Procès de la marche du 29 janvier 2024 à Ouahigouya: 5 condamnations avec sursis, 3 relaxes au bénéfice du doute

Le procès des prévenus de la marche du 29 janvier 2024 a permis de situer les responsabilités.

Le tribunal de grande instance de Ouahigouya a rendu son verdict, le mercredi 21 février 2024, à l’issue du procès des huit présumés coupables poursuivis pour organisation d’une manifestation illicite, attroupements armés et acte de vandalisme causés lors de la marche du 29 janvier dernier

Entamé, hier 21 février, aux environs de 8h30mn, le procès de la marche du 29 janvier 2024 à Ouahigouya a livré son verdict. Un seul prévenu a écopé d’une peine de 36 mois avec sursis avec une amande de 2 millions CFA ferme à payer, quatre autres ont été condamnés à 24 mois assortis de sursis avec un million F CFA ferme que chacun doit payer et les trois autres ont été relaxés au bénéfice du doute.

Il s’agit de Abdoul Aziz Ouédraogo (membre du mouvement jeunesse engagée pour la libération du Nord), Souleymane Sawadogo et Issouf Ouédraogo. Ils ont été accusés d’avoir organiser une manifestation illicite, qui occasionnera un attroupement armé et des actes de vandalisme lors de la marche du 29 janvier 2024. Laquelle marche a occasionné des saccages des biens publics au niveau de l’antenne régionale de la Rtb2 Nord, du palais du roi du Yatenga, Naaba Kiiba, au 12e Régiment d’infanterie commando (RIC) et de la compagnie de la gendarmerie.

A la barre, le 21 février 2024, dans une salle comble de monde, les huit prévenus ont comparu pour se défendre. Tous ont plaidé non coupable. Parmi eux, quatre prévenus que sont le vice-président, le chargé à l’organisation, le chargé à la communication et à l’information et un membre, tous issus du mouvement jeunesse engagée pour la libération du Nord. Selon leur version des faits, tout serait partie de l’association des jeunes commerçants du marché de Ouahigouya. 

« Lors d’une nuit de la veille citoyenne à la place de la Nation, nous avons été approchés pour l’organisation d’un meeting de soutien à la Transition. J’ai donc informé mon président qui réside à Ouagadougou. Nous avons donc tenu une rencontre, mais finalement l’association des jeunes commerçants s’est retirée car son président dit n’avoir pas été informé de la démarche. Mais, nous avions déjà informé la population de ce meeting à travers les groupes WhatsApp, le crieur public et autres canaux », a indiqué le présumé coupable, le vice- président du mouvement.

Et de poursuivre que le 28 janvier soit la veille de la marche, tous les membres des organisations de la société civile ont été reçus par le gouverneur de la région afin de sursoir à la marche. « De retour de cette rencontre, on a envoyé des messages vocaux et fait une vidéo en direct postée sur notre page Facebook informant la population de l’annulation du meeting.

Dans la même soirée, j’ai reçu des menaces de violence sur ma personne comme quoi on aurait reçu de l’argent chez le gouverneur. C’est ce qui justifie son annulation donc ils vont s’en prendre à nous. J’ai informé le reste du groupe et leur demander de se mettre à l’abri. C’est ainsi que moi et le chargé de communication, nous nous sommes refugiés à Baporé, un village voisin », a-t-il confirmé. C’est n’est qu’après qu’ils ont appris qu’une marche a eu lieu à Ouahigouya occasionnant des dégâts, selon ses dires. 

Le mouvement jeunesse engagée auteur de la marche

« Pourquoi n’avoir pas utilisé les mêmes canaux d’information pour informer la population de l’annulation du meeting ? », a demandé le parquet. Le prévenu, chargé de communication a expliqué que le temps était court pour faire appel à un crieur public. « Notre rencontre avec le gouverneur est finie aux environs de 18h.

Donc, c’était difficile de le faire », a-t-il répondu. Aviez-vous une autorisation pour l’organisation du meeting ? Et le prévenu, vice-président de répondre qu’il ignorait qu’on devrait avoir une autorisation avant d’organiser un meeting. « On a déjà organisé un meeting, mais je ne savais pas qu’il fallait une autorisation », a-t-il ajouté. 

Le président du tribunal lui a expliqué que la ville, le pays est régi par des lois nationales, traditionnelles, religieuses. « S’il y a la liberté d’aller et de venir, c’est parce que ces lois sont respectées », a précisé le président. 

Marou Ilboudo, agent judiciaire représentant les victimes à savoir la RTB2 Nord, le Naaba Kiiba, le 12e RIC et la compagnie de la gendarmerie, a demandé qu’une réparation soit faite. Les dommages et intérêts de la RTB2 ont été estimés à 4 644 450FCFA et le RIC a 2 000 050FCA. Le roi du Yatenga, quant à lui, a refusé de se constituer partie civile et a renoncé à tout dédommagement. 

Fleur BIRBA

Abdoulaye OUEDRAOGO

(Stagiaire)

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