B.A.C, âgé d’une cinquantaine d’années, domicilié au secteur 11, est un boucher bien connu dans la ville de Sya. Il a comparu pour tentative de corruption sur le substitut du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso, ce mardi 7 mars 2023, devant la Chambre correctionnelle du tribunal. A la barre, le prévenu n’a pas fait la langue de bois, à la lecture des faits. Il les a reconnus sans ambages et a fait son mea-culpa. Tout a commencé, le 21 février 2023, après l’arrestation suivie de la détention au service régional de la police judiciaire de Bobo-Dioulasso du fils du boucher pour vol de bœufs. B.A.C se renseigne sur le magistrat en charge de l’affaire.
Il décide de se rendre au bureau du substitut du procureur afin qu’il l’aide à libérer son fils. « Je voulais éviter la prison à mon fils », a-t-il déclaré à la barre. Arrivé chez le substitut du procureur, B.A.C. lui a fait une proposition « indécente ». Il a fait la promesse de lui remettre la somme de 2 millions F CFA si le substitut du procureur parvenait à éviter la prison à son bambin. Séance tenante, il a déposé 1 millions F CFA cash sur table. C’est en ce moment que B.A.C. est appréhendé. Aux juges de lui demander, pourquoi n’avoir pas commis des avocats pour défendre son fils ? « Etant commerçant, j’ai cru que tout se paie, raison pour laquelle j’ai voulu payer le magistrat », a-t-il répondu.
Pour les juges, son acte est inadmissible. Pour sa part, le parquet a souhaité que ce procès soit pédagogique pour lui et pour l’assistance afin de dissuader toute personne qui voudrait « acheter » un magistrat. « Vous ne pouvez pas prétendre avoir l’argent pour payer un magistrat. Il faut que cela s’arrête », a-t-il rétorqué au prévenu. Avant sa réquisition, le procureur du Faso a souligné que le prévenu n’a pas fait la langue de bois en reconnaissant avoir voulu remettre la somme d’un million F CFA au magistrat.
Il savait bel et bien que ce n’était pas la voie à suivre. Pour lui, les éléments de l’infraction sont réunis. Il a requis 24 mois de prison avec sursis, une amende de 4 millions F CFA dont 2 millions ferme et la confiscation du scellé de 2 millions F. Pour la défense, ce procès doit avoir une vertu pédagogique. « Agé de 52 ans, c’est la première fois qu’il comparait à la barre », a signifié l’un de ses avocats ajoutant qu’il est responsable d’une grande famille car il est marié à trois femmes et père de 18 enfants. Pour ses avocats, B.A.C. est un exemple dans la vie par la force de son travail (aujourd’hui président des bouchers) et s’est laissé aveugler par l’arrestation de son fils. C’est pourquoi, la défense a plaidé la clémence de la justice et une condamnation avec sursis. En répression, le tribunal l’a déclaré coupable et condamné à 24 mois assortis de sursis, avec une amende de 4 millions F CFA dont 2 millions ferme.
Les poulets, le voleur et le receleur
S.S., cultivateur et A.T., employé de commerce, tous résidant dans un village proche de Bobo-Dioulasso, ont comparu devant la chambre correctionnelle du TGI de Bobo-Dioulasso, le mardi 7 mars 2023. S.S. était prévenu de vol de poulets et A.T. de recel. Devant les juges, S.S., a reconnu sans détour les faits. « J’ai volé au total 25 poulets », a-t-il indiqué, affirmant qu’il profitait, la nuit, de l’inattention du propriétaire et des employés d’une ferme pour dérober les gallinacées. Cependant, il a précisé qu’il agissait seul et n’avait pas de complices dans la ferme. Par contre, A.T. prévenu de recel nie les faits. Il a tout de même reconnu avoir acheté au moins 20 poulets avec son ami du village.
« Je n’ai jamais soupçonné que c’était des poulets volés. Il passait chez moi souvent avec deux ou trois poulets que j’achetais l’unité entre 2 000 et 2 250 F CFA », a-t-il souligné. Par la suite, il revendait l’unité à 3 500 F CFA. Selon lui, les prix d’achat et de vente sont conformes à ceux du marché actuel. « C’est vrai, il ne savait pas que les poulets étaient volés », a témoigné son co-prévenu. Le procureur dans sa réquisition a réclamé de relaxer A.T. qui a nié les faits à lui reprocher depuis l’enquête comme à la barre.
Les faits, a-t-il poursuivi, sont largement établis pour condamner S.S. de vol. Au regard de son statut de délinquant primaire, le procureur a requis 12 mois de prison dont 6 ferme et une amende de 500 000 F CFA ferme contre lui. Finalement, les juges ont relaxé A.T., pour les faits de recel. Quant à S.S, il a écopé d’une peine d’emprisonnement de 12 mois dont 6 ferme et d’une amende de 500 000 F CFA assortis de sursis.
Il vole la charrette, l’âne, la hache … de son voisin
S.K. a comparu le mardi 7 mars 2023 devant la Chambre correctionnelle du TGI de Bobo-Dioulasso pour des faits de vol d’une charrette, d’un âne, de deux bassines, de deux fourneaux, d’une marmite et d’une hache. A la barre, le procès a été expéditif, le prévenu ayant reconnu sans ambages les faits. « Le matériel ne m’appartenait pas mais, il appartenait à mon voisin », a-t-il affirmé. Le prévenu a justifié son forfait par le fait que son enfant de trois mois était souffrant.
En effet, il a dit avoir volé afin de soigner son fils. Pour les juges, cette justification n’est pas tenable.Voler dans la société est condamné. Pour sa part, le procureur a estimé que le vol est caractérisé car en enquête comme au procès, il n’a jamais contesté les faits. Le parquet a donc requis 60 mois de prison et une peine d’amende de 1 000 000 F CFA, le tout assortis de sursis. Le tribunal est allé dans le même sens que lui.
Il sort de prison et appelle un policier pour le menacer
S.K. a comparu à la barre de la Chambre correctionnelle du TGI de Bobo-Dioulasso, le mardi 7 mars 2023. Il est prévenu de menace de mort sur un agent de police. En effet, après un séjour en prison, S.K. retrouve la liberté. A sa sortie de la prison, il cherche le contact d’un agent de police pour le menacer. A la barre, il n’a pas reconnu les faits. Il a soutenu mordicus s’être trompé de numéro. « Je voulais appeler un ami.
Je n’ai jamais eu l’intention de le tuer. Je lui ai dit de faire gaffe et de ne plus venir au secteur 24 », a-t-il souligné. Pour le parquet, même si le prévenu s’est trompé, il n’avait pas le droit de menacer son interlocuteur. Dans sa réquisition, le procureur a fait comprendre que l’expression « mort » n’est pas clairement ressortie. En plus, selon lui, le prévenu reconnait avoir tenu ces propos mais c’était à l’endroit d’un ami. Il a réclamé sa relaxe. Le tribunal a requalifié les faits de menace de mort en faits de menace sous condition. Le prévenu a écopé 3 mois de prison ferme.
Rassemblés par Boudayinga J-M THIENON