RDC : Vers le renforcement de la confiance ?

La résolution de la guerre qui déchire, dangereusement, la République démocratique
du Congo (RDC) viendra-t-elle de Doha, au Qatar ? Il est loisible de s’en interroger, au regard des conclusions des différentes rencontres qui s’y tiennent. Car, des pourparlers qui ont déjà eu lieu aux Etats-Unis d’Amérique, en Angola et au Togo, un tel rapprochement prometteur entre les deux ennemis n’a jamais encore été observé.

En effet, suite aux discussions, entre les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda et le gouvernement congolais, entamées depuis le mois de juillet dernier, les parties belligérantes ont fini par conclure le 14 Octobre 2025, à Doha, un accord sur le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu. Ce mécanisme, selon le communiqué ayant sanctionné cette rencontre, supervisera la mise en œuvre d’un cessez-le-feu permanent, enquêtera et vérifiera les violations signalées et communiquera avec les parties concernées afin d’empêcher la reprise des hostilités.

D’emblée, la mise en place d’un tel mécanisme donne des motifs de satisfaction. Il a le mérite de représenter une étape cruciale vers le renforcement de la confiance et la conclusion d’un accord de paix global, tant recherché. Toutefois, on le sait, ce genre d’accord qui s’obtient en plein conflit est souvent de faciès et sans enjeux majeurs sur les recherches de solutions. C’est pourquoi, le souhait de tous est que l’accord de Doha traduise véritablement un engagement sincère des parties prenantes au conflit à mettre fin aux hostilités, à garantir la sécurité des civils et à jeter sur les bases d’une paix durable.

On se rappelle que cette médiation qatarie, soutenue par la communauté internationale et qui s’inscrit dans la mise en œuvre de la Déclaration de principes signée par Kinshasa et le M23 intervient un mois après la création d’un mécanisme d’échange et de libération de prisonniers. Mais, en analysant de près toutes les implications de cette guerre meurtrière, l’on est tenté de se demander quelles seront les chances réelles pour la réussite de cette médiation.

Car, sans trop de pessimisme, cet accord de surveillance du cessez-le-feu est insignifiant dans la résolution du conflit. La raison est toute simple. Tant que le Rwanda n’appliquera pas la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies lui enjoignant de retirer ses troupes de la RDC et tant que la République démocratique du Congo n’aura pas les moyens d’appliquer l’autorisation de la légitime défense, la paix sera une chimère dans cette région. A cela, s’ajoutent les intérêts colossaux de cette crise aux implications tacites, où du supplice du peuple congolais, certaines puissances étrangères semblent tirer profits.

Qu’à cela ne tienne, il importe que le Rwanda et la République démocratique du Congo continuent à dialoguer sur le plan diplomatique et que le M23 puisse négocier avec le gouvernement congolais ainsi que toutes les forces militaires actives dans le pays. En attendant, espérons que la troisième réunion stratégique entre Kinshasa et Kigali, qui se tient les 21 et 22 octobre 2025, à Washington, sous l’égide des Etats-Unis puisse permettre de faire progresser sérieusement les choses dans le sens de la pacification globale de cette partie du continent africain de la région.

Selon les Nations unies, plus de 27,8 millions de personnes en RDC sont confrontées à l’insécurité alimentaire et plus de sept millions ont été déplacées, souvent à plusieurs reprises. Une triste réalité qui commande une synergie des actions, une volonté des parties prenantes pour faire taire, ad vitam aeternam, le crépitement assourdissant des armes pour le bonheur des populations qui n’ont besoin que de la paix.

Soumaïla BONKOUNGOU

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