Elu président de la Fédération burkinabè de football, le samedi 31 août dernier à Ouagadougou, à l’issue de l’assemblée générale élective, le colonel-major de l’armée burkinabè à la retraite, Oumarou Sawadogo, compte remettre sur les rails le sport roi burkinabè secoué depuis quelques années par des crises sans précèdent.

Monsieur le président, une victoire méritée selon vous ?

Je ne dirai pas une victoire méritée, mais, une victoire collective. Je le dis parce que nous sommes maintenant une équipe. Nous sommes appelés à travailler ensemble. De ce fait, si nous commençons à tirer la couverture sur nous-mêmes, c’est ignorer le mérite des autres. Dans les principes de valeurs que je prône, je l’ai baptisé la Clarté avec le C qui représente la collégialité à notre niveau. C’est dans ce cadre que je répète que nous sommes une équipe et que nous devons travailler ensemble.

Avec le refus de certains au départ pour le consensus, n’avez-vous pas craint à un boycott des partisans de ces derniers au vote ?

Il est vrai qu’on ne pouvait pas être totalement confiant, notamment avec le refus de quelques-uns pour le consensus. Mais, nous n’avions jamais fermé la porte. Nous nous sommes dit que tôt ou tard, ils finiront par comprendre s’ils sont des amoureux du football. Ils finiront par comprendre que nous dévons évoluer ensemble si toutefois nous voulons réussir. Je crois que c’est cette confiance et la main tendue que nous gardons toujours envers tous ceux qui veulent nous accompagner, qui fait que nous finirons par nous entendre pour le bonheur du football burkinabè.

Comment avez-vous fait pour finalement convaincre Ali Guissou à vous rejoindre ?

Il y avait une incompréhension. Quand vous ne vous asseyez pas pour discuter, pour échanger les uns avec les autres, il est très difficile de trouver un terrain d’entente. Effectivement, dès le début, nous avons tout fait pour entrer en contact avec monsieur Ali Guissou. Mais, il n’avait jamais fait l’approche. Je crois qu’avec nos différentes sorties de terrain, puis les commentaires qu’il a dû entendre de part et autres, il s’est finalement interrogé pourquoi ne pas rejoindre pour que nous travaillons ensemble. Il a pris conscience qu’il ne faut pas qu’il se mette en marge, car, ça n’arrange personne.

Qu’en est-il maintenant de Jonathan Pitroipa qui ambitionnait lui aussi candidater ?

Lui aussi n’est pas à l’écart. Il m’a félicité et m’a rassuré de sa disponibilité à m’accompagner. Je lui ai promis qu’on gardera toujours le contact. Pour dire que je n’écarte personne. Chacun sera employé selon ce qu’il peut nous apporter, et ce que lui-même consent nous apporter.

Quelles seront vos priorités à la tête de la Fédération ?

Ma première priorité est d’entamer le championnat national. Jusque-là, il n’y a pas de calendrier. Alors que si nous ne commençons pas à temps, nous risquons encore d’être débordés. Parce que, je doute fort de l’état de fraîcheur de nos joueurs. Quand je prends l’exemple de nos deux représentants en campagne africaine interclubs que sont l’AS Douanes et l’EFO, qui se sont qualifiés pour le tour suivant, je ne sais pas quel est le temps de repos dont les joueurs ont bénéficié. Vous n’ignorez pas les conditions de récupération de nos joueurs qui sont différentes des joueurs en Europe où on peut requinquer un élément en moins de 48 heures. Chez nous, c’est un peu difficile. Donc, notre premier cheval de bataille, c’est vraiment la reprise du championnat. Bien que n’ayant pas encore pris des consignes, nous avons eu des contacts avec la Ligue de football professionnelle, pour essayer de nous fournir un calendrier d’ici la fin de semaine. Nous espérons le démarrage du championnat dans un bref délai.

Quels sont selon vous les maux qui minaient le football burkinabè ?

Tout simplement parce que les acteurs étaient divisés dans ce milieu de passion qu’est le football. Cela a joué sur l’ambiance au niveau des joueurs, des dirigeants et même tout l’environnement. Il y avait plus de polémiques que de jeu sur le terrain.

Quelle place réserverez-vous au football féminin et à celui des jeunes ?

Le football féminin et celui des jeunes occupent une place de choix dans notre programme.C’est l’enfant d’aujourd’hui qui devient l’homme de demain. Nous allons pour cela, mettre l’accent sur la relève. Dans notre pays, le football des jeunes a besoin d’une organisation. Nous allons nous y atteler. Quant au football féminin, il a besoin d’une visibilité. Les matchs à ce niveau se disputent le plus souvent dans la matinée. Ce qui fait qu’il n’y a pas de spectateurs. Nous allons essayer de voir s’il faut les faire jouer en levée de rideau lors des matches du championnat A, ou programmer leurs matches dans les après-midis.

C’est quoi le FREE-Foot qui a été le thème de votre campagne ?

Le FREE-Foot résume la résilience qui symbolise la lettre R. C’est pour dire que quelles qu’en soient les conditions, nous arrivons toujours à jouer au football. Nous allons continuer dans ce sens pour y amener encore plus de personnes. Il est vrai qu’on parle de football émergent. Mais, il ne faudrait pas que ça soit seulement dans les centres de formation qu’on a la relève. Nous allons aussi essayer d’explorer dans les régions, car, il y a des talents bruts.

Que pensez de la bourse ou de la subvention allouée aux clubs ?

Disons-nous la vérité, la bourse et la subvention ne sont pas un droit mais une faveur. C’est une faveur que l’Etat octroie aux clubs. Et nous sommes l’un des rares pays où l’Etat contribue beaucoup au niveau du football. Il faudra qu’on s’attende un jour à ce qu’elles soient supprimées. Je ne voudrais pas que ça soit sous mon mandat, mais, il se pourrait que ça arrive. Il faut que les clubs travaillent à être indépendants. Il ne faudra pas qu’on attende tout de l’Etat. Même à la Fédération, c’est ce que nous allons essayer de faire. Beaucoup de nos clubs sont dirigés à partir de la bourse et de la subvention. Ces clubs en question ne peuvent pas fonctionner sans ces subventions de l’Etat.Il y a des dossiers urgents à gérer comme le cas des joueurs recalés de la sélection nationale tels Bertrand Traoré et Issoufou Dayo notamment.

Comment comptez-vous vous y prendre ?

Permettez que nous prenions les consignes et nous allons essayer de comprendre. Parce qu’il y a beaucoup de choses qui se disent par rapport à eux. Nous n’avons pas d’informations. Une fois en place, nous allons essayer de comprendre la situation et nous allons aviser.

Si ce ne sont pas des critères objectifs, pourquoi les recaler ? Quel est l’état des comptes qui vous a été légué ?

Jusqu’à présent, je ne peux rien dire. J’attends la prise des consignes pour essayer de voir avant de me prononcer. Il est vrai qu’on aime dire que l’administration est une continuité, mais, avant toute prise de service, vous devez vous assurer que tout ce qu’on vous passe comme consignes soient bien claires. Si vous ne le faites pas et que vous vous engagez, vous devenez comptable de ce qui s’est passé. Je crois quand même que ce n’est pas après 40 ans de service que j’irai prendre des consignes comme un jeune fonctionnaire naïf. Avant de prendre des consignes, nous allons nous assurer que tout est clair avant de nous engager. Je vais profiter de vos colonnes pour demander au public sportif burkinabè de nous accompagner. Nous sommes conscients que tout ne sera pas rose. Il y aura des moments difficiles. Et c’est à ce moment qu’on aura vraiment besoin de lui.

Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO

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