Ainsi que le subodorait nombre d’analystes, le gouvernement Barnier n’a pas passer la session budgétaire de l’Assemblée nationale, avec une motion de censure à l’instigation du Rassemblement national de Marine Le Pen et de la France insoumise de Jean-Luc Melenchon. Et ce, au motif que son projet de budget ne répond pas aux aspirations populaires et pire, qu’il va plonger le pays dans une voie de récession durable au vu des indicateurs économiques et sociaux actuellement tous au rouge. Au-delà des « politicailleries » qu’on nous donne à voir dans cette séquence « d’agonie », on touche là le dilemme auquel la France fait face. Las, Macron a « cramé la caisse », selon le bon mot de Valérie Pecresse, entendez par là « le coffre-fort africain ».
Dans cette occurrence, les Objectifs de développement durable ne pouvaient être atteints, et, la paupérisation aidant, les populations du Sud global sont en passe de se libérer de ce joug multiséculaire. Inversement donc la France trime. Le monde agricole a déjà donné le ton à travers des marches pour dénoncer les accords UE-MERCOSUR qui vont ouvrir les marchés européens aux produits agro-alimentaires sud-américains. Cela va sonner le glas de l’élevage français qui ne peut pas rivaliser avec les sud-américains au niveau du rapport prix-qualité du kilo de viande fraîche.
Avec la décélération observée dans le secteur industriel et le chômage massif qui en résulte, la sinistrose atteint aussi les villes moyennes, voire plus. Paris, Marseille, Lyon sont minés par des trafics en tous genres sur fond de règlement de comptes. Pour sortir de ce marasme ambiant et entretenir l’espoir, seul un électrochoc pour ne pas dire un séisme peut redonner du sens à la politique, ne serait-ce qu’à moyen terme.
Une présidentielle anticipée ferait bien l’affaire d’autant que le locataire de l’Elysée s’est « grillé » tout seul avec des décisions hasardeuses telle la dissolution de l’hémicycle en juin dernier. L’Assemblée nationale « éclatée » qui en a résulté est incompatible avec le système gaullien de la Ve république. La France connaît donc une crise de régime dont elle ne peut sortir que par le haut. Macron se mettra-t-il à la hauteur de l’enjeu pour rendre le tablier ou campera-t-il toujours sur sa posture jupitérienne pour assumer son mandat coûte que coûte ? Un dilemme cornélien pour notre « Cid compadeor » contemporain. Il aura eu au moins le mérite d’avoir réhabilité la cathédrale notre Dame. Paris vaut bien une messe.
Boubakar SY