Soudan : ruines et désolation !

Au Soudan, le conflit pour le contrôle du pouvoir, qui oppose les généraux Abdel Fattah Al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo, respectivement Président et vice-président de la Transition, est entré dans sa première année. C’est le 15 avril 2023, que le premier haut gradé cité, chef d’Etat-major de l’armée et le second, commandant des forces paramilitaires ont déclenché les hostilités. Depuis lors, ils font parler la poudre, avec les conséquences y relatives et c’est à qui pourra prendre le dessus sur l’autre. Parce qu’il a échoué à avoir l’intégration sans condition dans l’armée, des forces paramilitaires (la plupart d’entre eux ont fait la guerre au Darfour), le général Hamdane Daglo s’est braqué contre son désormais ex-allié.

S’ils n’en font qu’à leur tête, les deux frères d’armes, qui étaient censés travailler à sortir le Soudan de l’instabilité chronique dans laquelle il est plongé, ont davantage compromis son avenir. Un an après le déclenchement de leur déplorable guerre d’ego, Al-Burhane et Hamdane Daglo ont engendré, ruines et désolation dans leurs pays, qui ne tenait déjà pas debout à cause de l’insécurité. Selon des chiffres de l’Organisation de Nation unies (ONU), le conflit a déjà fait 15 000 morts et environ 8 millions de déplacés et de nombreux affamés.

La famine est une triste réalité, avec près de 18 millions de Soudanais confrontés à une faim aiguë, d’après la même source. Les affrontements entre les deux factions rivales ont provoqué une inflation vertigineuse de l’ordre de plus de 80%, selon la Banque africaine de développement (BAD).

Les prix des denrées alimentaires ont atteint des niveaux très
élevés, tandis que la monnaie, la livre soudanaise a perdu la moitié de sa valeur. La guerre des généraux a mis l’économie du Soudan à genou. Cette situation a d’ailleurs créé une chaine de solidarité hors des frontières du pays.

A l’occasion du premier anniversaire de la guerre, la France a organisé, hier lundi, une conférence humanitaire internationale pour le Soudan et les pays voisins. Plus de 840 millions d’euros ont été promis au Soudan, à l’ouverture de la rencontre, censée coordonner les initiatives de médiation en vue de mettre fin à la guerre dans ce pays.

L’idéal est que ce soutien se concrétise au plus vite, car, il y a une urgence à secourir les nombreuses personnes en détresse. C’est une véritable tragédie humaine qui s’observe dans cet Etat d’Afrique du Nord-Est, dont on avait espéré un avenir meilleur après le coup d’Etat contre, Omar El-Bechir en 2019.

Dirigée par les civils, le gouvernement de transition qui lui a
succédé, n’a tenu que deux ans, puisque les deux généraux, à couteaux tirés actuellement, s’étaient ligués pour le renverser. Les tensions avec l’armée et la crise économique ont fini par causer la perte de ce régime de transition. Alors que Al-Burhane et Hamdane Daglo devaient se donner la main pour sortir le pays de l’impasse, dans le cadre de la nouvelle transition qu’ils étaient censés conduire, les deux généraux semblent s’être érigés en vrais bourreaux du pays.

Si ces deux officiers généraux étaient allés au-delà de leurs intérêts égoïstes, ils n’allaient pas prendre le Soudan en otage, au point de le détruire totalement. Ils doivent pourtant se
ressaisir et donner une chance aux initiatives de médiation qui
piétinent jusque-là. Le Soudan n’est pas leur propriété privée !

 Kader Patrick KARANTAO

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