Afrique du Sud : la fin de la suprématie de l’ANC ?

Des élections générales se sont tenues, hier mercredi 29 mai 2024, en Afrique du Sud. Plus de 27 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir les députés, censés élire le président de la République et les conseillers régionaux. Ce jour de vote s’est relativement bien passé et il reste à voir les résultats pour tirer tous les enseignements de ces élections. D’ores et déjà, ce double scrutin revêt un enjeu capital pour le Congrès national africain (ANC), qui n’a plus son lustre d’antan. Ce parti historique et dominant va-t-il perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale ?

Les sondages d’avant élection l’ont prédit, même si le dernier mot revient aux électeurs, qui ne sont pas toujours faciles à cerner. Dans un sondage, initié par le groupe de réflexion sud-africain, Social Research Fondation et actualisé la veille des élections, les intentions de vote pour l’ANC étaient comprises entre 42 et 45 %. Cette situation indique une légère remontée du parti de feu Nelson Mandela, puisque les sondages d’opinion publiés, en mars et en avril dernier, faisaient ressortir un soutien d’environ 39% et 40% à l’ANC. S’ils ne sont pas des paroles d’évangile, les sondages reflètent un certain désamour des sud-africains vis-à-vis de l’ANC.

Les prévisions des sondages laissent entrevoir la possibilité, que ce géant parti perde la majorité absolue au Parlement pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, il y a trois décennies. Ce scénario, s’il venait à se produire, équivaudrait à un tournant décisif dans l’ère postapartheid. Si au sortir de ces élections, l’ANC enregistrait un résultat inférieur à 50 %, il sera obligé de faire bon ménage avec d’autres formations politiques. A la vérité, l’ANC est mal en point face à la montée en puissance dans l’opinion du plus grand parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA).

Le parti de la libération ne fait plus rêver apparemment et il ne peut en vouloir qu’à lui-même. En plus des scandales de corruption qui éclaboussent régulièrement ses dirigeants, faisant planer le doute sur leur intégrité, l’ANC est miné par des divisions internes. L’ancien chef de l’Etat, Jacob Zuma, est totalement entré en dissidence contre l’ANC, créant son propre parti, dans l’intention de briguer la magistrature suprême. Il s’est vu malheureusement barrer la route par la Cour constitutionnelle. Qui plus est, l’ANC ne donne plus vraiment l’impression d’être à la hauteur des défis du moment. De plus en plus de Sud-africains ne font plus confiance aux dirigeants et cadres de l’ANC pour combattre efficacement la criminalité, la corruption et apporter des solutions à d’autres problèmes comme le chômage et les délestages. Dans un ultime discours avant le jour du vote, le président Cyril Ramaphosa, avec l’optimisme légendaire qu’on lui connait, a vanté son bilan pour sauver l’ANC, mais encore faut-il que cet exercice fasse de l’effet. On est suspendu au verdict des urnes, qui nous donnera une idée.

Kader Patrick KARANTAO karantaokader@gmail.com

Laisser un commentaire