Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux. Louanges à Allah, qui a fait du travail un moyen de subsistances licites et un acte d’adoration rapprochant de Lui. Il en a fait, également, un des moyens de la préservation de la dignité de l’homme. Que Sa paix et Ses bénédictions soient en abondance sur le Messager de miséricorde, envoyé à l’univers comme tel et sur l’ensemble des croyants de tous les temps.
Allah a honoré l’homme et lui a donné les moyens de préserver sa dignité. De ces moyens, figure en bonne place le travail. Il est la meilleure source de gain pour le musulman car le Prophète a dit : « Le meilleur gain est celui qu’on fait de sa main et de manière appliquée ». L’Islam a fait, également, du travail une adoration puisque le Prophète nous enseigne qu’il est source de rémission de péchés : « lorsque le croyant revient fatigué le soir de son travail, ses péchés tombent comme les feuilles sèches d’un arbre ».
Le travail met, très souvent, en relation deux personnes que sont l’employeur et le travailleur. Cette relation caractérisée par l’existence formelle ou informelle d’un contrat est encadrée par un certain nombre de règles. D’abord, l’Islam établit, entre l’employeur et le travailleur, une relation de fraternité soit dans l’humanité, dans le sang ou dans la relation. Entre les deux, il ordonne l’égalité dans la dignité humaine.
Le Prophète nous dit, en effet : « Ce sont vos frères, ces serviteurs qu’Allah a placés sous votre autorité. Quiconque est maître de son frère doit lui donner à manger de ce qu’il mange lui-même et doit l’habiller comme il s’habille lui-même. N’imposez point à vos serviteurs ce qui est au-dessus de leurs forces et s’il vous arrive de le faire, venez-leur en aide ».
Malheureusement, dans beaucoup de cas, le travail est devenu une nouvelle forme d’esclavage de nos jours. Il est l’occasion, pour des employeurs, de regarder leurs employés comme des sous hommes, leur donnant l’impression que, sans eux, ces derniers mourraient de faim ou disparaitraient de la terre. Ils n’ont aucun respect pour eux. En plus de sous-estimer leurs travailleurs, ils se surestiment eux-mêmes.
Ils sont épris d’orgueil alors qu’il est un vilain défaut puisque le Prophète nous dit sur l’orgueil qu’il ne se concilie pas avec la foi et que celui qui a un atome d’orgueil ne peut avoir accès au Paradis. Ainsi, tous, employeurs comme employés, doivent comprendre que c’est Allah qui est le véritable Pourvoyeur. Le travail n’est utilisé que comme moyen.
Ensuite, la sincérité et la loyauté sont des règles, selon l’Islam, qui régissent les relations entre employeur et employé.
Le travail étant un acte d’adoration, chacune des parties au contrat doit faire preuve, au cours de son exécution, de sincérité afin qu’Allah bénisse ce qui est produit comme travail et ce qui est perçu comme rémunération. Chacun doit respecter ses engagements. Le travailleur musulman ne doit pas être celui, parce qu’il est assuré d’avoir son salaire au terme du temps convenu, qui est négligent à la tâche, ne mettant pas du sérieux dans ce qu’il fait ou ne l’accomplit pas conformément aux clauses du contrat.
A ce sujet, le Prophète nous dit : « Allah aime que lorsque l’un d’entre vous accomplit un travail, il le soigne ». Nous interpellant sur la sincérité par rapport à la profondeur de la responsabilité à restituer les dépôts et à toujours mériter la confiance, Allah nous dit dans les versets suivants : « Certes, Allah vous commande de rendre les dépôts à leurs ayants droit » (S04 V58) ; « Ô vous qui croyez ! Ne trahissez pas Allah et le Messager. Ne trahissez pas sciemment la confiance qu’on a placée en vous ? » (S08 V27).
A ce niveau, également, nous avons de véritables défis à relever. Le mal est tellement profond, que beaucoup d’employeurs sont convaincus, à tort ou à raison, qu’ils sont volés par leurs employés. Aussi, ils sont nombreux, ces employés qui pensent ne pouvoir réussir par la voie licite. Ils se disent que même le Patron a dû voler son employé pour être à son niveau actuel. Cet état des mentalités fait que le milieu du travail est un milieu de non confiance, un milieu de mensonge dans lequel les engagements sont peu respectés.
Certains employés, au lieu de se contenter de la rémunération convenue, s’adonnent, effectivement, à des actes frauduleux alors que cela est un mal. Le Prophète prévient à ce sujet : « Quiconque reçoit une rémunération en contrepartie d’un travail que nous lui confions et s’accorde un supplément usurpe ce supplément ».
Et d’autres employeurs, s’ils respectent les droits des travailleurs, c’est quand ils leur donnent leurs dus avec au moins un retard, sinon, ils ne perçoivent pratiquement rien de ce qui est convenus si ce ne sont que des menaces sans que ces derniers ne puissent faire quoi que ce soit. Le Prophète avait, pourtant, ordonné le paiement du salaire à bon temps en disant en effet : « Donnez à l’ouvrier son dû avant que ne sèche sa sueur ».
Il ajoute qu’il sera l’adversaire au Jour de la résurrection de « celui qui, ayant à son service quelqu’un qui exécute sa tâche, ne lui paye pas son dû ». Dans une pareille situation, il est assez difficile d’y rencontrer la baraka d’Allah.
Enfin, nous invitons les différents acteurs au respect scrupuleux de la législation nationale en matière de travail. Il s’agit concrètement d’établir, entre l’employeur et l’employé, un contrat clair, qu’il soit verbal ou à l’écrit. Que ce contrat précise davantage les obligations des uns et des autres. Qu’il mentionne les tâches confiées au travailleur et la rémunération due par l’employeur ainsi que la période de paiement.
Que les conditions d’hygiène et de sécurité au travail soit respectées par l’employeur pour le bonheur de ses travailleurs. En outre, des périodes de congés doivent être consacrés pour le repos de ces derniers. Il est assez important de rappeler que les règles et principes de la sécurité sociale doivent être respectés. Les travailleurs doivent être déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale et l’employeur doit s’obliger aux cotisations y afférentes.
En cas de litige, il ne faut surtout pas hésiter à saisir les autorités compétentes. Il s’agit de l’inspection du travail pour essayer de trouver une entente, une conciliation. En cas de non conciliation totale ou partielle, saisir le tribunal du travail. Il faut le faire parce que certains se cachent derrière la foi, au nom de Dieu, alors que ce qu’ils font subir aux autres n’est pas du tout au nom de Dieu. Si ta foi ne t’a pas empêché de brimer, tu répondras devant les autorités compétentes.
Je voudrais terminer cette chronique en soulignant que malgré la rareté, aujourd’hui, du travail, le musulman qu’il soit employeur ou employé doit, au nom de sa foi, éviter d’accomplir un travail illicite. Allah nous prévient à ce sujet : « Ô les croyants ! Mangez des (nourritures) licites que Nous vous avons attribuées. Et remerciez Allah, si c’est Lui que vous adorez » (S02 V197). Le travail, oui.
Mais il ne s’agit pas de travail qui porte atteinte à la foi ou même à la société. Le musulman ne peut, donc, être promoteur ou ne peut travailler dans un débit de boisons alcoolisées, dans un centre de jeux de hasard, dans un cadre de prostitution, dans des maisons de passe ou chambres noires et cela, malgré l’apparence de ce qu’il y a comme gain dedans.
Seigneur Allah, donne-nous la clairvoyance de mettre la quête de Ton amour au-dessus de tout autre.
NB : La foi musulmane est une foi active qui impose un devoir de présence.
Dr Inoussa COMPAORE
Imam à l’AEEMB et au CERFI