RDC : le parti présidentiel se fissure

Alors qu’il déroule son second mandat, avec plusieurs défis à relever, dont l’épineuse question sécuritaire dans l’Est du pays, le chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, voit l’esprit de la division s’emparer de sa famille politique. Des tensions secouent actuellement le parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qu’il a lui-même dirigé et sous la bannière duquel, il a été élu en 2019 et réélu en 2023 à la tête de la République démocratique du Congo (RDC). Les nerfs sont à vif au sein de l’UDPS, à telle enseigne que le linge sale se lave désormais en public. Sur la sellette depuis un bon moment, le Secrétaire général (SG) du parti, Augustin Kabuya, a été désavoué, vendredi 11 juillet dernier, par 30 secrétaires nationaux qui exigent sa démission.
Dans le lot des protestataires figurent des membres influents, dont l’ancien ministre de la Santé, Eteni Longondo et le président de la Ligue des jeunes du parti présidentiel, Emany Dioko, qui font une tonne de reproches à Augustin Kabuya. Entre autres, le SG de l’UDPS est accusé de gestion solitaire du parti, d’utilisation abusive de ses prérogatives, de manque de vision et declientélisme politique.

En contre-attaque, Augustin Kabuya a organisé une conférence de presse, samedi 12 juillet, entouré des membres de l’exécutif national du parti présidentiel, comme pour dire qu’il jouit toujours d’un capital confiance. Aussi, a-t-il signifié que sa légitimité ne peut aucunement être remise en question par « quelques personnes frustrées pour des raisons personnelles ». Au lieu de privilégier le dialogue pour préserver la cohésion à l’intérieur du parti, le SG de l’UDPS a préféré l’esquive, pour ne pas dire le bras-de-fer. La fissure au sein du parti présidentiel semble désormais consommée : deux factions se regardent désormais en chiens de faïence. Il y a l’aile des conservateurs qui soutient Augustin Kabuya et celle des réformateurs, parmi lesquels les 30 secrétaires nationaux qui ne veulent plus sentir le SG de l’UDPS. Ce n’est pas la première fois que le parti présidentiel congolais, crée en 1982, connait des querelles de leadership. Depuis la mort en 2017 d’un de ses fondateurs et leader incontesté, Etienne Tshisekedi (père de l’actuel chef de l’Etat), la maison UDPS connait des guerres d’ego. Jean-Marc Kabund, qui a assuré l’intérim de la présidence de l’UDPS après cette disparition, est tombé en grâce depuis 2022, au point de quitter le pouvoir et de rejoindre l’opposition. Il avait assumé cette responsabilité momentanément, avant que Félix Tshisekedi ne prenne le contrôle du parti en 2018 et ne lui confie à nouveau l’intérim de la présidence de l’UDPS, après sa première élection en janvier 2019.

Avant de quitter le parti présidentiel avec fracas, Jean-Marc Kabund avait été accusé, entre autres, de violences physiques et verbales à l’encontre de certains membres de l’UDPS et d’actes de corruption et d’escroquerie.
Il y a eu également l’exclusion d’un autre cadre, Bruno Tshibala, qui avait entrainé la division du parti en quatre factions : UDPS/Tshisekedi, UDPS/Le Peuple, UDPS/Kibassa et UDPS/Tshibala.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la maison UDPS, sous Tshisekedi fils, ne s’est pas toujours bien porté, malgré l’ascension de celui-ci au sommet de l’Etat. Le président congolais est plus que jamais interpellé à mettre de l’ordre au sein de l’UDPS, surtout que les échéances électorales de 2028 doivent être abordées avec sérénité. L’image de la majorité présidentielle en dépend.

Kader Patrick KARANTAO

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