Prononcer son nom dans le milieu d’une certaine génération de fanatiques du football, surtout du côté de Bobo-Dioulasso et les compliments sur l’homme pleuvent. Grand formateur, Oumar Diané a beaucoup apporté au football burkinabè dans le domaine de la relève. Trajectoire

 Amadou Traoré Le Rouquin, Ousmane Zoungrana, Tahirou Bangré dit Zimako, Rogatien Traoré, François Bado, Aboubacar Fofana, Seydou Ky, Ibrahim Traoré dit Baya, Sidi Napon, Assimi Zerbo, les feux Gabriel Gnimassou, Lamoussi Kaboré, Oumar Cheickna Ki, etc., sont de grands noms du football burkinabè. Chacun, selon son époque, a laissé ses empreintes dans l’histoire du sport roi au pays des Hommes intègres. Ces joueurs ont un dénominateur commun : être passé par le même formateur à leur bas âge. Il s’agit de Oumar Diané.

Grand passionné de la chose footballistique,primaire  pour le football de ce septuagénaire est né depuis l’école primaire. « Je participais avec plaisir aux différentes compétitions interscolaires. C’est là que j’ai véritablement commencé à aimer le football », raconte-t-il. Chemin faisant, ce grand supporter du Hafia FC de Conakry, des Silures de Bobo-Dioulasso et de l’Association sportive des fonctionnaires de Bobo-Dioulasso (ASFB) est proposé en 1973 pour encadrer les tout-petits de l’ASFB. Proposition qu’il a acceptée « volontiers ».

A travers les compétitions de l’Organisation des sports à l’école primaire(OSEP) et de l’Union des sports scolaires et universitaires du Burkina Faso (USSU-BF), Oumar Diané repère les jeunes talents. Il les convainc de rejoindre son équipe. Ce sont les cas d’Amadou Traoré dit Le Rouquin, qui a fait les beaux jours plus tard de l’ASFB, de l’ASFA-Y, de l’USFA et des Etalons, de même que Taïrou Bangré dit Zimako, ex-ministre des Sports et ancien sociétaire de l’ASFB.

 « Nous dormons dans sa chambre la veille des matchs »

Outre ses qualités dans l’encadrement des jeunes, Amadou Traoré dit Le Rouquin a informé qu’Oumar Diané était un bon chroniqueur sportif.

Avec l’équipe minime de l’ASFB vers les années 74, Le Rouquin se rappelle d’un « grand » monsieur humble, très calme et très généreux. « Il nous traitait comme ses enfants et comme ses amis. Nous étions très contents de jouer dans son équipe. A la veille d’un match, il internait tous les joueurs chez lui à ses frais. Nous dormons tous chez lui. Le matin du match, son épouse nous sert le café. Taïrou Bangré et moi particulièrement dormions dans sa chambre et sur le même lit avec sa femme à côté », se souvient avec le sourire Amadou Traoré Le Rouquin. Taïrou Bangré dit Zimako a rejoint les minimes de l’ASFB à l’âge de 11-12 ans. « Nous étions des jeunes qui venaient de
découvrir le sérieux dans le football. Sérieux que nous a bien
appris coach Diané », se réjouit Zimako. Il garde toujours dans un coin de sa tête, le souvenir des matches « hippiques » de leur catégorie entre l’ASFB et le RCB sur le terrain de l’USFRAN. « A l’époque, quand nous croisons le RCB avec feu Isaïe Traoré capitaine et moi le porteur du brassard de l’ASFB, c’était de grands matches. Inoubliable ! », s’exclame l’ex-ministre des Sports.

Un grand pédagogue

Pour Sidi Napon, coach Diané a appris la discipline et la rigueur.

Il a informé que son pseudonyme Zimako qui lui est resté collé a comme parrain, Oumar Diané. « Un jour, il m’a dit que je jouais comme Jacques Zimako, que je ne connaissais pas. Depuis, le nom de l’international français ne m’a plus quitté », avoue-t-il. M. Bangré reconnait avoir appris beaucoup de choses avec Oumar Diané. « C’est un grand pédagogue. Il sait parler aux gens. Je lui dois tout dans ce que j’ai fait dans le football », confesse-t-il. Cadet d’Amadou Traoré dit Le Rouquin et Taïrou Bangré dit Zimako, Sidi Napon a aussi apprécié son passage dans la formation minime de l’ASFB
sous Oumar Diané. « Je logeais un peu loin du terrain d’entraînement. Ce qui fait que je n’honorais pas toutes les séances d’entraînement. Le jour que j’y allais, il me dépose à la fin à la maison. Souvent, il venait me chercher avec sa moto Vespa.

Entre temps, nous avons déménagé et je suis allé encore plus loin. Ce qui fait que j’ai carrément arrêté avec l’ASFB.

Malgré tout, coach Diané ne m’a pas oublié. Il me suivait toujours et venait suivre mes matches », se remémore l’ex-entraîneur adjoint des Etalons vice-champions d’Afrique 2013. A ses dires, Oumar Diané lui a appris la discipline et la rigueur.

Des qualités de chroniqueur sportif

Outre son bon œil dans la détection de jeunes talents et de leur encadrement, coach Diané avait les qualités d’un

Taïrou Bangré avoue tout devoir à Oumar Diané dans ce qu’il a pu faire dans le football.

chroniqueur sportif et n’hésitait pas à imiter certains d’entre eux. « Très souvent il m’amenait dans son village. En route derrière sa moto, il me remettait un talkie-walkie où il imitait les grands chroniqueurs de l’époque. Il connaissait par cœur tous les noms des joueurs du Hafia FC de Conakry. De même que les noms de tous les joueurs maliens et zairois (actuel RD Congo). Et quand il commente un match entre ces équipes, tu te croirais au stade », révèle Amadou Traoré dit Le Rouquin. De tous les jeunes qu’Oumar Diané a vu passer, l’un l’a véritablement marqué à cause de ses grandes qualités de footballeur. Il s’agit de Rogatien Traoré, ainé d’Isaïe Traoré. C’est d’ailleurs grâce au géniteur d’Alain et Bertrand, Isaïe que coach Diané a recruté Rogatien. « Isaïe est venu m’informer qu’il a un grand frère qui aime bien le football mais ne veut pas jouer. C’est ainsi que j’ai tout fait pour l’amener à l’ASFB et j’ai découvert que c’était vraiment un phénomène », relate Oumar Diané. N’ayant plus rien à prouver avec les jeunes des Buffles de Sikasso-Cira, il hérite en 1987 de l’équipe 1re de l’ASFB alors reléguée en D2.

Radié de l’ASFB

C’est après cela qu’il allait connaître un divorce passager avec son club de cœur. Cela, à la suite de sa radiation de l’ASFB par les dirigeants d’alors. « J’ai été radié de l’ASFB après un match contre une équipe nigérienne au Niger alors que je n’étais pas du voyage. On m’a accusé d’avoir monté les joueurs de lever le pied », explique-t-il. Ainsi, durant cette période sabbatique, coach Diané a fait l’objet de convoitises d’autres clubs dont le rival RCB. Par amour pour l’ASFB, il n’a pas donné de suite à la requête des
Tigres de Diarradougou. « L’histoire faisant son chemin,
plus tard, ceux qui ont manœuvré pour qu’on me radie ont connu, à leur tour, le même sort », se plaît à le dire M. Diané. Sans coach après cette mise à l’écart du staff dirigeant, le ministère des Sports dépêche Pihouri Webonga à la rescousse. « Arrivé, on lui a proposé un adjoint. Il a refusé ce dernier et a exigé que je sois son suppléant », explique-t-il. Oumar Diané y restera quelques années. Sous le poids de l’âge, l’homme du haut de son mètre 70 pour 70 kg a décidé il y a une décennie de mettre fin à sa carrière. Agent municipal à la retraite, Oumar Diané, marié et père de 6 enfants. reste un grand serviteur dans l’ombre du football burkinabè, qui n’a jusque-là pas encore
obtenu une reconnaissance de la nation.

 

Yves OUEDRAOGO

 

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