors des forces sociales et civiles.
Avec notamment la présence de quelques « vieux loups » de la politique qui connaissent parfaitement la faune et la flore politique et de jeunes sherpas fins connaisseurs des dossiers et des arcanes de l’administration publique et privée.
C’est à l’image de Bassolma Bazié, au poste de ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale, de l’écrivain et analyste politique Lionel Bilgo au ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales.
Ce qui ouvre le champ à tous les possibles. Avec la présence de l’ancien ministre en charge de l’Administration territoriale, Yéro Boly et de l’ex-patron des renseignements intérieurs, le Colonel-major Omer Bationo, le Premier ministre Albert Ouédraogo aurait voulu une équipe gouvernementale alliant la fougue de la jeunesse à la sagesse des ainés qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Un cocktail idéal en cette période de guerre où il faut se hâter lentement dans le balisage de la voie et pour éplucher les dossiers avec efficacité. Aussi la présence de peu de militaires, marque-t-elle la volonté de la grande muette de se concentrer sur ses attributions et son domaine de prédilection ? Avec l’appui du peuple, la victoire est certaine dans cette dynamique d’union nationale pour faire face aux périls qui sapent insidieusement les fondements du pays.
Par Mahamadi TIEGNA
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