Pellicules dans les cheveux : « Elles peuvent cacher une maladie grave », Dr Angèle Ouangré, dermatologue

Les pellicules sont des petits morceaux de peau morte, des squames (cellules mortes blanchâtres) provenant du cuir chevelu.

Les pellicules du cuir chevelu sont des squames fines, sèches, grisâtres sur un cuir chevelu non enflammé. Ce sont de petites particules de la peau morte qu’on retrouve à la surface du cuir chevelu. Ces pellicules sont appelées sur le plan médical en dermatologie pityriasis capitis ou pityriasis simple. Dr Angèle Ouangré, dermatologue au centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo nous parle des types de pellicules, des facteurs de risques, des conséquences, de la prévention et du traitement.

Sidwaya (S) : D’où proviennent les pellicules ?

Angèle Ouangré (A.O.) : L’apparition des pellicules dépend de deux mécanismes essentiellement. Il s’agit soit de l’exagération du processus physiologique de la desquamation de la peau, car la peau se renouvelle par les squames formées de cellules
anucléées, mais augmentées en nombre, c’est l’hyperkératose orthokératosique.
Et de l’élaboration d’une couche cornée anormale faite de cellules cornées nucléées, c’est hyperkératose parakératosique (psoriasis).

S : Quelles sont les diférents types de pellicules ?

A.O : Il existe trois types spécifiques de pellicules ou de squames. Elles peuvent être fines, grisâtres et qui se détachent du cuir chevelu, ce sont les pityriasis simples. Ces squames peuvent être grasses, épaisses, jaunâtres. Souvent, ces pellicules sont accompagnées de
démangeaison (avec prurit). Cela se traduit sur le plan médical par une dermatite séborrhéique (c’est une inflammation de la peau due à la séborrhé) du cuir chevelu (pityriasis stéatoide).

En dehors des squames du cuir chevelu, on peut noter les squames sur le visage, sur le tronc, même sur le pubis au niveau des organes génitaux. C’est une atteinte dermatologique des zones riches en glandes sébacées. Dans le troisième type de squames ou de pellicules, on voit une agglutination compacte de squames à la base du scalp (tête) qui engainent des toufes de cheveux. Il survient dans le cadre d’une dermatose para néoplasique. Si, le psoriasis doit être évoqué, la dermatite séborrhéique prédomine (Pityriasis amiantacé ou fausse teigne amiantacée).

S : Est-ce qu’on peut dire que les squames (pellicules) sont une maladie ?

A.O : Tout ce qui est squames, pellicules sur la tête qui s’enlèvent, qui pèlent ne
doit pas être banalisé. Il peut s’agir juste des pellicules, quelque chose qui n’est pas grave, si ces squames sont fines, grisâtres et ne démangent pas. Cela peut être juste une desquamation physiologique présente. Mais, il y a des cas de figure où, cela traduit réellement une maladie d’où la nécessité de consulter un spécialiste.

S :Qu’est-ce qui provoque une apparition de pellicules ?

A.O : L’apparition des pellicules est une dermite parfois proliférative, inflammatoire. C’est une réaction qui prédomine sur les zones où les glandes sébacées sont importantes et cela est favorisé par la présence de cette levure que l’on appelle malassezia furfur
qui est une levure saprophyte. Parfois, cela peut survenir sur un terrain particulier ou dans un contexte de stress, de trouble, un contexte de perturbation de l’immunité de la peau.
Hyperkératose non inflammatoire du cuir chevelu, provoquée par une levure saprophyte, malassezia furfur, en général peu prurigineuse. Génératrice de nombreuses pellicules gênantes par leur aspect disgracieuse. Il s’agit d’une dermite proliférative inflammatoire polymorphe à dominante érythémato￾squameuse.

S : Quels sont les facteurs de risques des pellicules ?

A.O : Les facteurs de risques des pellicules sont l’humidité ambiante (hypersudation), l’anomalie qualitative du sébum, la prédisposition génétique, anomalies immunitaires, le stress, alcoolisme et pathologies neurologiques (modification de la séborrhée liées
aux désordres neuro-psychiques), l’utilisation du shampoing non adapté à la nature du cuir chevelu.

S : Quelles sont les conséquences ?

A.O : Dans les cas de pellicules banales, le cuir chevelu devient sec ou gras. Il peut être rouge et démange beaucoup pouvant provoquer des douleurs. Lorsque le patient a beaucoup de pellicules, quand celui-ci se peigne, la peau pelée peut tomber sur les habits, sur le corps et cela peut créer chez certaines personnes l’efet disgracieux. Souvent, l’on aperçoit des femmes se grattant le cuir chevelu avec des barrettes. C’est souvent gênant et
désagréable.

S : Comment traiter et prévenir la présence de pellicules dans les cheveux ?

A.O : Pour traiter les états pelliculaires simples, il suft d’utiliser les shampoings anti mycosiques. Dans les états plus sévères avec inflammation du cuir chevelu, il est nécessaire de faire une consultation avec un dermatologue. Pour les prévenir il faut surtout utiliser le shampoing pour efectuer des soins capillaires adaptés. Ces shampoings doivent être sufsamment détergents pour enlever les saletés du cuir chevelu, pour enlever l’excès de sébum du cuir chevelu. Mais, ils doivent être doux pour ne pas détériorer la peau du cuir
chevelu. Il faut avoir une bonne hygiène de vie.

S : Que conseillez-vous aux personnes qui soufrent de pellicules dans les cheveux ?

A.O : Il faut consulter un dermatologue, car la pellicule peut être banale ou cacher une maladie grave à prendre en charge. Il est nécessaire d’utiliser des shampoings adaptés à votre type de peau pour l’hygiène des cheveux. Pour des consultations spécifiques en
dermatologie pour la prise en charge des maladies des cheveux et des ongles, se référer au centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo.

Interview réalisée par :
Wamini Micheline OUEDRAOGO

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