L’ancien sélectionneur des Etalons, Drissa Malo dit Saboteur est décédé hier à l’âge de 79 ans. L’annonce de la disparition de ce baobab du football burkinabè a été faite par sa famille.

Ses apparitions publiques étaient devenues rares ces derniers mois et il se susurrait dans certains milieux que l’icone du football burkinabè ne se portait pas bien. La famille de Drissa Malo dit Saboteur a annoncé ce 3 novembre, sur les réseaux sociaux, son décès de suite de maladie. L’emblématique entraineur burkinabè tire sa révérence à l’âge de 79 ans après plus un demi siècle consacré au football, d’abord en tant que joueur puis un technicien chevronné sur les bancs de touche du Burkina Faso et de nombreux pays du continent. Né le 24 décembre 1943 à Gaoua, dans le Sud-Ouest du pays, Drissa Malo signe sa première licence de footballeur en 1962 et rallie la Jeanne d’Arc, actuel ASFA-Yennenga. Il est décrit par ses anciens coéquipiers comme un latéral droit rugueux et teigneux, ce qui lui permet d’être appelé dès 1964 en équipe nationale de Haute Volta.

Il y reste jusqu’en 1970, date à laquelle il décide de ranger ses crampons. Le jeune footballeur retraité ne quitte pas pour autant le milieu du sport roi puisqu’il se reconvertit rapidement au métier d’entraineur en passant ses diplômes. Il obtient ainsi son parchemin d’instructeur de la FIFA et de la CAF, la licence A de l’école de football de Cologne, en Allemagne, et le diplôme de 3e degré avec en prime le titre de major de sa promotion. Le moins que l’on puisse dire est que ce sont ses fonctions d’entraineur qui ont révélé Drissa Malo dit Saboteur aux Burkinabè et à l’Afrique. Il effectue alors un premier passage à la tête de l’équipe nationale du Burkina entre 1992 et 1996. Ses hauts faits restent sans conteste la qualification des Etalons pour la CAN 96 en Afrique du Sud. En effet, c’est la première fois que le Burkina Faso se qualifiait pour une phase finale, celle de 1978 la première pour le pays, ayant été suite à une disqualification simultanée de la Côte d’Ivoire et du Mali lors des éliminatoires. Pour se qualifier à cette CAN sud-africaine, les Etalons avaient été pourtant logés dans un groupe très relevé en compagnie du Maroc et de la Côte d’Ivoire. Outre la qualification, les Burkinabè retiennent à l’époque le match héroïque livré par leur équipe, le 22 janvier 1995, dans un stade Félix Houphouët Boigny archicomble.

Le coup de maitre

Saboteur a été le premier entraineur à qualifier, sur le terrain, les Etalons à une phase finale de CAN.

En fin tacticien et grand psychologue, Drissa Malo réussit à galvaniser ses poulains, rapidement menés (2-0) avant la demi-heure de jeu par les Eléphants, et qui finissent par arracher le match nul (2-2) dans l’antre fétiche des ivoiriens. L’audace de Saboteur, lors de son deuxième passage (2006-2007) comme sélectionneur des Etalons, va permettre au Burkina Faso d’engranger ses meilleurs résultats dans le football. Lors d’un après-midi du 7 octobre 2006 en éliminatoires de la CAN 2008, il lance dans le grand bain de jeunes joueurs, devant un stade du 4 août ahuri, avec en face comme adversaire le Sénégal de El-Hadji Diouf, Habib Beye, Henry Camara, Pape Bouba Diop, Tony Silva et autres Lamine Diatta. Ces jeunots, Charles Kaboré, Jonathan Pitroipa et Bakary Koné sont convoqués et titularisés pour la première fois avec les Etalons. Pari réussit et un pied de nez de l’inflexible Saboteur à ses détracteurs puisque ce jour-là, ses poulains remportent le gain du match grâce à un pénalty provoqué dans le dernier quart d’heure par…Jonathan Pitroipa. Cette génération qu’il a lancée a écrit, 10 ans après, les plus belles pages de l’histoire du football burkinabè. Sur le Continent, Drissa Malo Saboteur était également un technicien respecté. De la Côte d’Ivoire, au Niger en passant par le Gabon, le Congo, le Mali et la Tunisie, il a fait montre de sa maestria dans la gestion des hommes et le coaching.

C’est surtout en Côte d’Ivoire et à l’ASEC d’Abidjan (1986-1987 et 2001-2002) qu’il laisse des traces indélébiles, surtout lors de son second passage au cours duquel il est sacré champion de Côte d’Ivoire avec les jaune et noir. L’histoire retiendra que son dernier club qu’il a coaché dans sa carrière est l’ASEC de Koudougou lors de la saison 2020-2021 et qu’il a d’ailleurs emmené en demi-finale de la Coupe du Faso ainsi qu’à la 4e place du championnat. Intransigeant et avec un franc parler qui dérangeait très souvent, Saboteur, ce commissaire de police de grade exceptionnelle à la retraite, Dr en droit avec comme spécialité la criminologie, reste pour le moment le meilleur technicien local que le Burkina est connu.

Sié Simplice HIEN

Laisser un commentaire