Après le 15 mai, le cœur de mon voisin balance !

Mon voisin de derrière aussi exagère ! Hier nuit, il a frappé à ma porte à minuit. Il a dû jeter des cailloux sur mon toit pour m’arracher des bras de Morphée. Juste pour me dire en aparté que son cœur balançait depuis la célébration de la Journée des coutumes et des traditions. Je dis voisin, comment ton cœur balance ? Il m’a dit qu’après la cérémonie, il entend des voix dans sa tête et son cœur bat comme un tambour. Quand j’ai mis ma main sur sa poitrine, j’ai effectivement détecté un pool en sprint ; c’est comme si son cœur voulait sortir de sa cage mais pour aller où ?

Question pour un champion ! J’ai dit voisin, du calme, moi aussi j’étais à la cérémonie, mais je ne manifeste pas les mêmes symptômes que toi ! En fait, je ne peux pas tout vous dire mais mon voisin m’a dit en larmoyant qu’il va s’immoler.

Ah là, j’ai sursauté et je l’ai arrêté net ! Je dis voisin, non, tu ne t’immoleras pas chez moi et à pareille heure de la nuit ! Il m’a dit que peu importe le lieu, il va s’immoler pour expier ses fautes et épargner sa descendance des affres de ses égarements. J’ai voulu appeler les pompiers ou la police ; il m’a répliqué que seule l’immolation était sa dernière chance pour avoir les faveurs des dieux. Je dis mon Dieu, voisin donne ta vie à Dieu ! Il m’a regardé avec un air odieux avant de me dire qu’il n’était qu’un lâche. Non voisin, en quoi tu es un lâche ?

Tu es quelqu’un de bien, tu respectes tes voisins, tu participes à la vie du quartier et tu es même un fervent croyant pratiquant ! Il leva les yeux mouillés qui inondaient sa barbe et parla dans sa barbe : « crois-tu vraiment que je crois ?

Et même si je croyais, en qui ou en quoi crois-tu que je crois ? Sais-tu que je porte ma crois depuis des lustres ? Comme pour le rassurer, je dis voisin : chacun a sa croix, moi aussi je porte ma croix et il me lança que sa croix est devenue un chemin. Mon voisin doit regretter quelque chose, mais quoi, juste ciel ! En l’écoutant, c’est comme s’il avait perdu quelque chose en lui ou avec quelqu’un. Il parle comme s’il veut se repentir mais de quoi ?

C’est vrai qu’il porte de jolies bagues multicolores aux doigts mais il porte également une croix qui vaut la taille de mon bras, mais quel mal y’a-t-il spirituellement à cela ? Je connais des Burkinabès qui supportent sans se cacher le Barça et les Etalons et les Lions de la Téranga ; il faut quand même avoir un cœur hospitalier et éviter d’être « extrémiste ou radical », enfin… ! S’il y a un Dieu qui a créé le monde dans toute sa diversité physique et spirituelle, pourquoi en vouloir à quelqu’un au point de chercher à le convaincre à bruler sa « ceinture de sécurité » ou son « gilet pare-balle ancestral » qu’il porte fièrement ? En quoi la femme ou l’homme « stérile » a-t-il péché ou fait du mal en demandant avec succès l’aide aux esprits de la rivière, de la montagne ou de la forêt, tous des créations de Dieu et au nom de Dieu ? Les enfants du Dô comme mes amis « Dô » et Dokié ou les enfants de « Dafra » comme ma voisine de classe Dafrasouro, ou les enfants du « Koudougou » comme mon cousin Koudou ou les enfants de « Nagréongo » sont-ils de petits diables malfaisants procréés par Satan ? Quand je pense le concept même de « diable » n’existe pas dans nos traditions, je comprends les balancements du cœur de mon voisin.

On ne parodie pas avec l’Esprit, il faut savoir être qui l’on doit être selon les principes spirituels de l’Être et rester droit dans les sillons des valeurs endogènes. L’institution de la Journée des coutumes et des traditions suscite l’euphorie des adeptes et le courroux des pourfendeurs et autres détracteurs habiles ou subtils de nos coutumes et traditions. Mais de quoi ont-ils peur ? Dans le giron de la spiritualité africaine, il faut éviter la confrontation profane pour canaliser les énergies essentielles qui nourrissent notre sens de la vertu. Il faut que dès le bas âge, le digne enfant africain sache qu’il ne doit pas mentir, voler, tromper, convoiter et haïr, manquer de respect aux ainés, parce qu’étant des péchés contre ses ancêtres et Dieu.

Il faut qu’au-delà de certaines de nos libertés dites démocratiques qui enjambent le devoir pour nous donner le droit, de détourner des fonds publics, de parjurer, de forniquer, de tomber amoureux et coucher avec le camarade de même sexe et avoir le culot de réclamer le droit de convoler en justes noces avec le même quidam de même sexe, il faut qu’au-delà de ces libertinages, nos valeurs spirituelles prennent le dessus sur certaines pratiques nauséeuses du « développement » par l’éducation. C’est dans cette perspective que nous aurons vraiment la foi en quelque chose de bien. Sinon, nous nous confesserons toujours pour retomber toujours dans les mêmes travers ?

Alors, que le président jure sur la terre sacrée du Faso avant de prendre service ; que le mariage traditionnel soit un « sacrement » régis d’abord par la terre et les ancêtres et que le divorce passe également par ces mêmes ancêtres avant toute bénédiction céleste et, allez regarder dans le compteur de l’infidélité et des séparations… En vérité, c’est pour échapper à cette rigidité de certaines valeurs traditionnelles que nous nous sommes refugiés sous la croix ou le croissant lunaire pour prier et crier sans cesse mais sans cesser de nous berner et de trouver des excuses dans de saintes écritures imperméables aux cœurs hérétiques.

Clément ZONGO clmentzongo@yahoo.fr

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