Insécurité dans le Gourma : le cri du cœur des habitants de Tanwalbougou

Des habitants de Tanwalbougou, des villages voisins et des hameaux de culture ont rallié Fada N’Gourma, le mardi 26 mai 2020, pour manifester leur ras-le-bol en raison de l’insécurité qui prévaut dans leurs zones. Ils en appellent à l’aide à travers un message écrit adressé au gouverneur de la région de l’Est et souhaitent toute la transparence dans l’enquête sur l’affaire des douze présumés terroristes morts à Tanwalbougou.

Narguées au quotidien par des groupes terroristes, des populations de Tanwalbougou, des villages voisins et des hameaux de culture, localités situées dans la province du Gourma, en ont ras-le-bol. Estimées à des milliers, elles ont fait le déplacement de Fada N’Gourma, le mardi 26 mai 2020, pour demander au gouverneur de la région de l’Est, le colonel Saïdou Toussaint Prosper Sanou, de leur porter secours. Ce cri du cœur, consigné dans un document qui porte la signature du chef coutumier de Tanwalbougou, a été remis, hier, à l’autorité régionale. Ainsi, comme doléances, les manifestants appellent au renforcement de l’équipement, mais aussi de l’effectif de la gendarmerie de Tanwalbougou. De plus, ils sollicitent, non seulement, une augmentation du nombre de volontaires, engagés dans la lutte contre le terrorisme, mais surtout, une formation qualitative et adéquate de ces jeunes afin de leur permettre de jouer pleinement leur partition. Les manifestants ont évoqué, également, dans leur document, l’affaire des douze présumés terroristes morts à Tanwalbougou. Ils souhaitent, notamment, que l’enquête sur cette affaire se fasse « dans des conditions légales et transparentes ». A ce sujet, un manifestant ayant requis l’anonymat, réfute l’hypothèse de la stigmatisation, avancée par certaines organisations associatives.

Selon le messager du chef coutumier de Tanwalbougou, Hamadou Kaboré, l’autorité coutumière a émis le vœu selon lequel il faut impérativement renforcer la gendarmerie de son village. « Nous ne voulons pas qu’un seul membre de notre gendarmerie soit affecté. Car, vu le travail que les éléments abattent, la population les apprécie », a-t-il cité.

Des assassinats ciblés, du pillage du bétail

Par ailleurs, dans son message adressé au gouverneur de l’Est, le chef coutumier a dépeint l’insécurité grandissante dans sa zone. Selon lui, la brigade de gendarmerie de la localité a été la cible d’individus armés, à quatre reprises. La dernière attaque en date a été perpétrée le 13 mai 2020 et repoussée par les Forces de l’ordre et de sécurité (FDS). L’autorité coutumière a renchéri : « l’axe Burkina-Niger est occupé par des groupes armés qui recherchent des ressortissants de Tanwalbougou ». D’après lui, à ce jour, plus de vingt personnes, nommément citées, ont été assassinées par ces mêmes groupes.
En plus des assassinats ciblés, le chef de Tanwalbougou a notifié que plusieurs personnes ont été « kidnappées et portées disparues » avant d’ajouter que les groupes armées s’adonnent aussi au pillage du bétail. « Plus de 700 têtes de bœufs ont été dissipées. Quant aux petits ruminants, nous estimons à plus de 800 têtes emportées », a-t-il précisé. A entendre le messager Hamadou Kaboré, il est impossible d’aller et de venir en toute quiétude à Tanwalbougou. Pour preuve, a-t-il avancé, plus de 60 charrettes transportant des vivres, du matériel et du bois de chauffe ont été retirées de force et mises à feu. Quant aux conducteurs de ces charrettes, des femmes et des enfants, notamment, M. Kaboré a confié qu’ils sont torturés avant d’être libérées.

« Aucun habitant de Tanwalbougou ne peut encore sortir du village pour chercher du bois de chauffe ou une bête perdue. Tous ceux qui l’ont fait, aucun n’est revenu. Les petits villages et hameaux de culture de Tanwalbougou sont déserts, aujourd’hui », a-t-il décrit. Il a ajouté que des habitants ont fui l’insécurité laissant des greniers pleins de vivres à la merci des terroristes qui font la loi dans la zone. Pis, Hamadou Kaboré a indiqué que les populations ne savent pas à quel saint se vouer. Car, a-t-il expliqué, l’incertitude plane sur la saison hivernale en cours dans la zone. « Nous sommes inquiets. Les terroristes disent que personne ne produira cette année », a-t-il soutenu. Le gouverneur de la région de l’Est, le colonel Saïdou Toussaint Prosper Sanou, a promis de transmettre le message à qui de droit pour suite à donner.

Sidgomdé

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