Travailleur de l’ombre, l’infatigable Adama Guira, 36 ans, a surpris plus d’un en mettant fin à sa carrière. Retour sur le périple riche et mouvementé d’un globetrotter qui a connu pas mal de clubs.

Comment se porte Adama Guira aujourd’hui après sa grave blessure en janvier dernier lors du match Burkina-Algérie à la CAN 2023 ?

Je me porte très bien actuellement. J’ai complètement récupéré de cette blessure. Je ne peux que rendre grâce à Dieu.

Comment t’es-tu senti surtout mentalement quand tu as su la gravité de ta blessure les heures qui ont suivi ?

Quand je suis sorti du terrain, sur le coup, je ne pensais pas que c’était assez grave. Je pensais que c’était juste un petit problème à la cheville. Avec l’adrénaline, je ne sentais pas trop la douleur. J’étais concentré à suivre le match depuis le banc de touche. C’est à la mi-temps que je ne pouvais plus me tenir debout. Les médecins ont rapidement décelé une rupture du tendon d’achille.

Cette blessure a-t-elle un lien avec ta décision récente de mettre un terme à ta carrière ?
Je dirai oui, même si c’était déjà acté que j’arrêterais avec la sélection après la CAN. Mais, j’envisageais toujours de continuer en clubs.

Qu’est ce qui a milité pour cette décision brusque d’arrêter ta carrière ?

D’abord, ça été une récupération assez lente et longue. Durant cette période de convalescence, j’ai pris le temps de bien réfléchir. Et en même temps, j’ai découvert en moi d’autres habilités qui me permettraient d’être actif et d’entamer une nouvelle vie pleine d’enthousiasme.

Après ce clap de fin, dans quoi Adama Guira va se reconvertir ?

(Rire) Vous le saurez bientôt.
A partir de quel moment de ta carrière as-tu commencé à penser à ta reconversion ?
Il faut dire que depuis un bon moment. J’ai beaucoup voyagé dans le monde. J’ai découvert pour cela plein de choses. Je me suis toujours formé dans d’autres domaines. Je pense que je pourrais m’adapter facilement à une nouvelle fonction.

Adama Guira a été très patient en équipe nationale avant d’en être un titulaire indiscutable. Penses-tu avoir été sous-estimé à un certain moment ?

Je ne dirai pas que j’ai été sous-estimé. Car, le fait même d’être déjà sélectionné pour ton pays témoigne d’une grande considération. Après, ce sont les choix des entraîneurs et aussi la grande qualité des joueurs qui sont titulaires. Cela pourrait être un exemple aussi pour les nouvelles générations. Comme quoi, il faut toujours être patient, travailler et attendre son moment.

Quels ont été tes bons et mauvais souvenirs avec les Etalons ?

Je garde toutes les fois que j’ai été sélectionné comme de bons moments. Mais, particulièrement après avoir gagné une médaille lors d’une Coupe d’Afrique des nations. Comme mauvais souvenir je dirai ce match de classement contre le Cameroun lors de la CAN 2021. Et évidemment cette blessure en Côte d’Ivoire où je pense que je m’étais bien préparé pour faire un bon tournoi.

Et en club ?

En club, c’est le fait de participer à des compétitions européennes, d’avoir eu 2 médailles d’argent en championnat et en coupe au Danemark. Je n’oublie pas que j’ai contribué à la montée en D1 de mon équipe Qingdao Hainiu en Chine, mais aussi quelques reconnaissances individuelles.

Tu as connu plusieurs clubs en Europe et en Asie. Lequel t’as le plus marqué ? Et pourquoi ?

Je dirai que mon passage au Danemark a été le plus abouti. C’est un championnat très attractif et très animé. J’y ai vraiment passé de bons moments. Il y a aussi le RC Lens, un club historique avec un public incroyable. Le fait d’en avoir mis pied restera également gravé dans ma mémoire.

Pourquoi avoir passé seulement une saison au RC Lens ?

Cela a été purement de ma volonté de partir du club. J’avais signé pour 3 saisons. Le début a été un peu difficile avec des blessures et une absence due à la CAN 2017. Et dans la foulée, j’ai reçu un appel d’AGF du Danemark. Je connaissais très bien le coach de cette équipe. Il me voulait et nous avons trouvé un terrain d’entente avec Lens.

Ton poste est aujourd’hui un des secteurs cruciaux du football. Quelle qualité faut-il avoir pour être un bon milieu défensif ?

Un milieu de terrain est l’organe central de l’équipe. Il faut avoir presque toutes les qualités pour y évoluer. Le joueur qui est à ce poste est le plus souvent le maillon essentiel de l’équipe. Des fois de façon invisible mais souvent mis en lumière.

Quel joueur vois-tu actuellement dans l’écurie des Etalons qui pourrait être ton digne successeur ?

Bon successeur serait trop dit. A ce niveau, l’équipe est très bien fournie depuis un moment. L’on voit que le coach a même l’embarras du choix des fois. Ce qui est très bien dans l’évolution de l’équipe.

Quelle appréciation as-tu aujourd’hui de l’équipe nationale ?

Le bilan est positif, car, elle a déjà validé son ticket pour la prochaine CAN. L’effectif est bien étoffé. Ce qui augure de lendemains meilleurs.

Avec le recul, estimes-tu avoir fait de bons choix dans ta carrière ?

Je suis un croyant. Je pense que les décisions que j’ai prises durant ma carrière étaient prédestinées. Tous les choix que j’ai faits m’ont été bénéfiques d’une manière ou d’une autre.

Quelles ont été les personnes les plus importantes dans ta carrière ?

Je dirai sans doute ma famille. Je n’oublie pas Daouda Sanou Famoso, ainsi que mes différents formateurs, mes professeurs etc. Je ne saurais citer ici toutes ces nombreuses personnes qui ont contribué à la formation de l’homme que je suis aujourd’hui. Merci à tout le monde.

Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO

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