Nazinetalba Jean Achille Isidore Kientéga est, depuis le 27 octobre 2024, le nouveau président de la Fédération burkinabè de pétanque (FBP). Supporter des Etalons boulistes en passant membre fédéral, promoteur de club et aujourd’hui à la tête de la faitière, Nazinetalba Jean Achille Isidore Kientéga, dans cet entretien, rappelle son attachement à la discipline, ses motivations, ses priorités et son plan quadriennal pour le développement de la pétanque.
D’où vient votre attachement à la pétanque ?
Tout d’abord, je suis forgeron mossi. Au Burkina Faso, quand on parle généralement de forgeron, c’est ceux qui travaillent le fer. Donc tout naturellement, je dois aimer toute chose qui a un lien avec le fer. Quant à mon attachement à la discipline, il vient de l’observation du jeu de boule que mes aînés pratiquaient notamment la qualité des tirs, la complicité et la complémentarité des joueurs, c’est-à-dire les pointeurs et tireurs.

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre la tête de la Fédération ?
La Fédération burkinabè de pétanque (FBP) est tout un système. J’ai d’abord été fanatique de la pétanque. J’ai été supporter des Etalons boulistes pendant plus de 4 ans. Et durant ces années, j’ai eu l’occasion de parcourir le monde entier avec nos représentants. A toutes les compétitions auxquelles le Burkina Faso participait, j’étais toujours présent. Mon amour pour la discipline a par la suite été reconnu par le bureau sortant. Ils ont donc voulu faire de moi un membre fédéral ce qui fait que j’ai occupé ces 4 dernières années le poste de secrétaire aux relations extérieures. Et à la fin du mandat de mon prédécesseur, le bureau a jugé utile de faire de moi un candidat pour une bonne continuité.
Succéder à un président qui a fait 3 mandats, ne vous met-il pas la pression ?
Oui et non à la fois. Oui parce que la charge est lourde et difficile quand bien même il y a des oppositions très criantes. Non, parce que le président avait déjà porté la pétanque burkinabè à un niveau très élevé avec notamment plus de 300 clubs dont 5 000 licenciés. Aussi, la discipline a remporté des trophées tant au niveau continental que mondial. Au Bénin, en 2023, nous avions été 3e à la Coupe du monde.
Quelles sont vos relations avec le prédécesseur ?
Nous entretenons de très bonnes relations de fraternité. Nous marchons dans la logique de la continuité. Nous sommes là pour faire perdurer les acquis de mon prédécesseur et aller vers de nouveaux horizons afin de vivre de nouvelles expériences.
Quelles seront vos priorités à l’entame de votre mandat ?
Ma priorité à l’entame de ce mandat, c’est d’abord l’ouverture de la saison. Nous devons également travailler à revoir les textes à savoir les statuts et règlements intérieurs de la FBP qui à mon entendement ne répondent plus au contexte actuel parce que la pétanque a beaucoup évolué.
Quelle est votre politique de la professionnalisation de la discipline ?
Nous devons travailler à ce que les plus jeunes s’intéressent à la pétanque en leur offrant des compétitions de haut niveau sur le plan local et aussi la participation à des compétitions internationales. Quand vous regardez la relève aujourd’hui, elle n’est pas si prometteuse. Donc c’est à nous de faire tout possible pour que ces jeunes puissent s’intéresser à cette discipline.
Que comptez-vous faire pour qu’ils puissent s’intéresser à la discipline ?
Nous devons travailler à la vulgarisation de la pétanque en créant des cadres d’apprentissage au profit des jeunes. La pétanque est facile à la pratique. Il suffit juste de s’y intéresser. Nous allons donc travailler à mettre beaucoup de choses en œuvre pour attirer les jeunes.
Quelle est la place de la formation dans votre programme d’activités ?
La formation a une place de choix dans notre programme d’activités. Nous allons continuer à envoyer des personnes de nos districts et ligues se former à l’extérieur. Ceux qui avaient déjà bénéficié de la formation repartiront de nouveau pour des formations plus avancées afin d’obtenir d’autres diplômes. Nous allons faire tout cela dans l’intérêt supérieur de la pétanque au Burkina Faso.
Comment vous voyez l’avenir de la pétanque ?
La pétanque a un très grand avenir au Burkina Faso. Autrefois, les gens avaient une image erronée des boulistes. Pour eux, elle était pratiquée par des vagabonds. Mais ce qui est démontré aujourd’hui, la discipline est pratiquée par ceux-là même qui savent ce que veut dire réellement la pétanque.
On connaît le milieu un peu spécifique de la pétanque burkinabè dominé par les analphabètes. Comment comptez-vous vous y prendre ?
Nous ne pouvons changer quoi que ce soit. Effectivement, la plupart des joueurs de pétanque sont des analphabètes. Ce qui rend quand même les choses par moments difficiles. Pour faire passer un message, il faut plus de temps. Mais bon, les gens commencent à comprendre en mettant de l’eau dans leur vin. A mon humble avis, ce n’est pas du tout facile. Quand on n’a pas le même niveau d’analyse, à un moment, c’est difficile de comprendre l’autre. Mais nous allons nous adapter.
Quel est votre programme pour les 4 ans à venir ?
Le plus grand challenge dans les 4 ans à venir, c’est d’amener les autorités de ce pays à se pencher sur la question de la pétanque en nous offrant ne serait-ce qu’un seul boulodrome. Nous pouvons même être sûr que le tout premier trophée continental ou du moins international viendra de la pétanque. Pour cela, nous devons travailler à la construction d’un boulodrome, revoir les statuts et règlements intérieurs de la pétanque. Nous devons également créer un nouvel environnement pour permettre aux différents présidents et même aux boulistes d’acquérir très facilement du matériel de base de la pétanque. Enfin, nous allons travailler à ce que la relève soit assurée.
Nous avons appris qu’au sortir du championnat 2023-2024, les champions ont reçu des motos. Est-ce parce que ces champions viennent de votre club ?
Non pas du tout. Tout travail mérite salaire. Quand des joueurs offrent à leur club le trophée le plus convoité par tous les boulistes au Burkina Faso, quoi de plus normal que d’encourager ces personnes. Et par ce geste, je pense qu’il va inciter d’autres personnes à mouiller le maillot afin d’offrir le championnat national à leur club. Dans notre politique, nous espérons, si Dieu nous donne la force, d’inclure des récompenses pareilles et même au-delà pour les prochains championnats.
Quel est l’état des lieux de la pétanque au Burkina ?
Au Burkina Faso, nous avons plus de 300 clubs issus de 8 ligues et 8 districts. En termes de licenciés je pense qu’après le football, nous occupons la 2e place en termes de licenciés. La pétanque n’est donc pas à négliger. Aussi, tous les week-ends, les artères de nos villes sont bondées de monde pour des compétitions.
Avez-vous un dernier mot ?
Si. Je souhaiterais que vivement la paix revienne au Burkina Faso. Sans paix, quel que soit ce que vous faites, il y a des priorités aujourd’hui qui ne riment pas forcément avec le sport. Mais si la paix revient, je pense qu’on peut encore mieux se pencher sur la question du sport en nous dotant de moyens et de nouvelles infrastructures afin de développer le sport en général au Burkina Faso et la pétanque en particulier.
ITW réalisée par
Ollo Aimé Césaire HIEN
