Soudan : les pourparlers de la dernière chance ?

Alors que la communauté internationale fait des pieds et des mains pour pouvoir amener les belligérants de la guerre au Soudan à fumer le calumet de la paix, l’horizon n’est pas près de s’éclaircir. Dans une énième tentative, les Etats-Unis jouent les facilitateurs pour des négociations de paix prévues le 14 août prochain à Genève en Suisse, mais l’optimisme n’est pas vraiment au rendez-vous.

Les deux camps en conflit n’appréhendent pas cette initiative salutaire de la même manière. Si le commandant des Forces de soutien rapide (FSR), le général Mohamad Hamdane Daglo, loue l’invitation américaine à ces pourparlers, se montrant disposer à y participer, le patron de l’armée régulière, le général Abdel Fattah al-Burhan, lui manifeste de la réticence.

Le chef de l’armée soudanaise conditionne sa participation à la rencontre de Genève à un certain nombre d’exigences, dont le retrait complet et l’arrêt de l’expansion des FSR. Va-t-il obtenir cette concession avant d’aller à ces pourparlers qui visent à obtenir « une cessation de la violence à l’échelle du pays, de permettre à tous ceux qui en ont besoin d’avoir accès à l’aide humanitaire et de mettre en place un mécanisme solide de contrôle et de vérification afin de garantir la mise en œuvre de tout accord » ?

Rien n’est sûr. Pour sa part et sous l’égide de la communauté internationale, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, tente par tous les moyens, de convaincre le général Al-Burhan de participer aux assises de Genève et de donner une chance à la paix. Sa conviction est que celles-ci constituent « le seul moyen de mettre fin au conflit, d’empêcher la propagation de la famine et de rétablir la participation civile au processus politique au Soudan ».

Si la volonté de la communauté internationale de faire bouger les lignes dans ce conflit est remarquable, il faut cependant regretter l’attitude du chef de l’armée soudanaise. S’il n’est pas réfractaire au dialogue a priori, le général Al-Burhan fait montre d’une intransigeance de nature à ne pas faciliter une sortie de crise. On espère alors qu’il fera violence sur lui-même pour partager la table avec son ennemi juré dans l’intérêt supérieur du Soudan. Il est véritablement tant que les armes se taisent et que le cours de la vie reprenne normalement dans ce pays.

Les conséquences désastreuses de cette nouvelle guerre qui dure depuis le 15 avril 2023 sont telles que l’on appelle de tous nos vœux à un retour rapide à la paix en terre soudanaise. Les chiffres onusiens ont de quoi enlever le sourire. En effet, le conflit a déjà fait plus de 15 000 personnes tuées à majorité des civils, occasionné plus de 11 millions de déplacés et de réfugiés et plongé du même coup plus de 25 millions de personnes dans une insécurité alimentaire aiguë.

Le tableau est bien sombre et il faut à tout prix que les vieux démons qui se sont emparés du Soudan lâchent prise. La rencontre de Genève dont on souhaite de tout cœur la tenue effective, constitue à tout point de vue, une lueur d’espoir pour les Soudanais qui n’en peuvent plus des guerres à répétition.

Kader Patrick KARANTAO
karantaokader@gmail.com

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