Pari tenu !

Les rideaux sont tombés sur Banfora 2020. Sous le signe du renforcement de la cohésion sociale, les forces vives du pays ont célébré, le 11 décembre dernier dans la capitale régionale des Cascades, les 60 ans de l’accession de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, à la souveraineté nationale et internationale. Pendant près d’une semaine tout le Burkina n’avait d’yeux que pour la cité du Paysan noir, ses grandes figures historiques et ses nombreuses potentialités naturelles et socioéconomiques en quête de valorisation. Le tout couronné par un défilé civilo-militaire au format réduit mais tout aussi coquet comme nous avons coutume de voir et que les Banforalais continuent de commenter. Pourtant, le marathon du soixantenaire de l’indépendance du pays des Hommes intègres n’a pas été de tout repos. Entre une situation sécuritaire erratique dans la bande frontalière et forestière avec la Côte d’Ivoire, les contraintes de la lutte contre la maladie à coronavirus et la polémique inopportune sur le report de l’événement, le doute a plané.

Mais le comité d’organisation a su garder le cap et offrir des festivités presque normales dans un contexte national loin de l’être. Un pari réussi d’un 11-Décembre vécu dans toute sa plénitude de Banfora à Sindou en passant par Niangoloko, Sidéradougou, Mangodara et Moussodougou.

Le premier défi relevé est celui des investissements. Alors que d’aucuns pariaient sur une fête nationale « au rabais », la capitale régionale ainsi que les deux autres principales villes des Cascades ont bénéficié d’investissements exceptionnels dans des domaines prioritaires de l’ordre de 30 milliards F CFA. Et comme pour donner davantage de gage d’assurance, les travaux en cours ont d’ailleurs immédiatement repris devant les visiteurs après la pause du 11 décembre 2020. A part la compréhensive déception de certains défilants qui, après plusieurs séances d’entrainements, n’ont pu prendre part au défilé, l’événementiel était à la hauteur des attentes des populations et même de certains pétitionnaires qui n’ont pas boudé leur plaisir d’y participer.

A ce 60e anniversaire, un symbole en particulier n’est pas passé inaperçu. La cavalerie rouge a décidé de mettre en valeur la tenue traditionnelle des dozos de la région des Cascades. Dans la légendaire tenue, coiffés de bonnets décorés avec des cauris, fusils et besaces aux couleurs nationales en bandoulière, les cavaliers rouges et les dozos ne faisaient qu’un, rappelant, pour le bonheur du public, une identité remarquable de la région des Cascades et partant, de toute la Nation : l’union. C’est du reste la quintessence du message que le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a adressé à ses concitoyens depuis Banfora. Le thème de la célébration 2020, selon le chef de l’Etat est une interpellation collective pour un Burkina Faso résolument tourné « vers l’union sacrée de ses filles et fils, pour faire face aux défis actuels et assurer à notre pays, la sécurité, la santé et le développement économique et social ».

Mais, la concrétisation d’une telle ambition, reconnaît-il, passe nécessairement par un changement de mentalités et de comportements, la culture de la tolérance et du vivre-ensemble, le civisme, le patriotisme, le dialogue inclusif, la prise en compte de nos valeurs culturelles positives, socle de paix et de cohésion. Un discours que d’aucuns ont considéré comme un catalogue de voeux pieux en arguant que le chef de l’Etat ne pouvait changer de logiciel de gestion au regard de certaines considérations du passé. Des objections qui ne sont pas loin de ressembler à des procès d’intention dans la mesure où le premier mandat du président du Faso est toujours en cours. C’est donc son discours d’investiture et surtout la formation du gouvernement qui viendront clarifier davantage ce nouveau cap. Dans cette attente, il faut éviter les querelles de chapelles dignes de cours de récréation d’écoles primaires. Pour l’heure, les populations semblent disposées à suivre le “guide“ et c’est le plus important dans cette quête d’unité nationale et de progrès partagé.

Par Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr

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