
L’Alliance pour la souveraineté Alimentaire en Afrique (AFSA) organise le premier sommet de mille jeunes africains sur les systèmes alimentaires et l’agroécologie sous le thème : « la jeunesse africaine montre les opportunités agroécologiques pour s’adapter à la crise climatique », du 14 au 16 octobre, à Addis Abeba, en Ethiopie. Cette rencontre continentale vise à donner aux jeunes du continent les moyens d’innover, de partager des solutions pour créer des systèmes alimentaires résilients au climat.
A travers l’agroécologie, la jeunesse africaine dispose de ressources pour façonner l’avenir des systèmes alimentaires du continent, tout en lui donnant les moyens de faire face aux effets du changement climatique. Fort de cette conviction et dans l’optique d’offrir à cette frange de la population une tribune pour se pencher sur les bonnes stratégies mais aussi pour interpeller les gouvernants, l’Alliance pour la souveraineté Alimentaire en Afrique (AFSA) organise le premier sommet de mille jeunes africains sur les systèmes alimentaires et l’agroécologie, du 14 au 16 octobre, à Addis Abeba, en Ethiopie. Plus de 200 jeunes en présentielle et plus de 1 000 en ligne, venus de toute l’Afrique, prennent part à cette rencontre continentale placée sous le thème : « la jeunesse africaine montre les opportunités agroécologiques pour s’adapter à la crise climatique ».

Selon le coordinateur général de l’AFSA, Dr Million Belay, ces trois jours vont servir de cadre pour débattre de plusieurs thématiques comme le lien entre conflits et réduction des opportunités économiques des jeunes africains, l’accès et le contrôle de la technologie, l’agroécologie, les marchés territoriaux, les opportunités qu’offre l’entrepreneuriat agroécologique.
Dans son mot de bienvenue, la jeune militante éthiopienne de l’agroécologie, Lensa Girma, a indiqué que cette plateforme constitue un mouvement voulu par des jeunes africains qui se battent pour que le changement au sein de leur continent. Ces 72 heures de travaux vont permettre à cette jeunesse de dialoguer, de partager les expériences, de coopérer et d’explorer le potentiel de l’agroécologie au service des systèmes alimentaires durables en Afrique. « Nous sommes ceux qui doivent engendrer le changement dont l’Afrique a besoin, et ce pour un avenir viable de notre continent », a-t-elle soutenu. La coordonnatrice de la plateforme jeunesse de l’AFSA, Joyce Brun, par ailleurs directrice des programmes de la Fondation Health of Mother Earth, s’est réjouie de voir des jeunes enthousiastes, dynamiques du continent prendre part à ce sommet, premier du genre.
Le futur de l’Afrique réside dans l’agroécologie

« Nous avons cette vision qui est de voir notre poids et notre expertise retentir ici et au plan international. L’agroécologie est un système durable qui offre d’énormes opportunités aux jeunes tant sur le plan de la production bio, de la transformation, que de la recherche-action, de la distribution, et bien d’autres domaines », a-t-elle confié. La jeunesse a des solutions à promouvoir et en tant que partie prenante de la souveraineté alimentaire du continent, elle doit se pencher sur les moyens qui lui permettent d’agir pour impacter positivement les communautés locales et de protéger l’environnement, a poursuivi Joyce Brun. Elle ne doute pas que le futur de l’Afrique réside dans l’agroécologie et il appartient à la jeunesse de prendre ses responsabilités par rapport à cet avenir. Car, l’agroécologie offre des revenus aux jeunes, des systèmes alimentaires durables et sains au continent et lui permet de réduire son emprunte carbone, de préserver la biodiversité. « Nous espérons que nos différents gouvernements mettront en place des structures et les politiques nécessaires, en termes d’accès aux financements, au foncier, à l’eau, afin de permettre aux jeunes de s’impliquer dans la promotion de l’agroécologie », a-t-elle insisté.
Le représentant du Conseil d’administration de AFSA, le Dr Fassil Gebeyehu, et coordinateur général du Réseau africain pour la biodiversité, a exhorté la jeunesse africaine à s’approprier les systèmes alimentaires du continent. Pour lui, l’Afrique est une terre d’abondance, d’avenir ; malheureusement son agriculture est contrariée par des défis climatiques, des pratiques agricoles non viables impulsées et entretenues par les firmes multinationales. A la question de comment nourrir l’Afrique de façon juste, résiliente et durable, il dira que la réponse réside dans l’agroécologie, qui n’est pas seulement une simple pratique agricole mais aussi et surtout une façon de vivre, un moyen de protection de l’environnement, de préservation de la biodiversité. Elle a également l’avantage de permettre de préserver les intérêts des peuples africains. Acteurs de l’innovation, détenteurs d’entreprises variées, les jeunes ont l’enthousiasme, l’énergie et les moyens d’agir pour impacter des systèmes alimentaires africains et façonner l’avenir du continent, a souligné Mr Gebeyehu. Déconstruire le narratif d’une Afrique incapable

Million Belay a fait savoir que depuis 2008 l’AFSA travaille à aider le continent à tracer sa propre voie de développement sans influences extérieures, à déconstruire le narratif d’une Afrique incapable de produire sans intrants chimiques, mais aussi à interpeller sur l’érosion des cultures africaines. Et le combat pour la promotion de l’agriculture durable et de la souveraineté alimentaire est au centre de ses actions. « La souveraineté alimentaire est d’abord le droit de contrôler notre alimentation et cela commence par le contrôle de la production ; chaque communauté, chaque nation doit contrôler la production, la distribution et la consommation de son alimentation. 70% de la nourriture dans les pays africains proviennent de l’extérieur », a-t-il souligné. Cette souveraineté alimentaire passe aussi par le droit à une production alimentaire durable, ancrée sur les cultures endogènes, l’équité alimentaire, la protection des semences africaines, la justice sociale et environnementale, la protection de la biodiversité. Et d’ajouter qu’il y a un lien entre tous ces défis et la jeunesse africaine.

La ministre de la Planification et du Développement d’Ethiopie, H.E Fitsum Assefa, s’est également réjouie de la tenue de ce somment sur une problématique importante qui est comment débloquer des opportunités économiques durables en Afrique, en particulier pour les jeunes, et favoriser l’entrepreneuriat. Elle a appelé déconstruire les stéréotypes mais aussi à lever les contraintes réelles qui empêchent les jeunes africains d’investir dans l’agriculture. Certes la jeunesse peut manquer de financement ou d’infrastructures suffisantes, mais elle ne doit perdre de vue le potentiel dont elle dispose, à savoir la créativité, l’énergie et la détermination, a-t-elle fait remarquer.
L’ouverture du sommet a enfin servi de tribune pour le chargé de programme à l’AFSA, Simon Bukenya, de lancer le livre sur les récits d’expériences des jeunes africains dans l’agroécologie. Un livre qui met en lumière les pratiques agroécologiques réussies dans toute l’Afrique, les recommandations politiques pour développer l’agroécologie et le rôle des jeunes et des femmes dans la transformation agroécologique. Ce document, a soutenu Mr Bukenya, représente une étape importante dans le cheminement vers la promotion de l’agroécologie en tant qu’approche vitale pour une agriculture et des systèmes alimentaires durables en Afrique. « L’Agenda 2063 de l’Union africaine et la Déclaration de Malabo reconnaissent l’agroécologie comme un moteur clé de l’agriculture durable et de la sécurité alimentaire. Ce livre contribue à la mise en œuvre de ces politiques », a-t-il conclu.
Mahamadi SEBOGO