Tabaski 2021 : « Le sacrifice du mouton, un acte de dévotion à Allah », Hatimi Démé, FAIB

Le 1er adjoint du secrétaire exécutif national de la FAIB, Hatimi Démé : « Le sacrifice du mouton n’est pas une occasion pour montrer qu’on a les moyens ».

A l’occasion de la fête de la Tabaski ou Aïd el Kébir, demain 20 juillet 2021, le 1er adjoint du secrétaire exécutif national de la Fédération des Associations islamiques du Burkina (FAIB), Hatimi Démé, nous livre la portée de cette célébration.

Sidwaya (s) : Le 20 juillet, les fidèles musulmans célèbrent l’Eid el Ad-ha ou l’Aïd el Kébir. Quelle est la portée de cette célébration ?

Hatimi Démé (H. D.) : Effectivement, le mardi 20 juillet 2021, les musulmans, à travers le monde entier, vont célébrer la fête communément appelée Tabaski ou Aïd el Ad-ha. C’est une fête de sacrifice, la commémoration d’un acte qui a été accompli par le père des messagers Abraham que les musulmans appellent Ibrahim. Il avait vu en songe une révélation divine lui enjoignant de sacrifier son fils Ismaël. Cela correspondait exactement au 10e mois et au 10e jour du mois lunaire.

En obéissance à Allah, il a décidé d’immoler son fils Ismaël. Mais celui-ci a été sauvé au dernier moment par Allah lui-même en envoyant l’ange Gabriel avec un bélier qui fut immolé à la place de son fils. Abraham est le père des messagers. Un messager est un envoyé de Dieu qui vient avec une religion, une législation et un livre divin. Le prophète peut être un homme de Dieu qui n’envoie pas une nouvelle religion ou législation religieuse. Ce qui veut dire que tous les messagers sont des prophètes, mais tous les prophètes ne sont pas des messagers.

Abraham a décidé de sacrifier son fils qui a été sauvé à la dernière minute. Le prophète Mohamed a dit dans un hadith que lui et les autres prophètes sont comme des ouvriers qui ont construit une maison en laissant la place d’une dernière brique pour compléter l’architecture. Et lui est venu achever l’œuvre. Quand vous suivez la succession, tous les messagers appelaient à l’unicité de Dieu. Dieu est unique, c’est lui qui a créé le monde. Le sacrifice de Abraham s’est passé à l’emplacement actuel de la Mecque, ville dont il est le fondateur. Il avait abandonné son épouse et son fils dans cet endroit désertique. La soif a commencé à les tenailler jusqu’à ce que la femme fit des va-et-vient entre les monts Safa et Maroau pour chercher l’eau.

Elle a fait sept fois les allers-retours entre les deux points jusqu’à ce qu’une source d’eau jaillisse. C’est cette source qui approvisionne l’eau bénite que les pèlerins rapportent de la Mecque. Avec la source d’eau, Abraham a fondé une ville qui s’est peuplé au fil du temps. Il est considéré comme le père du monothéisme. Les musulmans, en obéissant à Allah, considèrent ce jour comme une célébration en l’honneur d’Allah. Le jour de la Tabaski, nous sacrifions, pour ceux qui ont les moyens, un bélier en guise de soumission et d’obéissance à Allah.

S : Quelles sont les obligations du fidèle musulman à l’occasion de cette fête ?

H. D. : La fête en elle-même n’est pas une obligation. Le fait d’aller prier fait partie de la sunna, la tradition prophétique. En islam, il y a les prières obligatoires et celles traditionnelles ou surérogatoires. Nous suivons les pas du Prophète et nous accomplissons la même chose. Avant d’aller à la prière, il faut se préparer. Ceux qui ont les moyens prévoient leur mouton. En allant à la prière, il faut porter de belles parures et se parfumer. Après la prière, il faut attendre à ce que l’imam sacrifie son mouton avant que vous ne fassiez autant. C’est comme les actes de prières où l’on suit l’imam.

Vous pouvez acquérir un mouton, un bœuf ou une chèvre. En immolant cet animal, vous devez observer les rites de l’islam en prononçant la formule « Bissimila Alla akbar » au nom d’Allah, Allah le plus grand. Lorsque quelqu’un sacrifie un animal en dehors du nom d’Allah, le musulman ne doit pas consommer cette viande. C’est l’acte selon lequel l’animal a été égorgé et non la personne, qui est pris en compte. C’est dire que l’animal doit être sacrifié au nom d’Allah. Après avoir sacrifié le mouton, vous devez faire une répartition en trois : une première partie pour la famille, une deuxième pour les relations et une troisième pour les personnes nécessiteuses.

L’important est de faire en sorte que tout musulman puisse agrémenter sa sauce ce jour. C’est ce qui est recommandé. En plus de cela, au réveil, on sanctifie Allah à travers des incantations. Pendant la prière, on continue de glorifier le nom d’Allah. Après la prière, l’imam fait un sermon sur une thématique d’actualité bien donnée et le fidèle musulman est tenu de l’écouter. Généralement, il exhorte les fidèles musulmans à l’entraide et à la bonne conduite. Il faut se garder de sacrifier un animal malade le jour de la fête. Quand on veut offrir un sacrifice en l’honneur d’Allah, il faut faire en sorte que ce soit quelque chose de majestueux.

S : Le sacrifice du mouton est-il obligatoire pour tout musulman ?

H. D. : Le sacrifice du mouton n’est pas une obligation pour celui qui n’a pas les moyens. Au contraire, celui qui n’a pas les moyens doit recevoir des soutiens de la part de ceux qui sont nantis. En Islam, quand vous êtes dans une situation de contrainte, vous n’êtes pas tenus d’accomplir un acte. L’islam est une religion qui facilite les choses. Si je suis malade et que je ne peux pas me tenir debout pour prier, je peux être couché et faire ma prière sans problème. C’est comme pendant le Ramadan, si vous êtes malades, vous n’êtes pas obligés de jeûner. Vous pouvez trouver une occasion de le compenser quand vous aurez recouvré la santé. Le sacrifice du mouton lors de la Tabaski n’est pas une occasion pour montrer qu’on a les moyens. C’est un acte de dévotion que l’on pose quand on le peut réellement. Allah sait ce que vous êtes, ce que vous avez et ce que vous serez aussi.

S : Pour la deuxième année consécutive, les fidèles musulmans à travers le monde ne pourront pas accomplir le pèlerinage à la Mecque à cause de la pandémie de la COVID-19. Comment appréhendez-vous cette situation ?

H. D. : Comme on le dit souvent, la santé avant tout. C’est le monde entier qui est à l’épreuve de cette pandémie du coronavirus. Nous savons tous que c’est une maladie très contagieuse. Le Prophète a dit dans un hadith que lorsque que vous apprenez qu’il y a une épidémie dans une zone donnée, n’y entrez pas. Si vous y êtes, n’en sortez pas. Ce sont des précautions qui exhortent à préserver la vie humaine d’autant plus qu’elle est sacrée. C’est réellement en connaissance de cause que les autorités saoudiennes ont pris cette décision de ne pas autoriser le pèlerinage à des fidèles venant de l’extérieur. En dépit des aspects économiques qu’on peut tirer du Hadj, le royaume d’Arabie Saoudite a préféré ne pas prendre de risque.

Cette décision est indépendante de la volonté des autorités saoudiennes et nous devons la respecter en espérant que la pandémie sera endiguée pour que tout revienne à la normale. Il est question de préserver la vie des pèlerins. Admettons que l’on permette que les pèlerins se rendent à la Mecque et quelqu’un revient avec une forme du virus que nous ignorons. Cela peut être grave. C’est avec clairvoyance que les autorités saoudiennes sont parvenues à cette décision de restreindre le pèlerinage aux personnes qui résident en Arabie Saoudite.

S : Quel appel avez-vous à lancer aux musulmans, à l’occasion de cette fête, pour une meilleure vie en communauté ?

H. D. : Nous appelons les musulmans du Burkina, vivant avec leurs frères catholiques, protestants et de la religion traditionnelle, à ne pas oublier que nous appartenons tous à un même pays. Nous devons travailler à vivre en paix, en symbiose et à se donner toujours la main. Le défi sécuritaire auquel nous sommes confrontés est l’affaire de tous et nous devons œuvrer à avoir une vision commune pour résoudre ce problème. Nous devons éviter ce qui peut diviser les filles et fils du Burkina. Nous devons prier pour qu’Allah répande sa miséricorde et la paix au Burkina et partout dans le monde. Bonne célébration à tous !

Propos recueillis par
Karim BADOLO

 

 

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