Ancien international burkinabè de 2006 à 2016, Mohamed Koffi est, depuis mars 2024, l’intendant des Etalons A. Poste clé dans le staff technique, l’ancien milieu de terrain de Al-Ettifaq Football Club nous parle de sa reconversion, son rôle d’intendant, les difficultés qu’il rencontre et les relations qu’il entretient avec les joueurs.
Koffi est-il pour le moment satisfait de sa reconversion après avoir mis fin à sa carrière ?
Je suis très heureux car Dieu a fait de moi ce qu’il voulait en tant que joueur et aujourd’hui en tant qu’un élément du Staff de la plus grande catégorie de football de notre pays qui est l’équipe nationale A. S’il m’a gardé dans ce milieu du sport c’est qu’il a d’autres missions à me confier dans le futur.
Quel est ton rôle exact dans le staff des Etalons ?
Je suis intendant de l’équipe nationale A. Je m’occupe des documents et de l’organisation des voyages de l’équipe nationale. Un peu plus loin, j’ai l’œil un peu partout pour qu’on ait une équipe nationale meilleure que la nôtre en son temps. Mais avant tout, je suis l’aîné et l’ami de mes jeunes frères que j’aime bien.
Comment s’organise du début jusqu’à la fin chaque regroupement des Etalons ?
Pas de véritable sommeil. A partir de la première semaine avant les envois des convocations jusqu’au retour des joueurs dans leurs clubs.
Quelle qualité, selon toi, faut-il avoir pour occuper un tel poste ?
Pour occuper un tel poste, il faut savoir lire et écrire. Il faut être un homme à tout accepter (fair-play), avoir l’oreille pour écouter tout le monde, avoir les yeux sur les documents 24 heures sur 24, être une personne exemplaire, une personne qui s’oublie lui-même pour les autres, accepter d’être oublié quand ça marche pour l’équipe et réprimander ou insulter par certaines personnes quand ça ne marche pas pour l’équipe. Il faut être éveillé à tout moment et prêt à n’importe quelle heure pour répondre aux besoins de l’équipe nationale. En résumé, il faut être comme un père pour les joueurs.
Quels genres de relation entretiens-tu avec les joueurs et le staff technique ?
Ma relation avec le staff est très simple. Nous sommes d’abord une famille avant le travail. Et concernant le travail, j’ai le rôle d’informer le staff technique des nouvelles bonnes ou mauvaises concernant les joueurs. Le sélectionneur doit être au courant de l’arrivée des joueurs où de l’indisponibilité des joueurs. Ensuite, c’est au tour des médecins et kinés d’être informés. Ma relation avec les joueurs reste entre les joueurs et moi (Rire).
Quelles sont les difficultés que tu rencontres en tant qu’intendant des Etalons ?
Il n’y a pas de difficultés pour le manager qui sait pourquoi il est là. Que ça aille ou pas, il assume tout. J’ai souvent besoin que quelqu’un sache reconnaître les efforts fournis, car on se sacrifie juste pour l’amour du drapeau.
Quels conseils donnes-tu aux joueurs qui t’approchent lors des regroupements ?
Comme j’ai signifié plus haut, je suis comme un grand frère ou un père pour les joueurs. Donc imaginez quels genres de conseils un père peut donner à ses enfants.
En plus d’être un père, je fus un footballeur professionnel et international. Le football est une profession qui exige le courage et la patience pour espérer le bonheur. Le métier de footballeur est comme un éclair. Ça passe trop vite. Aujourd’hui, tu es la star aux yeux de tous et demain peut-être tu seras dans les oubliettes. Donc, ils doivent saisir cette chance qu’ils ont aujourd’hui en donnant le meilleur d’eux-mêmes pour ne pas regretter demain quand la vieillesse se fera sentir.
Tu es aussi un entraîneur diplômé, exerces-tu souvent avec une autre équipe ?
Oui, je suis un entraîneur diplômé. Je remercie au passage tous ceux qui ont sacrifié leurs sommeils, leurs temps et leurs savoirs pour que cela se réalise. Concernant l’entraînement, j’apporte mon aide à certaines équipes et joueurs qui en ont besoin.
Mohamed Koffi un jour entraîneur d’une catégorie des Etalons, est-ce envisageable ?
D’abord je continue à me former pour pouvoir répondre présent un jour dans différents clubs en Arabie Saoudite, au Qatar et en Egypte où j’ai vécu pendant 16 ans. Maintenant, si le rêve de l’équipe nationale se réalise un jour, je serai l’homme le plus heureux du monde et fier d’être coach après avoir été joueur de mon pays. Je pense que les coachs Kamou Malo, Brama Traoré, Firmin Sanou, Oscar Barro, Brahima Traoré sont fiers aujourd’hui d’avoir été joueur et entraîneur du Burkina Faso. Si on va plus loin, il y a Idrissa Traoré dit Saboteur et Sidiki Diarra. Que leurs âmes reposent en paix.
Comment juges-tu le groupe actuel des Etalons ?
Je pense qu’il n’est pas temps de juger l’équipe actuelle. Nous avons de bons joueurs. Il est temps que les journalistes et les dirigeants apportent ce qu’il faut comme solution et soutien pour que ces jeunes nous ramènent notre première étoile.
Quelle différence y a-t-il avec ton époque ?
La différence avec mon époque est que notre génération était prête mentalement. Vu les échecs de 2010 et 2012, donc forcément 2013 devrait être la bonne année. Nous avons accepté de fournir les efforts les uns pour les autres, que ce soit dans le jeu ou hors des terrains. Le groupe était devenu comme une famille et on avait un sélectionneur booster de mental, un vrai motivateur en la personne de Paul Put que je remercie au passage.
Quand un joueur doit-il penser à sa reconversion pour ne pas être surpris par la fin de carrière ?
La reconversion commence le jour de ta signature dans un club professionnel. Mais c’est dommage que nous joueurs africains, nous tardons avant d’y penser. Pourtant, rien ne garantit une bonne fin de carrière. Tu peux être sur le terrain et tout d’un coup, le cœur ne fonctionne plus bien ou une blessure grave t’oblige à mettre fin à ta carrière. Souvent, les gens disent qu’un tel n’a pas bien géré son argent pourtant il a eu beaucoup de sous dans le football. Les joueurs n’ont pas les mêmes salaires. Les joueurs ne s’occupent pas de leurs familles, proches, amis et camarades de la même façon. Il faut s’entourer de vraies personnes qui peuvent te donner des conseils. Les jeunes joueurs qui gagnent beaucoup d’argent doivent anticiper l’après football. Quand tu joues, tu es un ange. Et quand tu ne joues plus et que tu n’arrives plus à subvenir aux besoins de tes nombreux gens, tu deviens le diable. Ce sont ces derniers qui feront sortir certains de tes secrets. Si tu n’es pas fort mentalement, c’est la dépression.
As-tu un appel à lancer ?
Je demande aux supporteurs des Etalons d’être fair-play même si je suis conscient
que cela fait mal de ne pas voir son équipe nationale gagner des matchs souvent. Les
joueurs sont tristes quand ils n’arrivent pas à faire plaisir à leurs supporteurs. Les journalistes, les supporteurs, les fanatiques, les joueurs ont besoins de vos soutiens comme en 2013. Le football est un facteur de cohésion. A 90%, il peut ramener la joie au Burkina Faso.
ITW réalisée par Ollo Aimé Césaire HIEN