Salam du Ramadan : Thème central : les relations interpersonnelles, les relations fraternelles, la fraternité religieuse :Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux.

Louanges à Allah, qui a envoyé Son Messager avec la religion de vérité ; religion qui triomphera sur tout autre n’en déplaise aux négateurs. Que Sa paix et Ses bénédictions soient en abondance sur le Messager de miséricorde, envoyé à l’univers comme tel et sur l’ensemble des croyants de tous les temps. L’essence de l’Islam est d’être une religion universelle par excellence comme le dit Allah : « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en tant qu’annonciateur et avertisseur pour l’humanité » (S34 V28). De cette universalité, se crée une communauté (Oummah) de foi au-delà de la diversité raciale, linguistique, ethnique … Entre les membres de cette communauté, Allah a établi les liens sacrés de la fraternité : « Les croyants ne sont-ils pas des frères ? Réconciliez donc vos frères et craignez Dieu, afin de mériter Sa miséricorde » (S49 V10).

Cette fraternité est régie par des principes. Elle a ses exigences. La base de l’Islam, le fondement de toute notre adoration, c’est l’amour. Et il est assez regrettable que cela ne soit pas assez mis en exergue par les musulmans. Allah nous dit, en efet : « Si vous aimez vraiment Allah, suivez￾moi. Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et Miséricordieux » (S03 V3). Allah, dans ce sens, a fait de l’amour le socle de ce lien sacré de la fraternité et même une condition d’acquisition de la foi véritable voire un moyen d’accès au Paradis. C’est pourquoi le Prophète nous dit : « Nul d’entre vous ne sera croyant tant qu’il n’aimera pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même ».

Dans un autre hadith, il dira : « Vous n’entrerez pas au Paradis tant que vous ne croirez pas, et vous ne croirez pas tant que vous ne vous aimerez pas les uns les autres. Voulez-vous que je vous indique une pratique qui répandra l’amour entre vous ? Propagez le Salam entre vous ». Il ne saurait en être autrement puisque nul n’entre au Paradis s’il n’est croyant alors qu’il ne sera croyant que lorsqu’il voudra, aussi, ce Paradis pour son frère. L’égoïsme et l’égocentrisme ne doivent aucunement prospérer entre musulmans puisque selon les précédents enseignements, la générosité, la solidarité et l’altruisme doivent être répandus entre eux.

Afin de bien expliciter les liens sacrés de la fraternité qui unient les croyants,
le Prophète croisa les doigts et dit : « Les croyants sont entre eux comme les briques d’une construction, ils se soutiennent les uns les autres ». Dans une autre parole, il dira : « Les croyants, dans la façon dont ils sont aimants, miséricordieux et solidaires les uns
envers les autres, sont comparables à un corps : lorsque l’un de ses membres souffre, l’ensemble du corps subit l’insomnie et la fièvre faire ». Ce modèle de vie entre musulmans prôné par l’Islam ne signifie aucunement qu’ils doivent vivent replier exclusivement entre eux. Il n’y a pas de communautarisme par lequel on n’est mieux croyant que parce que je suis dans un milieu réservé aux musulmans, je ne travaille qu’avec eux … Cela n’a jamais été une réalité dans l’histoire de l’Islam.

Les musulmans ne doivent, donc, pas, au nom de leur fraternité, vouloir,
exclusivement, tout faire entre eux et pour eux. C’est dans ce sens qu’ils ne doivent pas traverser des quartiers pour payer des articles parce que c’est chez leurs frères. Ils ne doivent pas, lorsqu’ils occupent des postes de responsabilité, ne nommer que leurs frères comme s’ils sont dans une mosquée.

A leurs cérémonies, ils ne doivent pas réserver le service aux seuls membres de leur communauté malgré la présence des autres. S’ils doivent se refuser d’agir ainsi, ils doivent, également, dénoncer lorsque cela est pratiqué ailleurs. Au nom de la sacralité de la fraternité, les musulmans doivent proscrire entre eux un certain nombre de comportements. Le prophète le résume si bien dans une de ses paroles : « Ne vous enviez pas les uns les autres, ne trichez pas dans le commerce et ne vous tournez pas le dos ! Soyez des serviteurs d’Allah et des frères comme Allah vous l’a ordonné. Le musulman est le frère du musulman, il ne l’opprime pas, il ne l’abandonne pas et ne le méprise pas ».

Après quoi, il dit, en désignant trois fois sa poitrine : « C’est là que réside la crainte d’Allah. Le fait même qu’un musulman méprise son frère est déjà un mal en soi. Toute la personne du musulman est sacrée à l’égard de son frère : tant sa vie que son honneur et ses biens ». Parce que la fraternité estsi chère, le Prophète met en garde les musulmans sur ce qui pourrait l’altérer. Il dit, en efet: « Gardez-vous des mauvaises pensées, certes les mauvaises pensées [infondées] sont les propos les plus mensongers.

Ne cherchez pas à connaître les défauts des autres, ne vous espionnez pas, ne surenchérissez pas sur les marchandises pour tromper, ne vous enviez pas, ne vous haïssez pas, ne vous détournez pas les uns des autres. Et soyez esclaves de Allah, des frères ». Dans cette même dynamique : « Il n’est pas licite à un musulman, après avoir entendu une parole de son frère, d’en penser du mal tant qu’il peut l’interpréter en bien ». Il s’agit, également, pour garder une bonne opinion de son frère lorsqu’on ne connait que du bien de lui, d’éviter d’écouter ce qui ne peut être dit en sa présence. Toutefois, il faut signaler que le musulman ne suit pas son frère de manière aveugle.

Le musulman suit des principes et des règles. Ce n’est pas parce que tu es notre frère musulman que même dans ton injustice, nous devons te suivre. Nous avons le devoir de te recadrer. C’est pourquoi le Prophète nous avait prévenu en disant : « Viens en aide à ton frère, qu’il soit oppresseur ou opprimé ». On lui demanda : « Ô Envoyé de Dieu ! l’opprimé, nous viendrons à son aide ; mais l’oppresseur, comment l’aiderons-nous ? » Il leur répondit : « Vous l’empêcherez d’opprimer, et c’est de cette façon que vous l’aiderez ». Aidez son frère, c’est s’aider soi-même puisque c’est un des moyens d’accès à l’aide d’Allah. Il ne faudrait, effectivement, pas oublier que « Dieu vient à l’aide du serviteur aussi longtemps qu’il aide son frère ».

Même en cas de discorde entre eux, cela ne saurait aller loin quand on sait que le Prophète a dit : « Il n’est pas permis à un musulman d’être fâché avec son frère en religion plus de trois jours ! » On se saurait, alors, comprendre que comme épreuve les déchirures que connait le monde musulman. Par ailleurs, la fraternité musulmane demeure même après la mort. Après la mort, un frère ou une sœur a toujours des droits sur ses frères et sœurs vivants. Allah dit à ce sujet : « Et [il appartient également] à ceux qui sont venus après eux en disant : « Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la foi ; et ne mets dans nos cœurs aucune rancœur pour ceux qui ont cru. Seigneur, Tu es Compatissant et Très Miséricordieux »
(S59 V10).

Enfin, rappelons ce verset de l’unité de la Oummah aux musulmans afin qu’ils comprennent que leur élévation ou leur affaiblissement résident dans sa mise
en œuvre : « Et cramponnez-vous tous ensemble au câble d’Allah et ne soyez pas divisés ; et rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous » (S03 V103). Les musulmans du Burkina Faso me semblent une masse dormante, une force inconsciente de ses potentialités.
Il lui suffit de vivre la plénitude de la fraternité pour qu’aucune montagne ne résiste devant eux.

Seigneur Allah, fais-nous vivre la plénitude de la fraternité comme Tu l’a instituée.

NB : La foi musulmane est une foi active qui impose un devoir
de présence.

Dr Inoussa COMPAORE
Imam à l’AEEMB et au CERFI

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