Sénégal : enfin le bout du tunnel ?

Le dialogue national tenu, les 26 et 27 février 2024, à l’initiative du chef de l’Etat, Macky Sall, pour arrêter une nouvelle date de la présidentielle, a débouché sur des recommandations d’intérêt. Au cours de cette rencontre organisée sur fond de contestation et d’appels à la grève générale, les participants ont préconisé que les Sénégalais aillent aux urnes, le 2 juin prochain pour le premier tour. Il fallait, coûte que coûte, dégager une nouvelle échéance, ce d’autant plus que le second mandat de Macky Sall arrive à expiration, le 2 avril prochain.

En plus de fixer la date pour l’élection présidentielle, il était également question de la continuité du pouvoir après la fin du mandat de Macky Sall. En la matière, le dialogue national souhaite que Macky Sall continue à diriger le pays, le temps d’organiser l’élection pour désigner le nouveau président et lui céder les rênes du pays. Le contexte sociopolitique étant explosif au pays de la Teranga , il faut se réjouir du dénouement du dialogue national, même si une bonne partie de la société civile et de l’opposition l’ont boycotté. En ces moments cruciaux, c’est le dialogue qui peut permettre aux Sénégalais, de tous bords, d’accorder leurs violons et de se projeter dans l’avenir.

Depuis le report de la présidentielle, d’abord sine die et ensuite au 15 décembre prochain et l’invalidation de cette échéance par le Conseil constitutionnel, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, est dans la tourmente. Il a plongé son pays dans l’incertitude, un scenario qui n’avait pas lieu d’être. Dos au mur, il se devait donc de trouver la parade pour organiser le scrutin dans un bref délai. S’il est salutaire d’arrêter une date pour la présidentielle, il est également nécessaire de garantir le caractère inclusif du scrutin.

On le sait, l’opposant le plus populaire du moment au Sénégal, Ousmane Sonko, a vu sa candidature rejetéé, à cause de ses ennuis judiciaires. La solution à son exclusion pourrait toutefois venir de la loi d’amnistie envisagée par Macky Sall. Il a promis, à l’ouverture du dialogue national, de saisir l’Assemblée nationale, ce mercredi, avec ce projet de loi qui prend en compte les récents évènements sanglants qui ont secoué le Sénégal. Ce sont, entre autres, la condamnation et l’arrestation de Sonko pour « corruption de la jeunesse » en juin 2023 et les mouvements de protestation contre le report de la présidentielle.

De toute évidence, le choix d’une nouvelle date, dans une période relativement courte, peut contribuer à décrisper l’atmosphère sociopolitique. S’il venait à être acté, le retour de Sonko dans la course à la présidentielle pourrait aussi désarmer les cœurs remplis de frustration et de haine. Le report de la présidentielle par Macky Sall n’a pas été une idée lumineuse, en témoigne la grogne y relative, mais la fixation d’une nouvelle date donne des lueurs d’espoir.

La tempête pourrait retomber totalement dans le pays. Mais encore faut-il, que le président Sall soit véritablement dans de bonnes dispositions pour quitter le pouvoir, comme il a promis. Sa parole a perdu de sa valeur. Le retournement de situation spectaculaire, qu’il a donne à voir, en stoppant le processus électoral, demeurera longtemps dans les esprits. Le Sénégal est considéré comme un exemple de démocratie et tout doit être mis en œuvre pour préserver cette réputation.

Kader Patrick KARANTAO

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