A 13 ans, Joris Baowendneré Nitiéma a décroché le Brevet d’études du premier cycle (BEPC) avec une moyenne de 19/20. Auteur d’un parcours scolaire hors-norme, l’élève du lycée privé catholique Saint Augustin de Koudougou fait la fierté des siens et force l’admiration de ses encadreurs et camarades.
«Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années» ! Cette phrase de Pierre Corneille, dans Le Cid, illustre à souhait le parcours scolaire atypique de Joris Nitiéma. A seulement 13 ans, il vient de décrocher son Brevet d’études du premier cycle (BEPC), avec une moyenne de 19/20. Ce résultat couronne un cursus scolaire précoce. Filiforme, chétif et de petite taille, le natif de Koudougou est le cadet d’une fratrie de trois enfants, de parents évoluant dans le milieu éducatif. Son papa, Mathias Nitiéma, ex-censeur du lycée départemental de Sabou est aujourd’hui maître-assistant à l’Université de Dori. Sa génitrice, Blandine Nitiéma est conseillère pédagogique dans la Circonscription d’éducation de base (CEB) Sabou II. Faute de nourrice pour le garder, Joris va, à l’âge de 4 ans, à l’école primaire de Nibagdo, village situé dans la commune de Sabou. Au cours préparatoire 1re année (CP1), les maîtres ne lui prêtent pas véritablement attention. A domicile, la famille l’encourage à s’exercer régulièrement aux calculs, à l’écriture et à la lecture. A la surprise générale, Joris Nitiéma est classé premier de sa classe, avec une moyenne de 9/10 dès la composition du premier trimestre, confie Mathias Nitiéma. Il passe en classe supérieure avec la même moyenne. Au regard de ses performances, ses géniteurs décident de l’inscrire directement au Cours élémentaire 1re année (CE1). Au premier trimestre, Joris obtient 8/10 de moyenne, juste le temps de s’adapter et franchit les autres classes sans grande difficulté, selon les termes de son géniteur. « Il apprend très vite », confirme sa maman. Son papa le décrit comme un enfant qui aime le travail. Du CP1 au CM2, Joris Nitiéma est toujours classé premier, avec des moyennes comprises entre 8 et 9 sur 10. Au CM2, il a 9 ans. A cet âge, il ne peut prétendre être candidat à l’examen du Certificat d’études primaires (CEP), selon les textes en Rigueur. Sur conseils de ses enseignants, les parents du « petit Joris » adressent une demande d’autorisation de candidature au ministre en charge de l’éducation nationale. Celui-ci, Jean Martin Coulibaly à l’époque, donne un avis favorable. Joris réussit avec brio le CEP et l’entrée en 6e.
Meilleur élève du Centre-Ouest
Orienté au lycée privé catholique Saint Augustin de Koudougou, un établissement conventionné, Joris Nitiéma s’illustre de la meilleure des manières. De la 6e A à la 4e A, il tient le peloton de tête, avec d’excellentes notes ainsi que des moyennes variant entre16 et 19 sur 20. En 3e, au cours de cette année 2019-2020, l’ado finit de convaincre ses parents, camarades de classe et enseignants. Il a 14,37/20 de moyenne au premier trimestre et 16,24/20 au second. De quoi rassurer les siens ! A l’examen, Joris Nitiéma obtient des notes remarquables : 18 en physique-chimie, 19 en Histoire-Géographie, 19,50 en dictée, 18,50 en langue, 20 en Sciences de la vie et de la terre (SVT) et en mathématiques. Ainsi, il est admis au BEPC dès le premier tour, avec 19,00/20. Ce qui le classe au premier rang des élèves brevetés dans la région du Centre-Ouest pour la session 2020. Fervents croyants, les parents analysent les prodiges de leur fils comme une « grâce » qu’ils mettent « au compte du seigneur » tout en traduisant leur reconnaissance aux enseignants. Pour Joris, c’est davantage le fruit d’un travail acharné, d’une attention soutenue pendant le cours et d’une bonne organisation du temps de révision. Après les cours, « je commence à apprendre mes leçons à 19h. Je mange vers 20h et je continue jusqu’à 22h30 ou 23h avant de dormir », explique-t-il. « Petit Joris » confie ne négliger aucune matière. « Si aujourd’hui je fais les matières scientifiques, demain je fais celles littéraires. Ainsi de suite », ajoute-t-il. Son principal loisir est la lecture. Il dit avoir lu plus d’une quinzaine de romans et plusieurs journaux que son géniteur rapporte du bureau. Il n’a jamais eu de maître de maison. En cas de difficultés, l’élève a recours à son frère aîné, Dimitri, à ses géniteurs et souvent à ses enseignants. La suspension des cours, du fait de la COVID-19, a été mise à profit pour apprendre ses leçons, s’exercer et lire dans la journée et se reposer la nuit tombée, soutient l’ado.
Au lycée Saint-Augustin, il suffit de prononcer le nom de l’adolescent pour entendre les éloges à son endroit : « un génie » ; « un as » ; « une étoile » ; « un excellent élève » ; « un élève polyvalent » ; « quelqu’un de consciencieux » ;
« c’est no comment ! ». Amis, camarades de classe, enseignants… sont tous unanimes sur les performances du « petit Joris », comme on l’appelle affectueusement. Yacouba Bado, 18 ans, l’autre crack de la classe est tout aussi admiratif. « J’ai fait la 6e B et lui, la 6e A. Nous étions les meilleurs de nos classes respectives. Comme le lycée a une seule classe de 3e, nous nous sommes retrouvés dans la même salle. Il est très fort », admet, celui qui a réussi son BEPC avec 16,97/20.
« Une étoile qui va briller »
L’une des admiratrices de Joris est Stella Nadège Yaméogo, amie et camarade de classe. Depuis la classe de 6e, les deux ados cheminent ensemble. Elle voit en lui un élève sérieux, calme et travailleur, toujours disponible pour les autres et qui n’hésite pas non plus à solliciter leur aide. Justin Bakouan, son professeur de français en 4e et 3e, le présente comme la « bouée de sauvetage » de ses camarades, celui qui répond aux questions quand toute la classe est muette. « Il a toujours la bonne réponse. C’est un élève hors-pair, c’est le moins âgé et le plus intelligent. Il est excellent. C’est un talent tout fait », commente M. Bakouan, fier de son élève. Polyvalent, Joris a également conquis le cœur de son professeur de mathématiques. Depuis la 6e, Germain Djibila suit de près cet élève amoureux des maths. « Il n’a jamais eu une note inférieure à 15. Il n’a pas de concurrent », assure-t-il. Pour M. Djibila, Joris Nitiéma est un élève assidu, rigoureux, concentré et participatif, mais « un peu timide ». Le professeur de maths souligne que l’élève n’a jamais fait l’objet de sanction et que son nom ne figure sur aucun cahier d’absence. Tous ses enseignants reconnaissent en lui « une étoile qui va certainement briller». C’est aussi le souhait du proviseur du lycée Saint-Augustin de Koudougou, Dieudonné Badoma : « l’Etat doit s’occuper des étoiles comme Joris pour qu’ils servent la nation. Ce sont des pépites, il faut en prendre soin ». En attendant que les autorités donnent suite à cet appel, les géniteurs envisagent inscrire l’étoile dans une école ayant un programme international. Joris, pour sa part, nourrit le secret espoir d’étudier la médecine afin, confie-t-il, de « chercher les remèdes contre les maladies ». Mais en attendant, il s’adonne à son passe-temps favori… bouquiner !
Djakaridia SIRIBIE
dsiribie15@gmail.com
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100% au BEPC
Joris Nitiéma est, aujourd’hui, le porte-flambeau d’un établissement qui a obtenu un taux de 100% au BEPC, ces trois dernières années. Pour la présente session, le lycée privé Saint-Augustin a présenté 44 élèves, 43 ont décroché le précieux sésame dès le 1er tour. L’unique candidat au second tour a également réussi. « Notre secret, c’est le travail, l’ordre et la discipline », explique le proviseur Dieudonné Badoma. La crise sanitaire du fait de la COVID-19, les grèves n’ont pas eu raison de la détermination des apprenants et de l’engagement des enseignants.
D. S.