Les commodités et le paquet technologique du port Jebel Ali de Dubaï aux Emirats arabes attirent les commerçants burkinabè. Figurant parmi les ports concurrentiels du monde, l’infrastructure est gérée par la société DP World (Dubaï port international) avec un système informatique de pointe. Cette société aux grandes ambitions envisage une plateforme de port sec à Ouagadougou au Burkina Faso.
Il est 11h 05 mn, heure locale, ce mardi 6 novembre 2018, au port Jebel Ali de Dubaï aux Emirats arabes unis, quand nous y faisons notre entrée. Le ciel est parsemé de nuages et l’horizon plus ou moins brumé réduit la visibilité. Des camions, les uns chargés et les autres vides en quête de chargement dans un terminal, sont engagés dans un défilé incessant. Devant ce spectacle impressionnant, le directeur du Business et du développement de la région Afrique du port de Dubaï, Tarik El Farouki, explique que le port Jebel Ali de Dubaï est constitué d’une zone franche, une zone industrielle, une autre administrative et quatre terminaux.
Il est le 9e port dans le monde employant plus de 10 000 personnes et traversé par au moins 250 lignes maritimes, précise-t-il. Il manipule, ajoute-t-il, 20 millions de containers par an et le premier terminal a été ouvert dans les années 1980. Après une visite d’une quinzaine de minutes à l’intérieur du port, nous sommes au terminal 2 sur lequel, 32 portiques de grues sur rails automatiques et manuelles tournent visiblement à plein régime. Les grues sur rails automatiques sont manipulées à partir d’un champ de contrôle dirigé par des opérateurs. Aussi, une grue peut manœuvrer simultanément quatre containers, lesquels sont généralement classés par compagnie maritime. Le superviseur du terminal 2, Mohammad Farooq, indique qu’il y a des containers 20 pieds et 40 pieds avec une durée de livraison de 20 minutes pour un camion.
Au sein de la DP World (Dubaï port international), le système informatique permet une rapidité de réponse à la clientèle. Des caméras y sont installées un peu partout. De même, si un camion enregistré et disposant d’une carte à puce se présente à la porte du port, le conducteur reçoit l’information sur la place exacte où il doit récupérer son container et le même renseignement est donné à la machine (portique automatique). S’agissant des containers de transports, ils sont généralement stockés à proximité du guet, parce qu’en perpétuel mouvement d’arrivée et de départ.
Les containers vides, par contre, sont stockés un peu plus loin du guet et ceux à frigo sont aménagés de façon spécifique. « Nous avons un département qui s’occupe de la sécurité des employés. Ici, c’est la tolérance zéro par rapport aux restrictions qui doivent être faites concernant la protection de l’humain à l’intérieur du port », souligne M. Farooq.
Un système informatique haut de gamme
Et le directeur du Business et du développement de la région Afrique du port de Dubaï, Tarik El Farouki, de renchérir : « Dubaï Trade est une plateforme informatique lancée en 2006, qui permet de traiter, de valider les documents et de faciliter les opérations de manutention, de transit et de dédouanement. Cela réduit également le temps d’attente au port et à l’aéroport». Cet outil, soutient-il, a généré plus de 40 milliards de dollars au bout de dix ans.
Pour le directeur général de la région Afrique du port de Dubaï, Suhail Albanna, la société DP World, créée en 2005 en remplacement de Dubaï port Autority, opère sur 77 terminaux portuaires au niveau mondial et est présente dans 40 pays. Il précise que DP World est une société ayant pour vocation la facilitation du commerce international. «Avec notre expertise dans différents domaines, nous facilitons le commerce pour diminuer le coût logistique du transport aussi bien pour les pays littoraux que ceux enclavés », signifie-t-il. Pour ce faire, ajoute-t-il, DP World développe sa stratégie autour des ports et les terminaux dans les pays à façade maritime, des zones franches, zones industrielles et zones logistiques dédiées principalement aux pays enclavés.Ceux-ci ayant, de son avis, besoin d’une plateforme logistique capable de donner un service de bout en bout au client avec pour objectif principal de réduire le coût. DP World s’occupe aussi des ports secs et a une plateforme informatique de dernière génération, afin de communiquer avec les différents terminaux, relève-t-il. « Il y a beaucoup de commerçants burkinabè qui viennent faire leurs affaires à Dubaï, parce qu’ici les gens sont accessibles et disponibles et l’environnement est vraiment propice au business. En plus, la présence de beaucoup de nationalités à Dubaï permet à chacun de se sentir chez lui », mentionne Suhail Albanna. Il reconnaît que concernant l’import ou l’export, le coût de transport terrestre et ferroviaire ainsi que de l’exportation des produits du Burkina Faso est plus élevé par rapport à un pays littoral. Qu’à cela ne tienne, soutient-il, beaucoup d’opportunités s’offrent au Burkina Faso qui peut se tirer d’affaires, pour peu que ses produits exportés soient compétitifs sur le marché international.
Un port sec, bientôt à Ouagadougou
En effet, la société envisage mettre en place une plateforme de port sec à Ouagadougou. « Nous avons déjà mis en place ce modèle de port à Kigali au Rwanda et nous sommes en train de le mettre en place à Bamako au Mali. Tout cela connecté à un système d’information qui permet de traquer le cargo, au moment de son départ du port jusqu’à la plateforme logistique dans des centres de consommation au Burkina Faso et les clients burkinabè peuvent avoir leurs produits sur place au lieu de se déplacer à Dubaï », renchérit M. Suhail Albanna. L’objectif de cette vision de développement, convainc-t-il, c’est de rendre accessibles les produits sur le marché burkinabè à des prix nettement inférieurs à ceux habituels. L’exportateur burkinabè va avoir la possibilité de profiter d’autres opportunités de marché, parce qu’il aurait réduit sa facture logistique et être plus compétitif sur l’échiquier économique international, assure-t-il. Il dit avoir entamé des démarches auprès des autorités burkinabè pour que ce projet soit une réalité. « Nous avons eu une rencontre d’échanges avec le ministre burkinabè en charge du commerce sur la vision et les ambitions du Burkina Faso de développer cette logistique. Nous avons compris qu’il y a une étude de faisabilité qui est en cours d’élaboration et nous allons attendre les résultats de cette étude », souligne-t-il. Au niveau de la société DP World, assure-t-il, une étude de marché du Burkina Faso est menée, qui va nous donner des informations plus concrètes sur les possibilités de développement. « Nous sommes dans l’impatience de voir ce projet se concrétiser dans un futur proche », espère le directeur général de la région Afrique du port de Dubaï.
Le chargé de mission de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) à Dubaï, Saïd Sanogo, confirme que le projet est en cours et il fonde l’espoir de voir cette initiative se concrétiser. Il estime que les relations entre les Emirats arabes unis et le Burkina Faso sont au beau fixe dans plusieurs domaines surtout le commerce. « Nous avons entamé des relations fortes avec le port de Dubaï. En attendant la concrétisation du projet de port sec à Ouagadougou, ils sont environ 250 Burkinabè qui empruntent l’axe Ouagadougou-Dubaï par semaine à cause de la facilitation dans les échanges commerciaux.
Kowoma Marc DOH
De retour de Dubaï