Après la demi-surprise qu’a créé le président Banssé en se déclarant non partant pour sa succession à la tête de la fédération burkinabè de football, une autre surprise du chef est venue rebattre totalement les cartes de cette élection, avec la candidature du colonel-major, Oumarou Sawadogo, bien connu dans le landerneau du Faso foot pour avoir été à la tête du comité exécutif de l’équipe militaire pendant un temps appréciable.
Avant d’aller plus loin dans l’analyse de ce nouveau candidat, il ne serait pas superflu de rendre un hommage mérité au sortant, Lazare Banssé qui a su privilégier l’intérêt supérieur du sport-roi, au détriment de sa personne, preuve qu’il a une haute opinion de l’Etat et un sens élevé du devoir et des responsabilités qui en découlent.
Une haute estime de l’Etat dont pourrait se targuer le colonel-major Sawadogo au vu de son background et de la discrétion dont il a su faire montre tout au long de sa carrière militaire riche et honorable. Militaire de la « vieille école “, cornaqué par des hommes d’honneur et de parole, comme les généraux Lamizana et Baba Sy et le colonel Félix Tiemtarboum, »Fakié” (papa en langue malinké) a cultivé le sens de l’humilité et du devoir bien fait de ses bâtisseurs de notre armée nationale.
« Enfant » du vieux Ouagadougou des années 70, il a grandi dans le « triangle d’or » du football ouagalais (Dapoya, Koulouba, Bilbalogho et son extension de Gounghin), lui le natif de Nemnin qui n’hésitait pas à faire des excursions dans ces quartiers culturels et sportifs par excellence de la ville capitale. C’est dire qu’il connaît aussi bien les dirigeants et sages du passé comme ceux d’aujourd’hui, ce qui ne sera pas de trop pour rassembler la famille après les épisodes désolant que nous venons de vivre.
Autre atout familial cette fois, il est le jeune frère de l’avocat Harouna Sawadogo qu’on ne présente plus, et dont le carnet d’adresses pourrait lui ouvrir de nombreuses portes à l’étranger aussi bien dans les chancelleries que dans le milieu du sport. Maître Sawadogo est en effet un homme du monde familier des palais présidentiels et des milieux financiers et bancaires, et il pourrait être un apporteur d’opportunités pour notre football.
Faut-il le rappeler, l’actuel président de la FIFA, Gianni Infantino, a un profil quasi similaire et sans se risquer à dire que les deux hommes se connaissent, on peut parier qu’ils ont des amis communs. Mais, disions-nous, le principal atout du colonel-major demeure lui-même au regard de son affabilité, de sa capacité à arrondir les angles et de son profil de grand commis de l’Etat. Plus d’une fois, nous avons souligné dans cette rubrique, la nécessité de privilégier les profils pointus dans le choix du futur président de la fédération, et, avec le nouveau venu, il y a peu à dire à ce niveau.
Mais, comme tous les hommes, il a des défauts, notamment cette bonhomie qui le caractérise et peut-être handicapante dans ce milieu passionné et passionnel qu’est le football. C’est vrai qu’il a dirigé l’équipe militaire, mais à ce niveau, la discipline faisant la force principale des armées, les antagonismes n’étaient pas si aiguisés. Mais le haut gradé saura, nous l’espérons, faire violence sur lui-même pour trancher dans le vif en cas de besoin. En tous les cas, sa candidature remet du sel dans une campagne dont on nous dit qu’elle sera très disputée. A moins que la carrure du colonel ne mette tout le monde au pas. Faites vos jeux, rien ne va plus.
Boubakar SY