Les récentes décisions prises en Conseil des ministres, singulièrement celle portant création d’une Agence atomique burkinabè, font jaser, au motif qu’elle serait trop gigantesque à l’échelle d’un pays comme le Burkina Faso et « si étalée dans le temps ». Ce qui, à leur sens, en font des projets « populistes ». Des arguments de leurs tenants plus attachés à la gestion du quotidien qu’à la prospective qualitative porteuse d’avenir pour nos populations.
Si l’on convient avec le dicton qui dit que l’homme d’Etat, à la différence du politicien, se préoccupe plus de la prochaine génération que de ses contemporains (sans négliger ni passer par pertes et profits les intérêts de ceux-ci), force est de constater le « désir nucléaire » du capitaine Ibrahim Traoré l’inscrit dans la catégorie de ces visionnaires audacieux, soucieux de faire de leur pays des modèles pour les autres. Faut-il le rappeler, les grandes avancées scientifiques et technologiques devant lesquelles nous nous émerveillons de nos jours, ont été bien souvent conçues dans l’esprit des hommes, des centaines ou des dizaines d’années avant leur réalisation.
La conquête spatiale dont l’aboutissement a été l’envoi d’un premier engin soviétique dans l’espace avec une chienne à son bord, a été imaginé par des esprits téméraires plus de 100 ans auparavant. De même, quand l’écrivain Jules Verne produisait son roman intitulé Le tour du monde en 80 jours, ses contemporains étaient loin de s’imaginer qu’un siècle plus tard, celui-ci se ferait en 24 heures, voire moins. Et, que dire d’internet et des TIC que l’armée américaine utilisait déjà dans les années 50 en pleine Guerre froide suscitant la peur et l’envie de leurs adversaires qui se lancèrent à leur tour dans une recherche effrénée pour combler leur retard ?
C’est dire que tout ce qui sort de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme, et, le nucléaire n’est absolument pas hors de portée de notre pays pour peu que la vision et la volonté politique soient de mise. Mieux, Ibrahim Traoré et son équipe doivent faire preuve de plus d’initiative et d’audace dans des domaines jusque-là inexplorés par le Burkina comme l’industrie automobile et aéronautique. Les Tycoon asiatiques comme le Japon ou la Corée étaient au « degré zéro » en la matière il y a un demi-siècle et sont de nos jours les leaders mondiaux du domaine, notamment dans l’automobile. D’autres révolutions culturelles sont aussi à envisager dans le domaine agricole, et, dans cette optique, l’Offensive agropastorale constitue une base intéressante de travail. Il faut oser inventer l’avenir dans la douleur et le sang en gardant les yeux secs.
C’est le lot de tous les peuples qui aspirent à la grandeur, car l’indépendance s’arrache à coup de détermination, d’audace et d’intelligence.
La marche vers le progrès est l’apanage des grands peuples.
Boubakar SY