One woman show de Adèle Badolo : « Que les Burkinabè me découvrent mieux après ce spectacle»

L’humoriste burkinabè Adèle Badolo sera en spectacle, ce samedi 09 décembre 2023, au CENASA. A quelques heures de son “One woman show” intitulé : “On est dans goumin”, Sidwaya est allé à sa rencontre. Elle nous dévoile dans cet entretien, la quintessence de son spectacle et ses projets.

Sidwaya (S): Comment êtes-vous devenue humoriste?

Adèle Badolo (A.B): A la base je suis comédienne de théâtre.  C’est de là que j’ai basculé dans l’humour. C’est en 2018 que j’ai eu ma première scène en tant que humoriste. Et, depuis lors, j’ai continué avec l’humour jusqu’à aujourd’hui. Cela fait 5 ans que je suis humoriste.

 

S: Certaines opinions estiment que l’humour n’est pas une affaire de femmes. Après des années de carrière, partagez-vous leurs avis ?

A.B: Non. L’humour, c’est pour tout le monde, femmes comme hommes. Pour donner du plaisir à son prochain, on n’a pas besoin d’être un homme. Si tu es une personne qui aime faire plaisir, donner de la joie à son prochain, tu peux être humoriste. Je n’aime pas par exemple la tristesse, des gens qui sont tout le temps avec la mine serrée. J’aime voir les gens heureux, sourire autour de moi. C’est ce qui m’a amené à faire ce métier.

 

S: Comment définiriez-vous votre style d’humour et votre rapport avec le public ?

A.B: Je suis plus dans les mœurs. Je parle de tout ce qu’on vit, un peu de la politique…tout ce qui nous entoure. C’est un genre d’humour qui m’amène à dévoiler, certains faits de nos sociétés. Je suis la voix des sans voix.

S: Le 9 décembre prochain, vous serez en spectacle au CENESA. Pourquoi votre spectacle est intitulé  « On est dans Goumin » ?

A.B: Le 9 décembre effectivement, j’ai mon 3e  « one woman show ». On est dans le “goumin” “ndlr: déception” parce que c’est vaste. On est dans le « goumin » parce que chacun a sa façon de vivre son « goumin ». Lorsqu’on parle de « goumin », ce n’est pas forcément le « goumin » d’amour. Il y a des gens qui ont des « goumin » d’argent, de la politique…

S: Quel message voulez-vous faire passer à travers votre spectacle ?

A.B: C’est d’abord de faire ressortir certains faits qui se passent actuellement dans notre société. Et en même temps aussi, de  donner la force aux gens pour dire qu’il faut qu’on prie tous, d’avoir confiance pour que les choses s’améliorent. En somme, c’est de donner de l’espoir aux gens pour dire tout va s’arranger,  redevenir comme avant. C’est pour dire aussi, croisons les doigts surtout prions pour que la paix revienne dans notre pays. Donc, c’est amené les gens à oublier aussi leurs soucis, leurs angoisses… Même si, c’est juste pour une heure de temps, c’est beaucoup.

S: Le public burkinabè ne semble pas être trop attiré par les spectacles d’humour. Comment comptez-vous les amener à venir massivement vous voir sur scène ?

A.B: Il faut que les journalistes, nous soutiennent, communiquent beaucoup. Il faut valoriser les artistes locaux. Parce que si vous nous valorisez, les gens vont nous valoriser aussi. C’est ce que le journaliste dit aussi qui compte. Par exemple dans les autres pays, les journalistes parlent beaucoup des humoristes, les glorifient. Lorsque c’est ainsi, si nous organisons, un spectacle, il n’y a pas de raison que le public ne vienne pas. Mais même si tu es une bonne comédienne, un bon comédien, un bon humoriste, s’il n’y a pas de communication autour de toi, personne ne va te connaître. Donc, c’est à vous aussi de jouer ce rôle pour nous. C’est pourquoi, nous venons toujours vers les journalistes pour dire aidez-nous afin qu’on puisse nous connaître dans le pays et à l’international.  Déjà, nous partons jouer dans d’autres pays, mais dans notre pays, souvent, nous ne sommes pas bien connus. Et, c’est un peu dommage.

S: A travers ce spectacle, quel est  le défi que vous avez comptez relever ?

A.B: Le défi, c’est de montrer quelle que soit la situation, ce qui nous arrive, il ne faut pas qu’on baisse les bras. Il faut aller de l’avant et tant que tu vis, il y a de l’espoir. Et mon souhait, en plus de cela, c’est qu’après ce spectacle, que les gens puissent me connaître…C’est le moment pour moi, que les Burkinabè puissent encore mieux me découvrir, connaitre de quoi je suis capable. Surtout de me valoriser en tant qu’artiste burkinabè.

 

S: Quels sont vos projets ?

A.B: Mon projet, c’est d’être connue d’abord dans mon pays en tant que femme humoriste. Mon défi, c’est plus tard être un mentor pour des petites sœurs qui veulent exercer ce métier. Mon rêve, c’est de devenir une promotrice culturelle et soutenir les humoristes débutants.

S: Un appel au public ?

A.B: A mes frères, sœurs, à tous les Burkinabè, je demande de nous soutenir. Etre artiste, c’est un boulot comme tous les autres. Nous ne dormons pas. Pour ce spectacle, il fallait qu’on aille en résidence d’écriture. Cela fait près d’un mois et demi que nous sommes en train de répéter ce spectacle. Nous travaillons assez. Nous avons de bons artistes, de bons acteurs, qu’on peut valoriser et même à l’international.

 

Interview réalisée par Gustave KONATE

 

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