Vive la Révolution !

Quand j’ai vu ses 75 bambins gâtés de la République s’échiner dans la poussière du travail d’intérêt commun pour avoir manqué du respect au Code de la route, mon intégrité s’est mise en « érection ». Pendant que nous nous préoccupons de la situation de notre pays, il y a des gens qui ne se sentent toujours pas suffisamment Burkinabè pour se conformer au contexte. Malgré ce que nous vivons, on peut jouer le cascadeur et faire des acrobaties périlleuses en pleine circulation, rouler en sens contraire ou interdit en klaxonnant nez au vent. Parfois même au feu tricolore, d’impénitents zélés citoyens plus pressés se frayent un passage encombré pour « brûler » le feu et narguer les plus respectueux. Souvent, c’est devant le policier et le VADS qu’ils passeront allègrement au feu rouge pour ensuite jongler et slalomer devant l’usager qui ne fait que passer au vert. Pendant que nous vivons les Journées nationales d’engagement patriotique et de participation citoyenne, il y en a qui ne savent même pas l’existence desdites journées, de surcroît le thème qui sous-tend cette édition. L’adolescence n’est pas un âge de tolérance célébré en bombance et sans conscience. La puberté n’est pas une liberté illimitée sans frein. La jeunesse qui ne partage pas la détresse de son temps est une relève en papier mâché.

Il n’y a pas de révolution si la jeune génération patauge dans le terreau de l’autodestruction. Voilà pourquoi, il faudra faire de la lutte contre la drogue en milieu scolaire la prochaine battue pour extirper les pompeux fils à papa de nos salles de classe et les amener réfléchir dans la vallée fertile du Sourou ou à Samandeni. Après les opérations musclées de démolition des boutiques et autres installations anarchiques aux abords des voies publiques, il faudra jeter un coup d’œil dans les caniveaux dans nos quartiers. Ces caniveaux sont devenus de discrètes poubelles où l’on jette les ordures ménagères et autres saletés. Le phénomène est devenu si banal que c’est en pleine journée que le boutiquier, le tailleur ou le coiffeur en fait un débarras à ciel ouvert. Ne parlons pas des audacieux malappris qui osent y déverser le contenu purulent de leurs toilettes. Dans cette catégorie, il y a ceux qui défient le bon sens et l’esprit de bon voisinage pour vider leur WC et amonceler à même le sol leur propre bêtise devant leur porte à ciel ouvert. Les mouches viendront à ce festin avant de pulluler sur nos plats ; le vent emportera l’odeur du merdier dans nos salons et nos chambres et la saison pluvieuse viendra faire le reste. Et quand les autorités, lassent de sensibiliser, veulent sévir, on crie à l’arbitraire. On ne se développe pas dans la pauvreté mentale et dans le désordre citoyen. La prochaine opération spéciale devrait s’appeler « opération ville propre » et les ménages dont les caniveaux seront bouchés devront les curer de gré ou de force pour donner l’exemple de bon citoyen qui veille sur son cadre de vie. Il faudra aussi guetter la vendeuse de poisson frais ou la tenancière du restaurant qui verse nuitamment les eaux sales de son business sur la voie publique.

Lorsqu’une telle inconscience vous éclabousse en pleine circulation, vous perdez le goût de votre intégrité. Ces déverseuses d’eau sales sur la chaussée devraient répondre à haute voix avec les conséquences prévues d’ailleurs par la loi. Si nous sommes en révolution, il appartient à chaque Burkinabè de faire un effort pour mettre du sien dans ce qu’il fait. Du balayeur de rue au commis de l’Etat en passant par les acteurs du secteur privé, chacun doit travailler et bien travailler. Il n’y a pas de petite contribution dans le processus d’édification de la nation, il n’y a que de petits esprits aux malins desseins malsains. La fourmilière est l’œuvre titanesque de milliers de fourmis fières qui ont compris que même dans la discrétion, la motte de terre ou la pierre de chacun compte pour l’édifice commune. Mais comment faire en sorte que le Burkinabè retrouve ces réflexes de l’engagement patriotique et de la participation citoyenne d’antan ? Il faut que chaque responsable retrousse les manches et descende dans la boue de l’ouvrage pour donner les premiers coups de pelle ou de pioche.

Il faut que l’autorité elle-même soit une source d’inspiration, parce qu’étant le premier vecteur et agent de développement par son exemplarité dans l’action. Il faut que chaque Burkinabè soit un acteur de changement positif dans son quartier, dans sa ville. Et les médias doivent accompagner cette nouvelle dynamique à travers des productions qui sensibilisent et mettent en valeur les meilleurs cas d’école. Il faudra que chacun quitte sa petite zone de confort pour aller au charbon, pour aller en campagne contre l’incivisme et prôner l’engagement patriotique. Enfin, il faudra qu’au sommet de l’Etat, la gestion de la chose publique soit une œuvre sacrée dénuée de tout excès, de toute forme de mal gouvernance. Parce qu’on ne peut véritablement exiger du peuple que ce dont on est capable d’imposer à soi-même. Si c’est cela la Révolution progressiste, en avant et vive le Faso à jamais !

Clément ZONGO
clmentzongo^yahoo.fr

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