Togo : ultime étape d’une réforme

La réforme constitutionnelle dans laquelle se sont engagées les autorités togolaises poursuit son chemin, nonobstant les récriminations de certains acteurs politiques. En effet, dans le cadre de la nouvelle Constitution, adoptée en avril et promulguée, le 6 mai 2024, et qui ouvre la voie à l’instauration d’un régime parlementaire, le pays a organisé, samedi 15 février dernier, ses premières élections sénatoriales.

A la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le parti au pouvoir, l’Union pour la République, a remporté la majorité des sièges, réaffirmant ainsi sa suprématie dans le landerneau politique national. Sur les 41 sièges à pourvoir, le parti du Président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, en a remporté 34. Les 7 autres sièges sont répartis entre les partis politiques de l’opposition ayant participé au scrutin.

Alors que la polémique sur la pertinence d’une telle réforme se fait toujours entendre, les résultats provisoires ont été confirmés par la Cour constitutionnelle, au cours d’une audience, lundi 24 février dernier à Lomé. Pour ce que l’on sait, 20 autres sénateurs devront être nommés par le président de la République pour compléter la liste à 61. Faut-il le rappeler, ces élections sénatoriales sont l’étape ultime pour la mise en vigueur de la nouvelle Constitution qui consacre l’entrée du Togo dans la 5e République.

Laquelle est destinée, à en croire les autorités togolaises, à favoriser une meilleure représentativité des collectivités territoriales et à consolider surtout l’État de droit dans une dynamique de consolidation de l’élan démocratique. Avec cette nouvelle donne, désormais, au Togo, on ne parlera plus d’élection présidentielle. Une fois le Senat installé, les deux chambres (le Sénat et l’Assemblée nationale) ensemble, désigneront par la suite le nouveau président de la République togolaise et le président du Conseil des ministres, conformément à la nouvelle Constitution.

Mais, critiquant vivement ce changement institutionnel, certains partis de l’opposition ont boycotté ces élections en estimant que cette réforme n’est rien d’autre que des manèges savamment orchestrés par les autorités actuelles du pays à l’effet de se maintenir, ad vitam aeternam, au pouvoir. A contrario, de l’avis des partisans du régime, ces élections sénatoriales s’inscrivent dans une démarche participative visant à moderniser la gouvernance togolaise, renforcer la démocratie et propulser le développement du pays.

De plus, cette réforme institutionnelle est vantée comme étant l’unique opportunité susceptible de rapprocher les décideurs des réalités locales et garantir, ipso facto, une meilleure prise en compte des besoins des collectivités territoriales. S’il est vrai que le passage à un régime parlementaire prévoit une plus grande implication des représentants locaux et une décentralisation accrue, la question que nombre d’observateurs se posent est de savoir comment cela peut impacter véritablement le niveau du développement du pays ?

Qu’à cela ne tienne, en réussissant ces élections sénatoriales, le Togo vient de démontrer, si besoin en est, sa volonté ferme de moderniser son système politique et de répondre aux attentes croissantes de sa population pour une gouvernance plus représentative. Au-delà de toutes ces analyses, ce que souhaite le peuple togolais est que ce régime parlementaire puisse être un gage d’une meilleure gouvernance pour un développement socioéconomique harmonieux du pays.

Soumaïla BONKOUNGOU

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