La phase 2 de la Transition se met progressivement en place. Avec la signature de la Charte, la prestation de serment du chef de l’Etat, Ibrahim Traoré et la nomination du Premier ministre en la personne de Maître Appolinaire Joachim Kyélem de Tambèla, il ne reste plus que l’équipe gouvernementale et l’Assemblée législative de Transition pour afficher complet.
Le ton est désormais donné à travers un engagement solennel du président de la Transition. Place maintenant au déroulement tant attendu de l’agenda du MPSR2 dans un contexte toujours marqué d’une crise aux implications tentaculaires et multidimensionnelles. En tout état de cause, toute dynamique des nouvelles autorités requiert la posture d’un peuple-debout.
Il est loisible d’imaginer que toutes ces populations qui ont veillé nuit et jour pour les soutenir attendent des signaux forts et immédiats. Les autorités actuelles semblent en être conscientes, à entendre les propos du chef de l’Etat, Ibrahim Traoré, à la cérémonie de prestation de serment. Aussi courageux et volontaristes soient-ils, les dirigeants du MPSR2 ne peuvent engranger des résultats probants à même d’inverser la spirale de la violence terroriste que si l’engouement populaire, tel que constaté à leur arrivée au pouvoir, se maintient et s’étend à toutes les couches sociales.
La cohésion nationale ainsi que la collaboration entre toutes les intelligences et le sacrifice individuel doivent être des piliers sur lesquels la Transition peut s’adosser et se sublimer pour résister à la cynique malice. La victoire tant espérée contre le terrorisme requiert, en effet, un minimum de cohésion de notre société, aujourd’hui menacée par des replis communautaires exacerbés, la désinformation et la rancune.
C’est une raison de plus pour rester vigilant et se donner la main, intégrant la tolérance et l’acceptation de tous et de chacun. Prendre conscience que tout Burkinabè, de l’intérieur ou de la diaspora, femme ou homme, est, avant tout, des nôtres. Il est temps que chacun accepte l’autre dans ses différences ethniques et religieuses ainsi que dans ses divergences d’opinions et de pensées.
Comme l’a si bien souligné le représentant du capitaine Traoré à l’ouverture des Assises : « il nous faut taire nos différends, mettre en commun la richesse de notre diversité, pour préserver l’essentiel et écrire une page nouvelle de notre histoire ». La cohésion au sein de notre société est capitale. Elle est même une condition sine qua non pour triompher en ce moment crucial de notre histoire commune.
Il s’agit pour chaque citoyen(ne) de se sacrifier au profit d’un engagement collectif, d’une collaboration entre les différentes forces et à la complicité entre frères et sœurs, civils, militaires et paramilitaires. Cet élan est une nécessité pour dérouter et vaincre l’ennemi et ses complices. L’engagement solennel, pris le 21 octobre 2022 devant le peuple burkinabè, en dit long. « Pour ma Nation, je me battrai jusqu’au dernier souffle».
Après ce serment du premier des Burkinabè, quel est celui de ses compatriotes ? Il faut souligner que l’ennemi n’est pas seulement le HANI (homme armé non identifié), mais aussi toute torpille qui puisse compromettre la survie de la Nation. Et le front, c’est aussi celui du comportement collectif. Alors, rendons service à la Transition, que dis-je, à la Nation sans calcul aucun.
Rendons-lui service en évitant de propager les Fake-News, les audio anxiogènes et haineux susceptibles d’installer la psychose au sein des populations et démultiplier les fronts alors que devant nous, se dresse « une armée ». Rendons-lui service en arrêtant de nous enrôler dans les hordes des HANI. Il a été admis depuis le début de cette guerre que ceux qui nous tirent dessus sont bel et bien des Burkinabè issus des entrailles de la Nation.
Curieusement, ils n’ont pour seul plaisir aujourd’hui que le nombre élevé de victimes à leur actif. L’autre combat d’ailleurs consistera à ramener ces brebis, devenues des loups égarés. Rendons-lui service enfin, en étant des acteurs de changement. Il est temps que les fils de ce pays embouchent la même trompette pour se donner la chance de célébrer, à l’unisson, cette terre retrouvée, en applaudissant le retour des Personnes déplacées internes (PDI) chez elles. Un jour, nous conterons ce douloureux épisode de notre vie dans les livres d’histoire.
Assetou BADOH