© : Ollo Aimé Césaire Hien pour Sidwaya.info/sport. Editions Sidwaya

Capitaine des Etalons dames, Charlotte Millogo fait partie des joueuses qui ont offert la qualification historique au Burkina Faso à une phase finale d’une CAN. Fonctionnaire de police et mariée, Charlotte Millogo était de celles qui ont aimé la pratique du football depuis le bas âge malgré la réticence des parents.  Comment la sociétaire de l’USFA a pu convaincre ses parents ? Présente au Maroc à la faveur de la 14e édition de la CAN féminine, quel est l’objectif de l’ancienne joueuse des Lionnes du Houet et des Etincelles à ce rendez-vous continental ? Ce sont autant d’interrogations auxquelles la native de Bobo-Dioulasso a apporté des réponses dans l’interview qui suit.

Comment es-tu venue au football ?

J’ai commencé à jouer au football depuis le bas âge dans le quartier avec des garçons. C’est finalement en 2011 que j’ai intégré les Lionnes de Houet, un club de football féminin de Bobo-Dioulasso.

Le football féminin n’est pas accepté de tous au Burkina. Comment as-tu pu convaincre tes parents ?

Mes débuts dans le football n’étaient pas du tout faciles. Ma mère n’était pas pour. Selon elle, le football est un sport pour les garçons. J’étais obligée de me cacher pour aller jouer. Mon papa, quant à lui, ne voyait que les études. C’est une fois avec les Lionnes et mon admission au BEPC et à l’entrée en seconde, qu’il a commencé à me laisser aller jouer en club. Mais il fallait toujours négocier. C’est avec le Bac en poche que mon papa m’a officiellement autorisé à pratiquer le football. Depuis lors, il m’encourage dans tout ce j’entreprends dans le football.

Joueuse à l’Union sportive des forces armées (USFA), quel bilan fais-tu de la saison ?

Un bilan très positif. Nous avons fait une saison exceptionnelle. Nous avons remporté le championnat national et la coupe du Faso.

Vous avez réussi à offrir au Burkina Faso sa toute première qualification à une phase finale de CAN. En tant que la capitaine, quel est le sentiment qui t’anime ?

C’est un sentiment de joie et de satisfaction. Depuis 2014, nous étions à la recherche de cette qualification. C’est finalement en 2022 que nous l’avons obtenue. Nous sommes fières d’être les premières à offrir cette qualification. Du coup, nous entrons dans l’histoire du football féminin au Burkina.

Défenseure centrale en club, en équipe nationale tu es milieu défensive. Comment arrives-tu à t’adapter à ce changement de poste ?

Ce changement de poste n’était pas du tout facile au début. Mais il faut rappeler que j’ai joué sous la coupe du coach quand j’étais avec les Etincelles. Il me faisait jouer à ces deux postes. Mais une fois avec les Colombes de l’USFA, j’ai toujours occupé le poste de défenseure centrale. En sélection, c’est autre chose. Seul le coach sait pourquoi ce changement de poste. Mais jusque-là, je m’adapte.

Policière de profession, comment arrives-tu à concilier ces deux fonctions ?

A chaque début de saison, je dépose mon programme d’entrainements et de matchs auprès de la hiérarchie. Du coup, quand je suis de service et que je dois m’entrainer, on me libère. C’est la même chose quand j’ai un match. Quant aux sorties internationales, les réquisitions sont déposées auprès de la hiérarchie ainsi que les ordres de missions. Ces documents me couvrent.

Es-tu soutenue par ta hiérarchie ?

Evidement. J’ai toujours été soutenue par ma hiérarchie. Si ce n’était pas le cas, elle n’allait jamais m’autoriser à pratiquer le sport que j’aime tant.

Tu es Mariée et comment as-tu réussi à convaincre ton mari pour qu’il te laisse jouer au football ?

Dans toute chose il y a la compréhension et la confiance. Il m’a connu en tant que footballeuse. Contrairement à d’autres hommes, celui-là m’encourage beaucoup dans ma pratique du football. Il n’était pas dans le milieu sportif. C’est grâce à moi qu’il s’intéresse au sport en général et le football en particulier. Il est présentement mon premier supporteur. Chaque fois qu’il est libre, il assiste à mes matchs tout en me soutenant.

Quel est l’objectif de l’équipe à cette CAN ?

Notre objectif, c’est d’abord de se qualifier pour la coupe du monde. Pour cela, nous devons figurer parmi les quatre meilleures équipes du tournoi. Nous sommes déterminées et nous avons les moyens d’y parvenir. Les filles sont motivées.

Quel est ton objectif personnel à ce rendez-vous continental ?

Mon objectif personnel est de réussir à taper dans l’œil d’un recruteur. J’ambitionne faire une carrière professionnelle en Europe. Mon club de rêve au football féminin, c’est l’olympique lyonnais. Mon club de cœur, le Bayern de Munich avec pour idole, Jérôme Boateng.

Quels conseils as-tu à donner aux parents qui hésitent toujours à laisser leurs filles jouer au football ?

Je conseille aux parents qui jusque-là ,refusent de voir leurs filles jouer au football sous prétexte qu’elles ne vont pas réussir à l’école et n’auront pas de foyers, de ne pas s’en faire. Les filles peuvent jouer au football, réussir dans les études et avoir un foyer.

Interview réalisée par Ollo Aimé Césaire HIEN

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