Admis dès le Concile de Trente, au XVIe siècle, comme couleurs liturgiques, déjà en usage auparavant, c’est au XIXe siècle que celles-ci ont été définitivement codifiées. Il s’agit du blanc, du rouge, du vert, du violet, du noir, couleurs signifiantes qui expriment la fête, la passion, l’espérance, la pénitence, le deuil. Dans le cadre du carême, nous nous intéressons au violent, comme couleur de conversion et de pénitence.
Au plan profane, on constate bien que dans la vie courante, le vêtement est souvent moins important par lui-même que la situation dans laquelle on le porte. A tel point que pour certaines invitations, l’on va jusqu’à préciser la tenue souhaitée : « tenue de ville » ou « tenue de soirée exigée ». L’une des fonctions du vêtement est d’assurer un rôle social : blouse de médecin ou de sage-femme, toge de magistrat ou autre. Au plan religieux, la tenue vestimentaire importe beaucoup. Chez les catholiques, la liturgie comporte une variété de vêtements dont les couleurs et l’utilisation obéissent à des normes précises, en fonction de ce qu’ils signifient à tel ou tel moment donné. C’est dire que le ministre du culte ne choisit pas les couleurs en fonction de son humeur du moment, mais du rappel de la présence du Christ.
Le violet en liturgie
Dans la liturgie, le violet est la couleur des temps de pénitence, de préparation du cœur pour une fête ; de demande de pardon pour les péchés. Il est utilisé pour le temps de l’Avent préparant à Noël et pendant le temps de carême qui prépare à Pâques, fête par excellence des chrétiens. Il est aussi utilisé pour les confessions ainsi que pour les funérailles. La couleur violette comme insigne de pénitence, a été définie au XIIIe siècle par le pape Innocent III. Mais pourquoi ? En fait, lorsque l’on cherche à connaître le sens du violet, il n’est pas rare que l’on cite cet extrait de Eugène Vandeur qui opère un rapprochement fortuit avec la couleur pourpre : « Le violet, dont les reflets chatoyants et sombres saturent les yeux, était regardé dans l’antiquité comme la couleur, significative de la royauté, de la puissance, des hautes dignités, de la richesse. L’Église a transposé plutôt que renversé ce symbolisme, en l’appliquant à la pénitence, à la prière, dans l’affliction, à l’humiliation ; n’est-ce pas là en effet ce qui nous enrichit et nous élève ? ». Mais en fait il faut y voir plus, et ce, à partir de la nature même du violet. C’est une couleur qui s’obtient en mélangeant à part égale du rouge, symbole du sang et de l’amour et du bleu, couleur de la divinité et de la vie éternelle. Le violet symbolise donc le fait que la mort et la vie ne sont pas une impasse définitive mais un passage de la mort vers la vie, du péché vers la réconciliation. C’est pourquoi lors du troisième dimanche de l’Avent appelé dimanche du gaudete : réjouissez-vous et lors du quatrième dimanche de carême, qu’on appelle laetare, exultez de joie, la liturgie prévoit que l’on célèbre la messe avec la couleur rose pour ainsi faire écho à la joie de Noël ou de Pâques qui se profile à l’horizon.
Pourquoi les évêques sont en violet ?
« Historiquement, le violet désigne l’autorité de l’Eglise. C’est la couleur épiscopale au sein de l’Église. Dans la symbolique des couleurs, ce mélange de rouge et de bleu signifie amour et vérité, couleur de l’alliance du Seigneur et de l’Église. Mais il n’est devenu que tardivement la couleur des évêques, car c’est aussi le symbole de la tempérance, l’une des quatre vertus cardinales sur lesquelles repose la vie morale de l’Église, d’où le choix de cette couleur pour les prélats. Le violet épiscopal, cependant, tire un peu sur le rouge, à la différence de celui des ornements liturgiques, qui est plus clair». A côté du rouge épiscopal, existent : le noir comme couleur presbytéral, le rouge, couleur des cardinaux et le blanc que porte le pape. Mais vous verrez sous nos tropiques, les prêtres généralement en soutane blanche. C’est pour des raisons pratiques, étant donné que la couleur noire capte beaucoup de chaleur. Dans la gamme des couleurs liturgiques en usage :
– Le blanc symbolise la joie et la pureté dérivant de la Foi. Cette couleur liturgique symbolise également la résurrection et l’immortalité et est donc portée au cours du Temps Pascal (Pâques), à Noël (Nativité), durant l’Épiphanie, la Toussaint, la fête du Saint-Sacrement mais aussi durant les baptêmes et les mariages.
– Le rouge représente le sang versé par le Christ et symbolise donc la Passion. Il représente également l’amour divin et le feu. Par conséquent, cette couleur est utilisée pendant la fête des Martyrs ou lors la Passion mais aussi le Vendredi Saint, les Fêtes de la Saint-Jean, les fêtes de la Croix et le jour de la Pentecôte.
– Le vert est porté durant les temps ordinaires pour la célébration des offices dominicaux. Il symbolise la Création, la nature, la charité, la régénérescence et la justice. Il est également porté lors de la période qui s’étend du troisième dimanche de Pentecôte jusqu’à l’Avent (première partie du temps ordinaire) et aussi durant le temps qui succède à l’Épiphanie jusqu’au jour qui précède le Mercredi des Cendres.
– D’autres couleurs font également partie de ce registre mais sont portées à de plus rares occasions. Le noir, qui était initialement la couleur du deuil, symbolisant aussi le combat de l’Église contre les ténèbres, était porté lors des cérémonies mortuaires. Son usage s’est considérablement raréfié après le Concile Vatican II au profit du violet. Le bleu est porté parfois lors des célébrations mariales, l’or et l’argent peuvent remplacer le rouge et le blanc. En tous les cas, les habits liturgiques rappellent que le prêtre officiant, est à l’autel au nom de quelqu’un d’autre que lui : le Christ. C’est pourquoi on dit qu’il agit in persona Christi.
Abbé Paul DAH