Lettre de l’éditeur: l’aventure continue

5 avril 1984 – 5 avril 2024. Il y a quarante (40) ans que la Haute-Volta, actuel Burkina Faso, créait son quotidien d’Etat, « Sidwaya », c’est-à-dire « la vérité est venue » en langue nationale mooré, en pleine ferveur de la Révolution démocratique et populaire (RDP), sous le leadership du capitaine Isidore Noël Thomas Sankara, Président du Conseil national de la Révolution (CNR) et chef de l’Etat. Ce nouveau-né va être auréolé d’une place et d’un rôle de « quotidien voltaïque d’information et de mobilisation du peuple ».
Voilà donc quarante ans que l’aventure continue !

L’éditorial du N°00 de ce nouveau support de presse écrite, signé du ministre de l’Information de l’époque, Adama Touré, figure charismatique du Parti africain de l’indépendance (PAI), donnait d’emblée le ton : « Sidwaya doit être en même temps la voix du peuple voltaïque et de toutes ses organisations révolutionnaires pour exprimer chaque jour ses préoccupations, ses aspirations et magnifier ses luttes contre ses ennemis pour la construction d’une Haute-Volta nouvelle débarrassée de la domination et de l’exploitation impérialiste ».

Quarante longues années sont passées, mais aujourd’hui plus que jamais, cette vision reste d’actualité au regard des défis auxquels le Burkina Faso est confronté. En effet, au même titre que la Révolution d’août 1983 avait besoin d’une « mobilisation permanente du peuple pour le développement et sa consolidation », la guerre sans merci engagée, depuis plusieurs années par le peuple burkinabè contre le terrorisme, a besoin d’un « engagement patriotique et d’une participation citoyenne » qui s’impose, hier, aujourd’hui et demain, comme une quête permanente.

Sur le « front » de l’information et de la communication, « Sidwaya » s’est toujours adapté aux différents contextes pour accomplir avec abnégation et professionnalisme sa mission. De la RDP à la Transition politique actuelle en passant par la Rectification, le retour à l’Etat de droit, l’Insurrection populaire d’octobre 2014, la Transition de 2015 et le pouvoir civil qui a suivi, le quotidien d’Etat a connu des fortunes diverses.

Des rédacteurs des articles du n°00 du 5 avril 1984, que sont le ministre Adama Touré, Marcel Belem, Ahmed Koné, Sita Tarbagdo, Béatrice Damiba, Luc Adolphe Tiao, Jean Paul Konseibo, Salia Zerbo, Feu Babou Paulin Bamouni, sans oublier le dynamique personnel de l’imprimerie, chapeauté par Ousseini Diallo, la direction générale et le service commercial, à la génération présente, la relève a toujours gagné le pari avec pleine conscience.
Parce qu’il est du devoir de chacun d’ajouter de la pierre à l’édifice tout en honorant les pères fondateurs et les devanciers avec l’obligation d’apporter une touche particulière pour marquer son époque.

Parfois critiqué à juste titre comme toute autre œuvre humaine, « Sidwaya » a toujours su jouer sa partition, celle de donner l’information juste et vraie aux populations.
Sous la houlette de femmes et d’hommes, hautement qualifiés et professionnellement rompus aux différentes tâches de la fabrication, de la gestion et de la distribution d’un journal, il a constamment ouvert ses colonnes aux Burkinabè des villes et des campagnes d’où son slogan « Le journal de tous les Burkinabè ».

Quarante ans après être porté sur les fonts baptismaux, le support du 5 avril 1984 s’est renforcé de ses acquis et s’est enrichi de ses insuffisances.
« Sidwaya » s’affiche et s’affirme chaque jour comme un « quotidien d’Etat » au service de la Nation toute entière. Son existence transcende le temps d’autant qu’il s’agit d’un « patrimoine national ».

Sans distinction aucune, chaque Burkinabè doit se sentir propriétaire de ce journal et ne pas hésiter à apporter sa contribution pour son plein essor, son plein épanouissement dans un élan mutuel d’asseoir un progrès socioéconomique et politique national durable. Des efforts ont été aussi consentis pour se rapprocher de la population.

Les moyens rudimentaires de l’époque se sont peu à peu modernisés. A cela s’ajoutent la création de plusieurs services et directions régionaux et la mise en place d’une imprimerie à Bobo-Dioulasso, pour servir au plus près les lecteurs du grand Ouest. L’idéal étant de fournir « l’information juste et vraie », en tout lieu et à temps, tout en s’adaptant à l’évolution technologique à travers des plateformes numériques.

Quarante ans plus tard, l’enthousiasme de servir la mère patrie demeure. En dépit des bouleversements intervenus dans le paysage informationnel à cause de la prééminence des réseaux sociaux, « Sidwaya » tient toujours debout grâce au soutien indéfectible des pouvoirs publics et des partenaires, à l’accompagnement de la population lectrice et au dévouement de ses animateurs dans tous les compartiments.

Tenaillé entre le grand défi sécuritaire dû au terrorisme et l’épineuse conjoncture économique, tout comme en 1984, « Le journal de tous les Burkinabè » s’arroge encore le devoir de mobiliser le peuple burkinabè contre la menace nationale, l’ennemi commun. La mobilisation de toute la Nation autour de la lutte contre l’hydre terroriste voire
l’impérialisme est incarnée dans ses colonnes. Il s’agit
d’essaimer les graines d’une prise de conscience collective qu’il y a vraiment péril en la demeure.

En tandem avec l’Agence d’information du Burkina (AIB) qui commémore aussi ses soixante (60) ans d’existence le 27 mai prochain, « Sidwaya » entend tracer davantage les sillons d’un Burkina Faso prospère, dont les fondements reposent sur l’unité nationale et la cohésion sociale.

Assétou BADOH

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