Parent d’enfant ou enfant-parent ?

Chaque fois que je dépose mon fils à l’école, je tombe des nues face aux comportements de certains parents. Comment deux adultes peuvent-ils se rencontrer et se regarder sans se saluer ?

Parfois, ce sont nos enfants du bas de leur âge et de leur taille qui se saluent avec un enthousiasme débordant. Les parents d’élèves eux, se regardent comme dans un zoo. Oui, je sais que chacun marche avec sa malle de mal-être mais faisons l’effort de donner le bon exemple, sinon nos enfants vont nous éduquer. Combien coûte un bonjour, un bonsoir ? Quand je pense qu’à force de dire bonjour, je me suis fait des amis parmi les parents d’élèves les plus courtois et au-delà de l’école, nous nous rendons visite à domicile. Parmi eux, il y en a qui ont même épousé deux de mes charmantes cousines et dont les enfants et camarades de classe de mon fils sont mes neveux et des cousins de mon fils.

Que dire du vigile que nous froissons presque tous au passage chaque matin sans avoir le temps de répondre à ses bonjours encombrants. Il porte le même nom de famille que ma défunte grand-mère. C’est en grimpant l’arbre généalogique que je me suis rendu compte que son géniteur et ma mère proviennent du même ventre. Chaque fois que je dépose mon fils à l’école, j’apprends des erreurs des autres. Vous savez que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne dans la vie.

Pendant que les motocyclistes se tuent à se frayer un passage dans le long rang de véhicules de toutes marques, il se trouve des conducteurs de bolide qui s’évertuent à les coincer avec le risque de les écraser. Pendant la saison pluvieuse, j’ai vu des parents d’élèves éclabousser d’autres parents d’élèves sans daigner baisser leur vitre pour s’excuser. Pendant l’harmattan, les mêmes suffisants saupoudrent les mêmes parents de poussières. Pourtant, il suffit d’un peu d’empathie et de pondération pour prendre les autres en considération.

L’autre phénomène qui retient l’attention, ce sont nos tendres mères au volant ; il y en a qui n’hésitent pas à s’arrêter et encombrer la route juste pour acheter du « pain bro » sans se soucier de la longue file bloquée par le bouchon qu’elles imposent aux usagers. Arrivées à l’école, elles vont chouchouter leur pourriture préférée, faire la causette avant de lui lancer des « bye, bye » inutiles. Pendant ce temps, la colère de la file impatiente retentit dans un concert de klaxons de dépit sans répit. Entre nous, est-ce que tout ce cirque a vraiment lieu d’être ?

Taisons-nous sur ceux qui dans un duel suicidaire avec le temps, brûlent les feux tricolores avec leurs enfants pour espérer être à l’heure. Chaque soir quand je vais chercher mon fils à l’école, je me demande bien pourquoi c’est dans le rang des adultes qu’il y a le culte du tumulte. Au lieu de se garer en tenant compte des autres, il y en a qui s’entête à se coincer devant la porte de l’école, pendant que les autres stationnent sur la voie principale. Pendant que les uns et les autres se suivent pour faire le tour de l’école et rejoindre la grande voie, il y en a qui roulent simplement à contre-courant, dans le sens contraire en rencontrant et en butant contre ceux qui arrivent.

Malgré les invectives et les cris d’indignation, les forcenés s’entêtent et se permettent même de répondre aux injures légitimes des usagers abusés. Quels parents sommes-nous quand en pleine file indienne, un conducteur de grosse cylindré quitte le rang et roule en trombe pour se retrouver nez à nez avec un autre véhicule qui ne fait que rouler à sa droite. Que dire de ces klaxons sempiternels contre le pauvre tacot en panne qui freine l’allure du peloton ? C’est drôle de voir que parfois, nous ne sommes que de grands bambins barbus ou dodus, mordus de caprices indus.

Certains sont imbus de leur propre bévue qu’ils ne savent même pas que l’ignorance existe. Ça fait mal de voir un parent se comporter comme un enfant, mais qu’est-ce que voulez ? Il y a trop de colis encombrants à expédier mais où ? Justement où déverser toutes cette marmaille de taille qui sèment la pagaille dans nos voisinages et dans la ville ? Un voisin qui rentre à 24 heures avec sa voiture remplie de musique et se donne la liberté de klaxonner comme s’il était à un mariage ou dans un marché de sifflets.

Bref, sur le chemin de l’école de mon fils, je continue d’apprendre de la bêtise parentale avec la conviction qu’il ne suffit pas d’être un père viril pour servir de repère utile à sa marmaille. Mais à chacun de répondre sans ambages à la question : suis-je un parent d’enfant ou un enfant-parent ?

Clément ZONGO clmentzongo@yahoo.fr

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