
La Maison d’arrêt et de correction de Pô (MAC Pô), dans la région du Nazinon, a accueilli ce vendredi 18 juillet, la célébration nationale de la Journée internationale Nelson Mandela. Une commémoration qui a mis en lumière la condition carcérale au Burkina Faso et réaffirmé l’importance du respect des droits humains.
Proclamée par l’UNESCO le 10 novembre 2009 et célébrée chaque 18 juillet, journée internationale Nelson Mandela rend hommage à la figure emblématique de la lutte contre l’apartheid et premier président noir d’Afrique du Sud. Le thème retenu cette année au Burkina Faso était : « La mise en œuvre du travail d’intérêt général au Burkina Faso : rôle des acteurs et impact sur le développement socio-économique ». Représentant le ministre de la Justice et des Droits humains, la gouverneure de la région du Nazinon, Massadalo Yvette Nacoulma, a livré un discours empreint de gravité et d’humanisme. Elle a rappelé que cette journée devrait être l’occasion de revisiter le rôle de l’univers carcéral, non comme un espace de relégation, mais comme un lieu de réhabilitation sociale.
« Mandela, c’est l’exemple vivant d’un homme qui, malgré 27 années passées en détention, n’a jamais cessé de croire en la justice et en la transformation par l’humain », a-t-elle affirmé. Elle a également salué l’encadrement juridique du Travail d’intérêt général (TIG) depuis 2014, tout en reconnaissant que sa mise en œuvre reste confrontée à des défis structurels. La gouverneure a réitéré l’engagement des autorités à soutenir sa relance, en collaboration avec les collectivités territoriales et les partenaires.
Au nom des parrains, Me Bouba Yaguibou a lancé un message d’espérance à l’endroit des détenus. Il les a invités à transformer leur séjour en prison en un moment de réflexion, de remise en question et de préparation à la réinsertion. « Mandela a passé 27 ans en prison. Il en est sorti plus humain que jamais, au service de la paix et de l’unité de son pays. C’est cette grandeur d’âme que nous devons transmettre », a-t-il déclaré.
Le cri du cœur des détenus
Le représentant des pensionnaires a saisi l’occasion pour faire entendre la voix des détenus. Il a salué la présence des autorités et a formulé plusieurs doléances : accélération du traitement des dossiers à la Cour d’appel de Ouagadougou, effectivité des permissions de sortie, diversification des activités de TIG, création d’ateliers de formation professionnelle, amélioration des rations alimentaires et construction de hangars dans les différents quartiers de la prison. « Malgré un contexte sécuritaire difficile et des agendas chargés, vous avez gardé une pensée pour nous, citoyens qui avons failli à la loi mais qui aspirons à une seconde chance », a-t-il confié. La Fondation TIPAF, les parrains ainsi que la communauté musulmane ont exprimé leur soutien à travers des dons alimentaires et financiers aux pensionnaires et à l’administration pénitentiaire de Pô. Plusieurs activités ont marqué la journée : remise de prix, plantation d’arbres, visite guidée des installations, pose de la première pierre de la future mosquée de la MAC Pô, et repas communautaire. Autant de gestes forts, porteurs d’un message d’unité, de compassion et d’engagement pour une justice plus humaine.
Wamini Micheline OUEDRAOGO